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Auriébat, « Village Français »

vendredi 23 décembre 2022 par Rédaction

Depuis quelques semaines un panneau « Attention Village Français » est fixé à l’entrée du village d’Auriébat, situé dans un triangle Maubourguet-Marciac-Rabastens. Un paisible village de moins de 250 habitants situé en Val d’Adour où cohabitent des vaches, des moutons, des élevages de canards gras, de poulets, de pintades, de chiens et quelques néo-ruraux.

Sauvegarder la vie des campagnes

Ces panneaux pullulent de plus en plus sur les routes de France en réponse aux néo-ruraux qui portent plainte contre les cloches des églises ou du bétail, contre les tracteurs qui labourent le week-end, contre les chants des grenouilles ou même des cigales (authentique !). Un panneau plein d’humour qui avertit les mauvais coucheurs qu’ils ne sont pas les bienvenus à la campagne, s’ils n’en acceptent pas les inconvénients. Une génération de citadins qui fuit les villes pour se réfugier dans une campagne qu’ils voudraient aseptisée des bruits et des odeurs. Une génération « extrémiste » qui n’a rien à voir avec les générations précédentes de néo-ruraux qui venaient à la campagne pour prendre leur retraite ou acheter une maison de vacances. Il est vrai que la plupart avaient eu des parents paysans, comme on disait.

Une campagne qui a perdu troupeaux, mouches, bruits et odeurs… 

On peut se demander comment, ces néo-ruraux d’aujourd’hui, réagiraient s’ils se retrouvaient bloqués en rentrant de leur travail par les troupeaux de vaches qui revenaient à la ferme pour la traite du soir. Des troupeaux qui parfois se croisaient, engendrant une joyeuse pagaille pleine de jurons en patois et de coups de bâtons, qui pouvaient précipiter une vache sur le capot d’une voiture ou rayer la carrosserie. Car dans les années 70-80, toutes les fermes avaient leurs vaches, leurs cochons, leurs canards, leurs brebis, qui engendraient des bruits multiples, des odeurs et surtout qui attiraient des milliers de mouches. Des moucherons qui rentraient dans les yeux ou les narines, des taons qui piquaient à travers la chemise ou le pantalon. Des milliers de mouches qui vous bourdonnaient autour, qui tapissaient les murs de votre maison et qui envahissaient les intérieurs et en particulier la cuisine.

Il y avait aussi les odeurs. L’odeur des lisiers, des tas de fumiers, du moult de raisin, au moment des vendanges où on pouvait aussi se retrouver bloqué derrière les remorques remplies de raisins. Mais le pire, c’était lors de l’épandage du lisier et du fumier dans les champs. Deux fois par jour, le matin pour se rendre aux champs et le soir pour rentrer à l’étable, les vaches passaient dans les rues des villages qui étaient crottées de bouses bien grasses et odorantes. Les enfants, en rentrant de l’école, choisissaient les plus grosses et les plus près des maisons, pour y faire exploser un pétard qui crépissait de bouses les murets ou les façades des maisons. Les mêmes enfants, qui s’amusaient à faire aboyer les chiens, qui tiraient à la fronde, sur les moineaux, les rouges-gorges, les chardonnerets ou les mésanges et qui, par maladresse ou méchanceté, cassaient un carreau, une tuile ou perçait les gouttières. Les pneus et les bas de caisse des voitures étaient remplis de crottes, les pare-brises et les phares étaient noirs de moucherons et d’insectes écrasés, qu’il fallait nettoyer chaque jour.

Il y avait aussi le bruit. Celui des coqs qui, par dizaines se répondaient dès 4h00 du matin d’une ferme à l’autre. Celui des bêlements et des sonnailles des brebis, du meuglement et des cloches des vaches, qui rythmaient les journées du matin au soir. Celui des grenouilles et des crapauds qui croassaient toutes les nuits d’Eté. Sans oublier les cris perçants des cochons qu’on égorgeait dans chaque ferme avant l’hiver pour faire la charcutaille pour l’année. Mais c’était aussi, la solidarité, aujourd’hui disparue, où les gens se réunissaient pour les vendanges ou le pèle-porc et faisaient de longs et plantureux repas où des néo-ruraux, qui s’étaient intégrés et qui étaient venus aider, étaient invités. Le matin, on n’était pas réveillé par le ramassage des ordures mais par le collecteur de lait…

Malgré tout, il faisait bon de vivre à la campagne et les néo-ruraux s’adaptaient et s’intégraient !

Jean-Jacques Lasserre