Retour sur Périgueux -TPR avec Nicolas Cabannes
Souvent décrié, jugé responsable de la médiocre qualité du jeu tarbais, Nicolas Cabannes est un ancien joueur de Top 16 et de Pro D2 avec une centaine de matchs à la mêlée et à l’ouverture à La Rochelle, Pau et Mont-de-Marsan. C’est aussi un entraîneur qui a fait ses preuves à Cognac qu’il a conduit en Nationale et qui a battu Tarbes en demi-finale du Manoir. Nicolas Cabannes a aussi entraîné l’équipe de France U18, le Pôle France de Talence. Il est Champion de France avec les Espoirs de Soyaux-Angoulême et il a fait monter Salles en Nationale 2 avec la meilleure attaque de Fédérale 1.
Trois essais de trois-quarts bien construits
Nicolas Cabannes pouvait avoir le sourire, car au-delà de la victoire, Tarbes a marqué trois essais bien construits par Dulucq, Tuva et Berbizier. Contre Albi le seul essai a été marqué par Rawaca et sur trois essais à Nice deux l’ont été par Tuva. De plus à Périgueux, les Tarbais ont réussi une entame parfaite avec deux essais inscrits en moins de cinq minutes et 14 points d’avance. En tout les Tarbais ont marqué trois essais de trois-quarts bien amenés que décrypte l’entraîneur des lignes arrières. « On lance bien le jeu et ça fini par s’ouvrir au milieu de terrain, Rawaca déborde deux avants et sert à l’intérieur Dulucq. Le second essai est sur un lancement en première main. Berbize (Berbizier) tranche et fait marquer Tuva. A la fin on fait une grosse séquence pour repasser devant. On joue une pénalité à la main près de la ligne, on fait une grosse séquence par les avants, on a deux trois-quarts démarqués, Mika (Thébault) écarte et Berbize marque. »
Sur la fin ils ont été supers en défense
Ko debout après cinq minutes 0-14 mais pas au tapis Périgueux est revenu une première fois 7-14 (13ème) sur un essai de pénalité mais Tarbes a su pousser les Périgourdins à la faute pour reprendre ses distances 7-17 (21ème) et 7-20 (26ème) avant d’encaisser un nouvel essai 12-20 (30ème). Le CAP est revenu tout proche 19-20 (50ème) mais Tarbes a repris ses distances 19-23 (60ème). Lorsque Périgueux a pris le score pour la première fois 26-23 (70ème), les Tarbais ont continué à envoyer du jeu et ils ont été récompensés 26-30 (79ème). Ensuite ont tenu sur leur ligne jusqu’au bout des arrêts de jeu. Une victoire que les Tarbais ont dû aller chercher avec les tripes face aux assauts des Périgourdins survoltés par leur public. « Sur la fin, pendant trois minutes on défend notre ligne, après une pénalité jouée à la main » confirme Nicolas Cabannes. « Ils ont été supers, ils ont plaqué, ils se sont relevés pour plaquer encore. » Une débauche d’énergie qui a fini par payer avec un arbitrage qui a su prendre ses responsabilités au grand soulagement de tous. « L’arbitre leur refuse un essai parce que le joueur rampe. Vu comment ça a tourné plusieurs fois à l’extérieur, notamment à Vienne et à Bourgoin, c’est vrai que ça aurait pu aussi mal tourner. La séquence de défense dure trois minutes à plaquer, à défendre partout, à quinze, c’est super. »
Léo Baratgin et Jon Abadie adoubés
Le staff n’a pas hésité, à faire débuter deux Espoirs en première et en troisième ligne, face à un des paquets d’avants les plus puissants de Nationale. « Ce sont des joueurs qui sont performants en Espoirs et qu’on suit depuis un moment » explique Nicolas Cabannes ravi de leur comportement. « Léo Baratgin a fait une bonne performance, il a tenu son rang en mêlée, il a beaucoup plaqué et on est très satisfait. Jon Abadie, c’est un joueur qui a des qualités, qui comprend le jeu et qui a beaucoup d’activité en général. Il a été bon sur les soutiens, il a été plaqueur. Tous les deux se sont très facilement intégrés. Ça fait un moment qu’ils s’entraînent avec nous mais ils se sont bien intégrés au Groupe pour préparer ce match. C’est super d’avoir des jeunes comme ça qui arrivent aussi vite à prendre leurs marques et à être performants. C’est aussi le fait que ceux qui sont là d’habitude ont fait le boulot pour que ces jeunes puissent être bien pour remplir leur rôle. » La performance du jeune troisième ligne est une bonne nouvelle compte tenu des indisponibilités de Bonnin, Massyn, Ricart et d’Armary, qui va être suspendu contre Vienne pour un troisième carton jaune.
Tous les joueurs ont répondu présent
Les trois essais tarbais ne doivent rien au hasard ou à un coup de chance sur un rebond capricieux ou un contre. Non ce sont des essais construits au bout de longs enchaînements de jeu. « Oui, le premier essai c’est sur du mouvement général, sur ce qu’on propose à l’entraînement. C’est l’investissement qui a été bien. Le soutien a été bien, on a été très précis par rapport à d’habitude, beaucoup plus précis. On voulait être précis et mettre beaucoup d’engagement et c’est exactement ce qu’on fait les joueurs. Ils ont répondu présent après le gros faux pas en deuxième mi-temps contre Albi. Là ils ont répondu présent et on est très content. » Cette victoire est celle de tout le Groupe où les titulaires ont préparé le terrain et où les remplaçants ont planté les graines. Cette fois le banc a apporté en inscrivant un troisième essai précieux et en faisant de la résistance sur sa ligne jusqu’au bout des arrêts de jeu. « Depuis début décembre le banc ne nous apportait plus grand-chose. Même à Chambéry, où on avait mis un gros banc, on n’avait pas été forcement performant sur la fin de match. A Suresnes ça avait été mitigé et depuis janvier, le banc n’amenait plus grand-chose. C’est aussi une chose sur laquelle on avait appuyé. Là il y avait sur le banc des joueurs comme Felipe Manu, Flo Lamothe, Duny, la charnière et les jeunes qui ont tout donné. »
C’est important de vivre ça et de gagner dans la douleur
Gagner chez un Promu n’est pas en soi une performance, sauf que ce Promu visait la seconde place par le biais d’une victoire bonifiée. De plus Périgueux invaincu sur sa pelouse avait maté tour à tour Nice, Bourgoin, Bourg-en-Bresse, Vienne, Narbonne, Carcassonne, Chambéry et Albi. Seuls Bourg-en-Bresse et Albi avaient ramené un bonus défensif de Dantou. Faire tomber les Périgourdins chez eux est donc à la fois un exploit et peut-être le premier match référence de la saison. « C’est un match référence certainement. En fait, c’est un match plein. C’est important de vivre ça et de gagner aussi dans la douleur parce qu’on est allé le chercher et qu’on s’est battu pour ça. C’est un match plein qu’on a fait et il faut que ça reste dans les têtes. Mais pour pouvoir reproduire ça il fallait le vivre. Il faut que ce soit difficile pour que ça marque. »
Il faut continuer à être précis et à avoir des intentions
Et pour être difficile ça l’a été face aux assauts des Périgourdins soutenus par un stade en feu, contre une équipe jusqu’ici invaincue à domicile. « Ils nous ont peut-être un peu pris de haut au début » concède l’ancien demi-de-mêlée. « Mais ce qui est bien, c’est qu’on ait été précis et qu’on ait marqué des points très vite par rapport à d’habitude. On a su en bénéficier. Après, ils reviennent mais chaque fois qu’ils revenaient au score, on a réussi à marquer. On a su se créer des occasions. On a eu des intentions, on ne s’est pas refermé sur nous-mêmes et on a continué à proposer des choses. C’est ça qui est intéressant et qui rend ce sport intéressant : La dimension, l’intensité physique, le combat et les intentions qu’on met dans le jeu. » Face à une équipe réputée pour sa conquête en touche les Tarbais ont répondu présent dans ce secteur. « On a eu nos ballons en touche, on a pu lancer le jeu à partir de là. On a aussi très bien lancé le jeu sur nos mêlées. Il y a deux situations en bout de ligne qu’on ne joue pas bien et là aussi, on doit s’améliorer. Je pense qu’il y avait une passe à faire qui aurait pu nous faire gagner beaucoup de terrain. On a été performant en conquête, touche et mêlée, comme souvent, mais là, on a fait des choses. » L’entraîneur est satisfait de voir que le travail commence à payer. « C’est de mieux en mieux dans le jeu qu’on propose et dans les intentions. On ne faisait pas assez de différences, il n’y avait pas assez de prises d’initiatives et ça commence à prendre. » Cette victoire devrait rassurer des joueurs jusqu’ici en proie au doute et qui n’osaient pas entreprendre. « On sait d’où on vient et il faut continuer à avoir des intentions comme ça. »
Il n’y a pas de raison que le Groupe change beaucoup
Selon l’adage qu’ « on ne change pas une équipe qui gagne » le Groupe pourrait être reconduit samedi contre Vienne. Les supporters devraient pouvoir accueillir avec les honneurs les joueurs qui leur ont rendu un peu de fierté et découvrir deux des jeunes vainqueurs Léo Baratgin et Jon Abadie. « Il n’y a pas de raisons que le Groupe change beaucoup. D’une, parce qu’il y a beaucoup de blessés et de deux, parce qu’ils ont donné satisfaction. On va voir comment les joueurs récupèrent dans la semaine » lâche Nicolas Cabannes. Car même s’il n’y a pas eu de blessés, les chocs ont été plutôt rugueux pour de jeunes joueurs qui n’ont pas l’habitude de jouer à ce niveau.
On a bien progressé
Tarbes a réussi un match complet tant en attaque qu’en défense où ils ont mis les Périgourdins sur le reculoir. « Ils ont envoyé du jeu, on a su défendre, on a su leur faire faire des erreurs de mains. Il y a deux mêlées où je pense qu’on aurait pu faire une passe en plus, pas pour aller au bout mais pour bien avancer. C’est bien, on a bien progressé, avec de jeune joueurs Latorre, Camou, qui font leur première saison à ce niveau là. » Autres satisfactions, les Tarbais ont été se chercher tous les points même sur les pénalités et ont été performants dans le jeu au pied. « On a deux pénalités sur le jeu et une en mêlée et on les a repoussés chez eux. En première mi-temps on a vraiment gagné l’occupation du terrain et ils n’ont pas eu de pénalités à tenter. Comme ils sont menés au score la première pénalité ils vont en touche pour faire un ballon porté. Ils marquent sur ce premier ballon porté où on prend essai de pénalité et carton jaune pour Julien Cantan. »
Cantan en N°8, c’est un plus important
A la question du repositionnement de Cantan en troisième ligne centre Nicolas Cabannes est clair. « Aujourd’hui entre centre et troisième ligne, il n’y a pas forcement de grosses différences dans le jeu. Julien est un bon porteur de balle, il défend bien dans sa zone, après il est adroit et est il capable de remonter les ballons. Il a fait son match. En l’absence de Len Massyn, c’est aussi pour nous une solution pour faire souffler Felipe Manu, qui ne peut pas enchaîner tous les matchs. De plus en l’absence d’un gratteur dans l’effectif, comme pouvaient l’être Réal et Coustalat, la morphologie de Julien Cantan (1,78 m, 100 kg), un joueur très costaud avec des jambes solides et un centre de gravité très bas, est adaptée aux contests. « Oui, il a ce profil là, il prend de la place en défense, il bouge. Quand un joueur est bon sur le terrain on n’hésite pas, on fait confiance au joueur. On a les joueurs à l’entraînement et on voit ce qu’ils sont capables de faire. » De plus, Cantan peut apporter ses qualités de centre pour fluidifier le jeu et assurer sa continuité et sur une feuille de match il couvre un poste devant et un poste derrière ce qui est plutôt rare au rugby. « Julien est moins frontal mais c’est un garçon qui est capable d’avancer sur les contacts, de chercher de bons intervalles. S’il y avait Len, on ne ferait pas jouer Julien en huit. Ça fait un moment qu’on le met remplaçant et on peut faire un six/deux avec Juju qui peut jouer devant ou derrière. Pour nous et pour le Groupe, c’est un plus important. »
Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre
Rédaction
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