Les enjeux climatiques dans les Pyrénées : Rencontre avec Jean Salomon, préfet des Hautes-Pyrénées

Jean Salomon, préfet des Hautes-Pyrénées, a visité Météo-France à Tarbes, à l’occasion de la Journée de la Météorologie. Cette rencontre a permis de mettre en lumière l’importance du travail des prévisionnistes dans la compréhension des phénomènes météorologiques et les enjeux climatiques de la région.

Gabrielle Mercklé, directrice du centre, a présenté les missions de Météo-France notamment l’observation et la prévision du temps, l’analyse de l’atmosphère, et le suivi des changements climatiques.

« Météo-France utilise un supercalculateur à Toulouse pour modéliser divers paramètres météorologiques permettant aux prévisionnistes d’élaborer des prévisions précises. Des modèles visuels et des images radar complètent ces outils facilitant l’identification des zones de pluie et des phénomènes atmosphériques.

La prévision en montagne, notamment dans les Pyrénées, est plus complexe en raison des variations rapides de la météo. Météo-France dispose de centres spécialisés avec des équipes dédiées pour assurer une prévision adaptée aux spécificités locales. Les prévisionnistes font face à des défis notamment la prévision des orages et des avalanches qui restent difficiles à évaluer.

Pour anticiper les conditions climatiques du lendemain, les prévisions météorologiques reposent sur des observations en temps réel. Cependant l’évaluation des risques d’avalanches nécessite une analyse plus approfondie, prenant en compte l’historique des conditions depuis le début de la saison hivernale. Les variations climatiques, qu’elles soient froides ou chaudes, elles affectent la structure de la neige accumulée au fil des semaines.

À l’approche du printemps, la fonte des neiges rend la prévision des avalanches encore plus complexe en raison de la variabilité du manteau neigeux. Les bulletins quotidiens sur le risque d’avalanches publiés de novembre à juin identifient les zones à risque et précisent l’orientation des versants ainsi que l’altitude. Actuellement, la limite d’altitude se situe légèrement au-dessus de 2000 mètres où la neige reste sèche mais est susceptible d’être déplacée par des vents forts créant des plaques dangereuses. En dessous de ce seuil, la neige s’est humidifiée provoquant des coulées récemment observées », a expliqué la directrice.

Les plaques à neige représentent un véritable danger pour les randonneurs, skieurs de randonnée et raquettistes. Souvent invisibles à l’œil nu, ces plaques peuvent provoquer des accidents mortels. En effet, lorsqu’un skieur ou un raquettiste passe sur l’une d’elles, il risque de déclencher une avalanche, se retrouvant ainsi piégé au cœur d’un phénomène inéluctable. Contrairement aux avalanches de neige humide qui se déplacent plus lentement mais avec une grande puissance, les avalanches de plaques se déclenchent rapidement, représentant un risque considérable. Actuellement, le risque est évalué à 3 au-dessus de 2200 à 2300 mètres. En France, une trentaine de décès par an sont à déplorer en raison des avalanches, et la majorité d’entre eux sont causés par ces plaques.

 « Météo France dispose aujourd’hui d’outils de prévision de très haute qualité. La montagne est un environnement à haut risque. L’année dernière, nous avons enregistré plus de morts en montagne que sur les routes », souligne le préfet, mettant en lumière l’importance de la prudence en milieu montagnard.

Gabrielle Mercklé, directrice de Météo-France Tarbes, rappelle l’importance de consulter gratuitement le bulletin de risque d’avalanche avant toute excursion en montagne. Elle met en garde contre une évaluation simpliste du risque et insiste sur la nécessité de lire attentivement les critères tels que les types d’avalanches fonte, plaques à vent et les zones les plus à risque.

Avec la fermeture progressive des stations de ski, Météo-France reçoit moins de retours de terrain, notamment des pisteurs ce qui complique l’évaluation des conditions. G. Mercklé appelle donc à la prudence pour tous les amateurs de montagne afin de garantir leur sécurité face aux dangers potentiels.

Nicole Lafourcade