Trois pharmaciens s’associent pour racheter la pharmacie de Laloubère et…la fermer !!!
Au 1er février 2024, la commune n’aura plus de pharmacie !
Ce mercredi matin, Patrick Vignes, maire de Laloubère, accompagné de 3 élus du conseil municipal, a tenu une conférence de presse qui va avoir un retentissement dans cette sympathique cité de l’agglomération tarbaise.
En préambule, le premier magistrat a rappelé que depuis 2008, date de sa première élection, avec son équipe il s’était efforcé de développer à l’arrière du Géant Casino un site consacré à la santé. Aujourd’hui cela se traduit par de bons résultats puisque une clinique ophtalmologique a vu le jour, les patients venant souvent de très loin. Un opticien s’est également installé. « Le site est réservé à l’habitat inclusif, explique Patrick Vignes. Il y aura 3 bâtiments pour accueillir 26 à 28 logements destinés à des personnes handicapées moteurs. Un premier bâtiment pour les handicapés de la vie avec de la domotique et des moyens modernes qui en fera un site pilote. 26 logements accueilleront des travailleurs handicapés qui n’ont plus de famille et ensuite 26 à 28 logements pour des personnes âgées non dépendantes, encore autonomes dont le logement personnel n’est pas facilement adaptable.Il doit y avoir également le Réseau Santé qui va restructurer tous ses moyens et les concentrer à cet endroit. Tout cela est générateur de flux. Nous faisons beaucoup d’efforts pour s’en tenir à cette stratégie. À l’heure du ZAN, c’est un très bon exemple ».
Et Patrick Vignes d’entrer dans le vif du sujet : « Avant le Covid, la pharmacie de Laloubère a été reprise par un professionnel dont l’épouse détenait déjà une pharmacie à Séméac. Depuis son installation, on a aidé le pharmacien de Laloubère de telle sorte à répondre à son souhait qui était de transférer la pharmacie qui se trouvait à l’intérieur de Géant Casino au droit de la clinique ophtalmologique. Nous lui avons délivré un permis de construire. Il devait attaquer les travaux. À la fin du 1er semestre, le pharmacien de Laloubère a perdu son épouse et s’est trouvé dans l’obligation soit de recruter un pharmacien soit de vendre une pharmacie, un pharmacien ne pouvant détenir deux pharmacies. Il a donc mis sa pharmacie en vente, j’ai reçu des personnes intéressées par le rachat jusqu’au moment où ils ont eu connaissance d’un recours qui avait été déposé par trois autres pharmaciens (d’Odos, Soues et Tarbes) contre le transfert de la pharmacie. À l’époque, au mois de septembre, on ne connaissait pas encore le devenir de Géant Casino. Aujourd’hui on y voit un peu plus clair même s’il faut attendre mi-février pour savoir si le groupe Auchan reprend cette enseigne. Donc plus d’acheteur pour la pharmacie de Laloubère. Mi-novembre, Le pharmacien de Laloubère m’appelle pour m’annoncer qu’il avait signé un sous seing pour vendre sa pharmacie, ajoutant que cet achat serait suivi de… la fermeture de la pharmacie. Et d’expliquer que les pharmaciens qui avaient exercé le recours lui avaient fait une proposition de rachat (500 000 euros) mais pour la fermer. Je n’en revenais pas, j’ai donc appelé les services de la préfecture, soulignant que ma commune qui a moins de 2500 habitants ne pourrait pas faire venir une autre pharmacie. Devant signer des documents pour la vente j’ai demandé comment allait-on m’accompagner. N’ayant pas obtenu de réponse de la préfecture et ayant appris par le pharmacien de Laloubère que la licence serait restituée à l’ARS, j’ai demandé à l’autorité préfectorale d’accompagner la commune qui s’oppose et s’opposera énergiquement à cette manœuvre en vérifiant la légalité d’une telle opération auprès de l’ARS et de m’indiquer la marche à suivre au moment où nous serons en mairie destinataires par les notaires des documents concernant la transaction. Et d’insister que la présence d’une pharmacie, d’ailleurs historique sur la commune, s’inscrit pleinement dans la stratégie volontariste non seulement du maintien de notre pôle commercial avec la création sur notre territoire de flux nouveaux mais également et surtout en faveur d’une population bien plus large que celle du village en matière de santé et d’accès aux soins » . Comme réponse, Patrick Vignes a eu droit à un message téléphonique lui indiquant que ça allait être compliqué et que la marge de manœuvre était quasi nulle, l’ARS ayant donné un avis favorable au rachat par les trois pharmaciens. Dans un dernier courrier adressé par Didier Jaffre, directeur général de l’ARS, au maire Patrick Vignes, il est notamment écrit : :
“Vous avez appelé mon attention sur la fermeture prochaine de la pharmacie de Monsieur Langinier sur votre commune. J’entends votre inquiétude sur cette perspective qui impacte le projet que vous avez soutenu dans l’intérêt de vos administrés.
Néanmoins, l’ARS, compétente en matière de gestion des licences pharmaceutiques, a des leviers d’action limités s’agissant des transactions dont elles font l’objet.
La légalité du rendu de licence par Monsieur Langinier est décrite dans le code de la santé publique. A cet égard, l’ARS ne rend qu’un avis consultatif, ainsi et même si celui-ci était défavorable, la pharmacie étant une activité commerciale et libérale, le titulaire peut fermer définitivement son officine. (...)
La suite, on peut l’écouter sur la vidéo ci-dessous. En conclusion, les élus de Laloubère tiennent à faire savoir aux populations qu’ils se sont battus comme des chiens, qu’ils n’ont reçu aucun appui, dénonçant l’impuissance de l’Etat et de ses outils