Les réactions après Tarbes - Langon

Du côté langonnais : Lourde déception

Visages fermés, silence mortuaire dans les couloirs et les vestiaires de Langon qui venait pourtant de s’incliner la tête haute sur la pelouse d’un club historique. Preuve que les Langonnais étaient venus, comme annoncé, pour prendre des points face à une équipe tarbaise en plein doute. L’équipe remaniée n’était pas le fait d’une impasse comme à Rouen mais d’une kyrielle de blessures. Autrement Langon pour ce dernier match du Bloc, avec quinze jours de repos derrière, ne se serait pas privé d’envoyer sa meilleure équipe du moment. La philosophie de Christophe Hamacek, c’est de faire tourner son effectif à chaque rencontre tout en privilégiant les matchs à domicile. A Tarbes quinze des vainqueurs de Périgueux étaient dans le Groupe, dont sept avants, contre sept joueurs dont cinq avants, par rapport à Rouen où le staff avait clairement fait l’impasse pour privilégier la réception de Périgueux le week-end suivant.

Sébastien Dimitri : On n’a pas respecté les consignes et la stratégie

L’entraîneur des trois-quarts a lui aussi le masque des mauvais jours. « Forcément on est déçu sur le plan comptable mais c’est plus la façon dont on a géré le match qui nous déçoit. On n’a pas respecté les consignes et la stratégie qu’on avait mis en place et qu’on pense qu’elle aurait peut-être fonctionnée. Au moins, on aurait mis toutes les chances de notre côté sur des choses qui sont très simples. On est déçu sur le plan comptable mais aussi sur ce que l’on a produit en termes de stratégie. J’espère que ça va nous servir pour les prochains matchs car ça peut être important. » D’autant que les Tarbais étaient en plein doute. « On savait que Tarbes est une belle équipe mais qu’elle était en manque de confiance et on voulait en profiter. Mais bravo à eux parce qu’ils n’étaient pas dans une situation facile et ils ont quand même produit un beau rugby qui leur a permis de marquer deux essais et de nous mettre en difficulté. Donc bravo à eux. » Pratiquement vide jusque-là l’infirmerie langonnaise commence à se remplir sérieusement lors du second Bloc. « Tout à fait mais c’est le lot de toutes les équipes. C’est vrai qu’on avait été épargné jusque là mais on arrive sur la fin du deuxième Bloc avec des mecs qui s’entraînent dur et qui bossent à côté et ça commence à piquer. Mine de rien on a la chance d’avoir un effectif conséquent et de qualité qui amène de la concurrence et j’espère que les blessures vont s’arrêter, parce qu’on sort là aussi avec deux ou trois blessés. »

Christophe Hamacek : Au rugby, il faut être intelligent et on ne l’a pas été !

Enfermé longtemps dans les vestiaires avec ses joueurs le Manager esquisse un sourire poli mais on sent qu’il bouillonne intérieurement suite au non-respect des consignes de jeu comme vient de révéler son adjoint. « Sur la stratégie on se trompe complètement et on ne respecte pas les consignes ! Il y a la stratégie et il y a les stratèges. Je suis très, très, en colère parce qu’avec les conditions climatiques de jeu, qu’il y avait en deuxième mi-temps, on joue dans notre camp alors que l’objectif c’était d’occuper le camp adverse et de défendre. Choses qu’on a fait mais par intermittence d’où ma frustration. Cinq joueurs cadres n’étaient pas là et j’aurais aimé que ceux qui prennent leur place montrent qu’ils avaient le niveau et ils ne m’ont pas montré qu’ils avaient le niveau d’intelligence stratégique des joueurs qu’ils remplacent. Au rugby, il faut être intelligent et on ne l’a pas été ! » Les absences de Coria-Marchetti (épaule), Lavenatakoroi (genou), Davetawalu (suspension 3 cartons), Geffré (commotion), trois joueurs expérimentés, ont lourdement pesé à la fois physiquement mais aussi stratégiquement dans un match que Langon avait ciblé. « J’aurais aimé que ceux qui ont joué portent mieux les couleurs du Stade Langonnais. » Si l’entraîneur est frustré de la prestation de ses joueurs, il ne remet pas en cause la victoire tarbaise. « Les Tarbais méritent largement la victoire, ils nous prennent sur les groupés pénétrants, ils ont un dix qui est un très, très, bon animateur. C’est une équipe très joueuse, ils animent, ils ont remonté des ballons et ils ont joué beaucoup mieux que nous, à tous les niveaux. » La frustration vient aussi du fait que les Tarbais eux aussi ont fait des mauvais choix sur le terrain et qu’ils étaient bons à prendre. « Effectivement, on savait que c’était une équipe qui était blessée par une défaite comme celle à Rouen. On savait qu’ils avaient beaucoup de joueurs blessés et qu’il y avait quelque chose à faire. Et juste, en respectant la stratégie, on aurait dû faire beaucoup mieux et là, on repart avec 0 point. Mais c’est de notre faute, on n’a pas été bon. »

Côté tarbais : Soulagement avant tout

Dans un match capital pour le maintien qu’il ne fallait absolument pas perdre, les Tarbais malgré la pression ont assuré l’essentiel : Gagner. De plus Langon, comme Bourg-en-Bresse un autre adversaire direct, est reparti bredouille de Bigorre. Malheureusement la poisse continue avec la blessure de Thébault et les récidives musculaires de Waqaninavatu et de Broca.

Lionel Terré : Soulagé mais pas rassuré

Le Président très en colère après Rouen et très tendu avant la rencontre avait retrouvé le sourire sur la pelouse au milieu des joueurs après le coup de sifflet final. « Soulagé mais pas rassuré, face à une équipe qui a de l’embellie depuis deux trois ans, qui a de la fraîcheur et qui tente des choses. Nous, on doute depuis deux mois mais le potentiel est là. Il faut qu’on se libère et qu’on soit sérieux dans les décisions qu’on doit prendre. On se fout le bordel tout seul… Mais bon on ne va penser qu’aux 4 points de la victoire. » Une victoire qui devrait relancer la dynamique après une série de cinq défaites consécutives. « On espère, car comme je l’ai dit je n’aurais pas accepté la défaite contre Langon. » L’ancien demi-de-mêlée, déjà échaudé, ne veut pas s’enflammer. « Le déclic, c’est dans la durée car je crois surtout qu’on avait touché le fond contre Rouen. Est-ce qu’on a mis un coup de talon suffisant pour remonter, je ne sais pas. Je le souhaite en tout cas. » Et quand on évoque les nombreuses absences, la réponse fuse. « Les blessés, ce n’est pas une excuse… »

Romain Terrain : Il y avait de l’énergie positive

Au-delà de la victoire l’entraîneur soulignait la résilience de l’équipe. « L’énergie est revenue. Avant Rouen je trouvais qu’ils étaient vides. On a beaucoup travaillé sur l’énergie cette semaine et jour après jour, on a récupéré de l’énergie. On était au top jeudi et ça s’est ressenti contre Langon. Il y avait de l’énergie positive. Ils avaient envie de gagner ce match. Trois joueurs étaient blessés et ils ont voulu jouer, preuve de l’état d’esprit. Quand c’est comme ça et que tu bosses, comme ça c’est super bien. » Une énergie retrouvée en conquête avec une touche quasi parfaite mais aussi dans les phases de combat, en défense, dans les rucks et sur les ballons portés. « Oui on a été efficace en défense, on a été efficace sur le jeu au sol par rapport à Albi, on a été efficace sur notre circulation offensive. Dès qu’on a bougé et on les a mis en difficulté, on les a mis à la faute. Ce qui me contrarie, c’est qu’après le premier essai qu’on marque après avoir bataillé plusieurs temps de jeu sur la ligne, sur le coup d’envoi, on sort mal et ils marquent tout de suite. Ça se sont des choses qui me restent en travers car c’est sur des positionnements de joueurs. Sur le terrain je ne les ai pas trouvés tendus, mentalement je les ai trouvés bien. » Certes les Tarbais ont peut-être surjoués dans leur camp mais Romain Terrain préférait insister sur l’envie et l’état d’esprit retrouvés. « Moi, ce qui m’a le plus intéressé c’est l’attitude offensive, que ce soit sur les ballons portés ou sur les temps de jeu enchaînés on a été efficace et ce qui m’importe à moi, c’est la conquête. On commence à trouver nos repères. » Seul bémol, la mêlée parfois sanctionnée avec en prime un carton jaune à Irakli Mirtskhulava, injustifié semble-t-il. « Pour moi, en mêlée, il n’y a pas de problème, ce sont des choix d’arbitres. Face à des packs très lourds on a été très bien et là, pour moi c’est mal arbitré. Après une semaine de repos obligatoire, les joueurs vont profiter du Forfait de Hyères-Carqueiranne avant de se rendre chez le leader Chambéry et de recevoir pour un match crucial Marcq-en-Barœul. D’ici-là quelques blessés comme Dolier, Arrieus, Duffau, voire Armary, devraient revenir.

Nicolas Cabannes : Le plus important c’était la victoire

Soulagé l’entraîneur des trois-quarts savourait cette victoire après des semaines de frustration même s’il jugeait le contenu insuffisant. « Le plus important c’était la victoire pour prendre 4 points. Après la copie n’est pas bonne clairement. On a été déficient sur tous les ballons hauts et on s’est mis la pression du coup. On a été déficient dans le jeu au pied et on a trop joué dans notre camp. On a proposé très peu de choses en deuxième mi-temps. » Les Tarbais n’ont pas eu le temps de se libérer puisqu’ils ont encaissé un essai aussitôt après avoir marqué. « Le jeu au pied est bon, sauf qu’on est deux à la retombée et qu’on se gêne, ils contrent et ils marquent de suite. Après on a trois autres occasions et on en marque une. On a une pénaltouche à 5 mètres et on loupe le ballon et sur une animation, on ne marque pas non plus. On reste à 15-7 à la mi-temps alors qu’on a dominé un peu plus en première mi-temps. » Le couteau sous la gorge, les Tarbais ont su surmonter la pression et relever la tête après l’humiliation rouennaise. « On a vraiment fait une bonne semaine d’entraînement. Les conditions climatiques nous ont fait revoir nos ambitions de jeu et on a été plutôt cohérent sauf sur tous les ballons hauts. Il y a sept ou huit ballons qu’on échappe et ça ce n’est pas possible. » Surtout que Tarbes après le premier essai a failli en encaisser un second en deuxième mi-temps, cette fois sur un jeu au pied mal contrôlé à l’intérieur des 22 mètres. Dans le jeu, même si deux ou trois actions, ont traversé le terrain les joueurs sont retombés dans le travers de passer par le sol au lieu de favoriser la continuité du jeu par rapport au début de saison. « Le ballon était un peu plus glissant que d’habitude. En première mi-temps contre Albi je trouve qu’on avait joué pas mal debout et en seconde on était retombé au sol peut-être par manque de confiance. On avance moins aussi au contact et pour jouer debout, il faut gagner les duels. Contre Langon, on a pu le faire sur certains duels mais contre Albi on avait subi. »

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre