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Débat sur l’Avenir des Hôpitaux des Hautes Pyrénées : l’appel de Christophe Prudhomme , porte parole de l’Association des Médecins Urgentistes de France (Communiqué de l’association de sauvegarde de la santé et des hôpitaux des Hautes Pyrénées )

ALBUM PHOTOS
RÉUNION PUBLIQUE VENDREDI 31 JANVIER 2025 ANIMÉE PAR CHRISTOPHE PRUDHOMME
ET L’ASSOCIATION :
Nous continuerons à intervenir pour une santé publique de proximité à la hauteur des besoins des populations ..... à Tarbes et à Lourdes !
L’association de sauvegarde de la santé et des hôpitaux des Hautes Pyrénées accueillait vendredi 31 janvier le médecin urgentiste Christophe Prudhomme, porte parole de l’Association des Médecins Urgentistes de France et représentant CGT au conseil d’administration de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie.
Cent soixante personnes s’étaient donné rendez-vous à la bourse du travail à l’invitation de l’association pour évoquer les questions de santé publique à l’heure où le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale revient au parlement à la fin de la semaine, et débattre des besoins de santé dans notre département alors que récemment le Préfet, le directeur du centre hospitalier de Bigorre ou les représentants de l’ARS se sont multipliés pour vanter le projet d’hôpital de Lanne.
Dans un premier temps Christophe Prudhomme est revenu sur les fondements de notre système de santé issus du programme du Conseil National de la Résistance et notamment de la création de la Sécurité Sociale qui repose sur un principe : " Chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins".
La sécurité sociale, née dans un pays dévasté par la seconde guerre mondiale, a rempli cette mission, faisant de notre système de santé l’un des plus efficients au monde et l’un des plus égalitaire.
Un système basé sur la cotisation sociale et non sur l’impôt mais qui n’a eu de cesse d’être attaqué à partir du milieu des années 70.
Depuis, les remises en causes de ces principes fondateurs se sont multipliées : exonérations massives de cotisations patronales ( 80 milliards dont près de 10 milliards non compensés en 2024 alors qu’elles doivent l’être intégralement par l’Etat comme le stipule la loi Veil, réformes multiples : numérus clausus pour la formation de médecins nullement remis en cause par Macron, LOI Bachelot Hôpital Santé Territoire, mise en place de la tarification à l’activité ( T2A), recours au système bancaire pour les investissements hospitaliers et l’alourdissement de l’endettement qui s’en est suivi..........
Avec en parallèle la montée en puissance du secteur privé à but lucratif dans le système de santé français.
Sur les 30 dernières années, la logique comptable a été imposée dans la gestion des établissements hospitaliers et du système de santé.
En 30 ans ce sont 125 000 lits d’hospitalisation qui ont été supprimés et ce n’est pas la montée en puissance de l’ambulatoire qui permet de compenser cette saignée.
L’épidémie COVID aura montré de la manière la plus crue et douloureuse l’état des hôpitaux publics du pays.
Mais déjà bien avant, dans les manifestations de soignants au bord de la rupture on pouvait lire un slogan : " L’Etat compte ses sous, bientôt nous compterons nos morts".
Et nous en sommes là : un système de santé où les inégalités d’accès aux soins sur le territoire sont criantes, où les déserts médicaux se multiplient.
Un système où les pertes de chance sont patentes avec des services d’urgence engorgés, fermant la nuit ou des jours entiers pendant l’été......
Un système où le secteur privé se fait une place chaque jour plus grande avec l’assentiment des pouvoirs publics, générant un accroissement des inégalités et une médecine à deux ( voire trois ou quatre) vitesses.
Notre département est une véritable illustration de ces tendances, un hôpital qui a accumulé plus de 90 millions d’euros de déficit, une clinique privée du groupe Elsan ( Elsan est le 1er acteur de l’hospitalisation privée en France et est détenu notamment par le fonds d’investissement Américain KKR et CVC Capital Partners- 6ème fonds d’investissement mondial-) , plus de 15 000 personnes sans médecin traitant, des urgences fermées le soir à Bagnères de Bigorre et un engorgement de celles de Tarbes.....
L’hôpital unique LA SOLUTION ..... Vraiment ?
Face à cette situation, le projet d’hôpital de Lanne en lieu et place de ceux de Tarbes et Lourdes, nous est présenté...... par l’ARS, la direction de l’hôpital, la majorité du conseil départemental et de la communauté d’Agglomération Tarbes Lourdes Pyrénées, le Préfet ...... comme LA SOLUTION avec un maître mot répété inlassablement : l’attractivité que suscitera un hôpital neuf, empêchant de manière quasi "automatique" la fuite des professionnels de santé comme des patients vers d’autres centres hospitaliers.
Notre association n’a cessé de demander un débat public sur un sujet d’une importance qui engage notre département pour les 50 ans à venir .
Plus de 26 000 signatures ont été recueillies demandant le maintien des deux hôpitaux de Lourdes et de Tarbes.
La Commission Nationale du Débat Public est intervenue, trop tardivement d’ailleurs comme le soulignèrent les garants du débat, soulignant dans son rapport de synthèse de nombreuses insuffisances ( notamment en matière financière et sur la question environnementale) et la nécessité d’un examen sérieux des solutions alternatives au projet de Lanne.
Depuis nous avons pu constater....... l’absence de sérieux que les porteurs du projet de Lanne ont apporté à l’étude des solutions alternatives, les balayant quasiment d’un revers de main.
Le Préfet, représentant de l’Etat dans le département s’est récemment exprimé dans la presse en déqualifiant de manière peu digne celles et ceux qui s’opposent au projet en demandant la rénovation des hôpitaux existants, tout comme il a mis en doute le professionnalisme des garants de la CNDP.
Ces propos lui appartiennent.
Pour notre part, nous constatons aujourd’hui que les coûts du projet explosent : 340 millions d’euros au moment de l’ouverture de la consultation CNDP et, au gré d’une interview du 15 janvier 2025, le Préfet annonce une estimation à 400 millions d’euros.
On est en droit de se demander si l’on s’arrêtera là tant des aspects du projet n’avaient pas été pris en compte à leur juste valeur ( réseaux, assainissement,voirie ...).
Cette augmentation de 60 millions d’euros en quelques semaines doit sans doute être un gage........ de sérieux...... alors que durant la concertation les porteurs du projet n’ont jamais daigné répondre aux interrogations sur le montage financier....
De même nous ne savons toujours pas ce que deviendraient les "friches" hospitalières de Tarbes et de Lourdes.
Jamais ils n’ont délivré un plan de financement en bonne et due forme alors qu’ils ont annoncé un premier recours à l’emprunt de 270 millions d’euros.
Ce montant à lui seul donne une idée de ce que sera la charge de remboursement et de la capacité d’autofinancement que l’hôpital devra dégager, sans oublier que le coût réel semble loin d’être maitrisé par des porteurs de projet qui n’ont de cesse de présenter celles et ceux qui questionnent et interrogent comme des irresponsables.
Des fusions d’hôpitaux qui aboutissent à des fiascos :
Christophe Prudhomme a évoqué lors de son intervention le cas de l’hôpital dit médian de Belfort Montbéliard qu’il a qualifié de véritable catastrophe.
Cet hôpital est ainsi celui qu a été contraint de déclencher le plus de plans blancs ces dernières années.
On fait miroiter un hôpital tout neuf, moderne en estimant que les jeunes médecins et professionnels vont se précipiter vers l’établissement, hors il résulte une densification du travail qui fait que les gens ne s’y retrouvent pas.
Qui plus est ce type d’établissement unique avec une première réduction des lits d’hospitalisation fait le pari du recours sans cesse accru à l’ambulatoire, mais il ne faut pas perdre de vue que les patients ne doivent pas habiter trop loin ( hors nous aurons fatalement un éloignement à Lanne pour une partie de la population du département) ne pas être en trop mauvaise santé et être bien entourés.
Cette véritable "obsession" pour l’ambulatoire est en fait dictée essentiellement par des considérations financières qui ne s’avèrent pas, à moyen terme, si économes que l’on veut bien le dire.
Et puis il y a un sujet que les porteurs du projet ne veulent pas aborder : celui de l’endettement et des conséquences du financement par un emprunt qui sera sans doute supérieur à 270 millions d’euros.
Très vite, la nouvelle structure sera "plombée" par la charge financière et en viendra invariablement aux plans d’ajustements synonymes de fermetures de lits à terme.
Christophe Prudhomme évoque à terme le chiffre de 20 % de lits en moins dans ce type d’opérations.
Par ailleurs, la solution d’un hôpital à mi-chemin entre Tarbes et Lourdes en lieu et place des deux existants ne prend pas la mesure de la structure de la population du département ( moyenne d’âge élevée) et du développement des maladies chroniques au delà de 55/60 ans.
Autre exemple d’hôpital construit en lieu et place de deux hôpitaux existants : celui d’Orléans.
Mis en service en 2017, on pouvait entendre à l’époque les propos dans la bouche des officiels identiques à ceux qui sont tenus aujourd’hui dans notre département.
En 2020, un rapport de la Chambre Régionale des Comptes évoquait un projet dont le plan de financement n’était pas stabilisé et dont le coût total avait atteint 930 millions d’euros.
La Chambre Régionale des Comptes de Centre Val de Loire préconisait en 2020 : " un plan de retour à l’équilibre.....considérant que les contractions successives des effectifs et du nombre de lits et places ouverts n’était pas suffisante pour garantir..... l’équilibre financier" .....ajoutant que l’établissement devait ..."réduire sa capacité" et elle critiquait également " l’absence de provision en vue de la déconstruction de l’ancien hôpital de la Source".
Le service d’urgence d’Orléans faisait également la une de la presse en mars 2022.
France 3 titrait : 9 soignants sur 10 en arrêt pour cause d’épuisement......
Une partie de l’équipe paramédicale des urgences en vint à exercer son droit de retrait le 28 mars 2022, pour manifester leur fatigue chronique face à un manque perpétuel de moyens et de personnels......" le personnel paramédical est à bout de souffle et épuisé, sans aucune ressource pour continuer à travailler" pouvait-on lire.
Le directeur du centre hospitalier indiquait : "il n’y a pas assez de personnels, pas que pour les urgences", évoquant notamment la vacance de 90 à 100 postes d’infirmières, non-pourvus par la promotion sortie d’école en 2021, "qui nous a obligés à fermer environ 150 lits". Conséquences : "les urgentistes n’arrivent pas à faire monter leurs patients dans les services de soins" et "au lieu d’avoir 8 ou 10 patients par secteur aux urgences, il peut y en avoir 20 ou 25".
Et pour couronner le tout on faisait le constat de 50 millions d’euros de déficit en 2023 pour cet hôpital flambant neuf.
Alors on nous dira que comparaison n’est pas raison mais on peut également dire, exemples à l’appui, qu’il ne suffit pas de bâtiments et d’équipements neufs pour susciter quasi automatiquement attractivité, bonne santé financière et conditions de travail au beau fixe !
En guise de conclusion : Nous continuerons à intervenir pour une santé publique de proximité à la hauteur des besoins des populations ..... à Tarbes et à Lourdes !
En fait, nous avons dans notre département le résultat des méfaits des politiques de santé depuis des années, un hôpital mis en difficulté par la T2A notamment et qui a sous-investi, rendant les conditions de travail des hospitaliers exécrables.
Mais qui peut raisonnablement dire que nous ne sommes pas en droit de douter de la pertinence du projet de Lanne et que l’urgence ne serait pas à investir dans les hôpitaux existants.
Les élu.e.s locaux du département ne sont-ils pas en droit de questionner un projet dont le coût financier ne cessera de croître , imposant très rapidement une contrainte financière au nouvel établissement qui devra effectuer des "arbitrages" dont on sait à quoi ils conduisent dans de telles situations : réduction du nombre de lits, moins de personnel.
D’ailleurs et de manière assez symptomatique, lors de l’atelier organisé à Lourdes dans le cadre de la CNDP, l’actuel président du comité de surveillance du centre hospitalier de Bigorre, M. Thierry Lavit , maire de Lourdes, n’avait pas pu prendre l’engagement que la fusion des deux hôpitaux se solderait par un surcroît de personnel, pire 1+1 ne feront pas obligatoirement 2.
Hors s’il y a bien quelque chose de primordial et d’essentiel pour le bon fonctionnement d’un établissement hospitalier ce sont bien les MOYENS HUMAINS, le personnel.
Et lorsque la contrainte financière et le désendettement prennent le dessus sur les autres considérations, l’expérience a montré que ce sont les dépenses de personnel ( celles qui mobilisent l’essentiel des dépenses de fonctionnement dans un budget hospitalier) qui sont visées.
Quoiqu’il en soit, et quoiqu’en disent les contempteurs du projet de Lanne, notre association continuera d’agir, de sensibiliser population et élu.e.s locaux, pour faire en sorte qu’une autre logique prévale et que nous préservions nos hôpitaux.
Nous allons demander audience à l’ARS, rencontrer les élu.e.s et user de toutes les voies de droit dont nous disposerons en collaboration avec d’autres acteurs, d’autres associations comme France Nature Environnement.....
Et en disant cela nous ne sommes en rien les partisans d’un quelconque statut quo.
Bien au contraire.
Nous voulons la modernisation urgente des hôpitaux existants et cela se ferait sans doute à un coût inférieur à celui qui est désormais affiché ( sans garantie qu’il s’agisse du coût définitif).
Nous voulons des urgences qui fonctionnent à Lourdes, à Bagnères, à Tarbes et cela ne dépend pas de la construction d’un hôpital neuf à Lanne en 2031 mais bien d’un changement radical de la politique de santé à l’ oeuvre depuis trop d’années dans notre pays.
Rédaction
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