Une relation apaisée et sereine avec ses enfants, c’est possible ?

Quel parent, au-delà de l’amour inconditionnel que nous portons à nos enfants, ne s’est pas un jour retrouvé démuni, perdu, épuisé ou complètement déboussolé face à sa parentalité et aux défis de l’éducation ? Car élever des enfants peut parfois se révéler être une vraie mission ! Pourtant, les enfants n’ont aucunement l’intention de nous rendre la tâche difficile, bien au contraire. Mais alors pourquoi rencontrons-nous des difficultés avec nos enfants ? Comment y faire face ? Sont-elles une fatalité ou existe-t-il des moyens d’élever ses enfants dans un climat plus serein et apaisé ?
Nous avons rencontré Chloé Ségneré, fondatrice de Familyologie et coach parentale à Odos, près de Tarbes.

Qu’est-ce que le coaching parental et à quoi sert-il ?
Le coaching parental est un accompagnement qui permet aux parents de mieux comprendre et mieux décrypter le comportement de leurs enfants.
On sait aujourd’hui que derrière chaque comportement difficile, il y a une cause positive, une raison bien valable. Les enfants ne sont pas volontairement difficiles, c’est même complètement l’inverse. Ils ont ce besoin fondamental de se faire aimer, d’être accepté par leurs parents, par leur famille.
Deux raisons principales (dont d’autres découlent) sont à l’origine des difficultés que nous rencontrons avec nos enfants. Premièrement, leur immaturité cérébrale notamment dans sa partie supérieure, siège de l’intelligence très sophistiquée et multifacette qui fait de nous des êtres vivants d’une grande complexité. C’est cette partie du cerveau qui nous permet entre autres de gérer nos émotions, de raisonner, de s’inhiber, d’anticiper, de prendre du recul, de se souvenir d’une tâche dans son intégralité etc. Et plus généralement, c’est dans ce cerveau supérieur que se développe notre intelligence émotionnelle, cognitive, relationnelle, psychosociale, intellectuelle etc. Elle mettra d’ailleurs entre 25 et 27 ans à mûrir pleinement soit environ un tiers de notre vie ! Les enfants ont donc inexorablement des compétences très différentes des nôtres puisque leur cerveau est bien moins développé que chez l’adulte et qu’ils ont tout à apprendre, eux qui naissent avec un cerveau vierge et tout neuf. C’est pour cela que nous avons parfois tant de mal à nous comprendre et c’est là toute la subtilité ! Les enfants, faute d’avoir les compétences cérébrales leur permettant de bien cerner tout ce qui se passe en eux et autour d’eux, adoptent des comportements par défaut, des comportements qu’ils maîtrisent, parfois très éloignés de la cause à l’origine de ce comportement, bien souvent déguisés et inadaptés. L’idée est de parvenir à décoder le comportement pour en comprendre le message. Et c’est exactement ce en quoi consiste mon travail : permettre aux parents de décrypter la raison qui se cache derrière le comportement et de communiquer dans un langage d’enfants. Une fois le message entendu et la communication, la connexion rétablie, tout devient plus simple.
La deuxième raison n’est pas à attribuer aux enfants eux-mêmes mais plutôt à notre propre histoire. Devenir parent réveille en nous une sorte d’enfant intérieur, qui fait ressortir des émotions et sentiments d’enfance parfois bien enfouis. C’est pour cette raison que face à certains comportements ou certaines réactions de nos enfants (et pas à tous justement), nous sommes excédés, dépassés voire démunis. Nous adoptons alors à notre tour des réactions parfois excessives, alors même que nous aimons nos enfants infiniment et que nous faisons tout pour être bienveillants. C’est aussi le rôle du coach parental d’accompagner le parent qui le souhaite, à mieux comprendre l’origine de ses réactions vives ou inappropriées et parvenir à les atténuer en leur donnant du sens.
Le coaching parental n’est cependant pas une psychothérapie. Si certains parents ressentent le besoin de faire appel à un thérapeute pour les aider à mieux guérir cet « enfant intérieur », le rôle du coach est alors de passer le relai à la personne compétente.

Pour résumer, le coach parental accompagne parents et enfants à mieux se comprendre, à mieux communiquer et ainsi à avoir des relations plus sereines et ce quel que soit l’âge de l’enfant.

Sur quelles techniques se basent cette discipline ?
Le coaching parental s’appuie principalement sur les découvertes en neurosciences ainsi que sur la théorie de l’attachement de John Bowlby. Cette théorie repose sur le fait que les bébés et les enfants ne vivent qu’en relation. Dès leur naissance, les bébés sont « programmés » pour tout faire pour créer un lien avec la ou les personnes qui s’occupent d’eux. Ils ont ce besoin inné de créer un lien d’attachement avec un adulte aimant, présent à leurs côtés, en qui ils ont confiance et qui répond favorablement à leurs besoins, qu’ils soient physiologies, relationnels, émotionnels etc. Face à la réponse du parent ou de l’adulte qui s’occupe d’eux, les enfants créent alors un attachement plus ou moins sécure, qui impacte leur façon d’interagir, de se développer. Les neurosciences quant à elles nous ont permises de mieux comprendre comment le cerveau évolue de la naissance à la fin de la vie et quels facteurs influencent son développement. En outre, des connaissances en communication non violente, en écoute active et en psychologie de l’enfant sont aussi vivement recommandées.

Qui peut aller voir un coach parental ?
N’importe quel parent, n’importe quel adulte qui joue un rôle prépondérant dans la vie de l’enfant ou de l’adolescent, voire qui prend le relai parental. Et c’est d’autant plus vrai quand les parents ne sont plus là, ou pas en mesure de s’occuper de leurs enfants.
Mais ce sont généralement les parents ou à quelques occasions les grands-parents qui font appel à moi.

Quand aller voir un coach parental ?
En règle générale, les parents consultent quand ils ont des difficultés avec leurs enfants et que cela commence à s’inscrire dans le temps et/ou que cela affecte la vie de famille.
Cela peut se traduire par des relations tendues dues à une rupture du dialogue, un manque de coopération de l’enfant, à des difficultés au quotidien en général, à un enfant très colérique, à de l’agressivité à la maison, à l’école, ou lors d’activités extra scolaires, à une grande timidité, des problèmes d’alimentation, des difficultés entre frères et sœurs, un changement de vie important comme une séparation, un déménagement, l’arrivée d’un nouvel enfant, un deuil etc.
La liste est longue et loin d’être exhaustive. Certains parents viennent me voir parce qu’ils ont besoin de parler, d’échanger. Ils se sentent perdus, ont besoin d’une oreille attentive neutre et impartiale. Car le rôle du coach n’est ni de juger ni de conseiller, mais d’accompagner, donner des pistes, guider, proposer. C’est ensuite au(x) parent(s) d’agir en fonction de ce qui semble le plus adapté à son ou ses enfants, ainsi qu’à sa vie de famille.

D’où peuvent venir les difficultés que nous avons avec nos enfants ?
Elles peuvent être multiples. Elles peuvent être dues à un stress, à des émotions non exprimées, à un besoin non satisfait (besoin ne veut pas dire envie !), à un manque de connaissances et/ou de compétences (l’enfant ne sait pas quel est le bon comportement à adopter et/ou comment adopter ce comportement), à une contrariété de l’enfant à laquelle il ne parvient pas à donner de sens, à une imitation, ou bien encore tout simplement à un comportement lié à son âge et donc à son niveau de développement.
Bien souvent, il n’y a pas qu’une mais plusieurs raisons et elles peuvent être plus ou moins éloignées de ce que l’enfant nous montre via son comportement. Tout l’enjeu est de comprendre ce qu’il essaie de nous dire, de lire entre les lignes et non de s’arrêter à ce qu’il nous montre.
Quelle est votre approche ?
Le coaching parental repose sur les principes d’une parentalité plus respectueuse du stade de développement de l’enfant, plus en ligne avec ses compétences. Cette parentalité est communément appelée parentalité positive ou bienveillante. On sait aujourd’hui que cette approche s’avère efficace à court terme ainsi qu’à moyen et long terme. Pourtant depuis quelques années, cette nouvelle parentalité divise autant qu’elle convainc car les interprétations et allégations qui en sont faites sont multiples et il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver. Par exemple, penser qu’un parent « positif » ne doit jamais être en colère, ne doit jamais avoir d’émotions fortes, être d’une patience sans faille, ne met pas de cadre, cède à tout, ne se fait pas respecter etc. Pourtant la parentalité positive n’est ni laxiste ni permissive. Et on peut tout à fait être à cheval sur l’éducation des enfants et être un parent « positif ». Le rôle du coach parental c’est aussi de permettre aux parents qui la pratiquent sans réelle efficacité de s’y retrouver et de trouver leur propre chemin parental.
Personnellement, je lui préfère le terme de parentalité réflexive, que je trouve plus lisible, plus représentatif, plus compréhensible et plus applicable même en cas de crise. Je l’appelle même "parentalité réflexive²".

En quoi cela consiste ?
Ce terme reprend trois concepts et ingrédients fondamentaux à une relation parents/enfants plus apaisée : la création du lien, le reflet et l’accompagnement des émotions de l’enfant et enfin le raisonnement intellectuel.
La parentalité est réflexive quand elle prend la forme de la réflexion, tant au sens du reflet des émotions ou de l’expérience de l’enfant, que dans l’accompagnement du cheminement de pensée, de la réflexion intellectuelle. Et cette méthode une fois bien expliquée, est particulièrement efficace, relativement simple à retenir, permet un champ d’application multiple et surtout elle assure la connexion, le lien avec son enfant ce qui est fondamental. La parentalité, c’est un peu comme pour les télécommunications : si la connexion est rompue, quelle que soit la raison, il n’y a pas d’échange possible !

Quel est votre parcours et comment êtes-vous devenue coach parentale ?
J’ai un parcours relativement atypique. Diplômée d’économie et d’école de commerce, j’ai tout d’abord travaillé près de dix ans à Londres, dans la finance de marchés. Bien qu’évoluant dans un métier que j’appréciais, ce n’était pour autant pas ma vocation. En 2019, une fois rentrée en France et enceinte de mon premier enfant, je décide alors de mettre ma carrière entre parenthèses pour me consacrer pleinement à mon fils. C’est alors que je commence à m’intéresser à la parentalité positive. Je m’aperçois que la comprendre et l’appliquer demande du temps, beaucoup de temps et qu’il est aisé de l’interpréter voire de s’y perdre. Et pourtant, ce sujet me passionne réellement. Apprendre à comprendre son enfant, avoir un mode d’emploi, c’est le rêve de tout parent ! Je décide alors d’en faire mon métier. Dès lors, je passe des mois et des mois à me former. Je deviens coach certifiée en parentalité positive et relationnelle en 2021. En parallèle, je me suis également formée à la Neurobiologie Interpersonnelle auprès du Mindsight Institute de Californie et ai suivi plusieurs formations parentales dispensées entre autres par Isabelle Fiilliozat et le Dr Daniel Siegel.
Je suis également éducatrice Kimochis, un programme américain qui permet aux enfants d’apprendre à mieux gérer leurs émotions et ainsi à développer leur intelligence émotionnelle et sociale et qui lutte en même temps contre l’exclusion et le harcèlement scolaire.

Où exercez-vous et quels services proposez-vous ?

Je fais en sorte de m’adapter à tout ou presque ! Je reçois les parents à domicile mais je propose également des séances par téléphone ou en visio-conférence (via Zoom), dans tout le département mais potentiellement également dans toute la France. J’organise régulièrement des ateliers à thème, en présentiel ou à distance, dont l’atelier « PARENT, de la Préparation à la Transformation », que j’ai créé. C’est un atelier 3-en-1 sur-mesure, qui propose aux parents à la fois d‘apprendre à mieux comprendre leurs propres réactions, mieux décoder les comportements de leurs enfants et favoriser une relation plus sereine, avec plus de lien et de coopération. Chaque séance est précédée d’un entretien gratuit de quinze minutes pour faire connaissance et s’assurer que l’accompagnement est en ligne avec les attentes de chacun. Un compte-rendu récapitulatif est également créé et un suivi téléphonique et/ou par mail est assuré pendant deux semaines après la séance. Le nombre de séances dépend de chaque famille mais généralement deux à trois rencontres minimum sont nécessaires.
J’interviens également directement sur les lieux de travail, tant sous un format de séances individuelles que d’ateliers en groupe. Ces interventions sont à l’initiative des entreprises de toute taille, qui souhaitent permettre à leurs salariés de bénéficier d’un accompagnement parental, pour avoir une vie de famille et donc une vie personnelle plus équilibrée et plus sereine, qui n’ont pas forcément le temps, l’envie ou la possibilité de le faire dans un autre contexte.
Enfin, j’interviens auprès des enfants, dans les écoles, au travers d’ateliers extra-scolaires ou encore de façon individuelle, au travers du programme Kimochis dont je parlais précédemment.

Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter Familyologie via l’adresse email contact@familyologie.com ou visiter le site www.familyologie.com