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Théâtre des Nouveautés vendredi 28, samedi 29 à 20h30, dimanche 30 octobre à 16h00

mercredi 26 octobre 2022 par Rédaction

« Les Adieux au Capitaine » de Frédéric Garces

Dans le cadre du 150ème anniversaire de la mort de Théophile Gautier, le « Théâtre des Nouveautés » présente « Les adieux du Capitaine » les 28, 29 et 30 octobre. Une pièce écrite et mise en scène par Frédéric Garces et jouée par les comédiens de la « Compagnie des Odyssées ». Une pièce qui rend hommage à l’imaginaire de Théophile Gautier, de sa perception du beau, de l’amour et de son analyse du contexte de guerre de son l’époque.

Synopis : Alcide, Tina et Margot, sont les survivants d’une troupe dirigée par Valnère, un metteur en scène sournois et ambitieux. Il engage Tristan, un jeune auteur pour remettre sur pied son projet de mettre en scène le Capitaine Fracasse. Mais l’urgence imposée et la guerre menaçante au dehors, perturbent la création.

Cette histoire est la célébration d’une bataille sur le champ de la poésie, de l’art et de la culture, invoquant la mémoire et l’imaginaire de Théophile Gautier.

Ecriture et mise en scène : Frédéric Garcès
Comédiens : Franck Saurel, Jennifer Rihouney, Hippolyte Jurado, Fiona Petot et Frédéric Garcès. Costumes  : Caroline Leroche

« Les Adieux au Capitaine » en résidence à Barbazan et au Pari

« Les Adieux au Capitaine » est une pièce écrite et mise en scène par Frédéric Garces, un enfant de Bigorre devenu par passion comédien et metteur en scène. A son actif plusieurs créations avec « l’Atelier Théâtre du Lycée Théophile Gautier » jouées sur Tarbes, dont le « Dindon » et « Hamlet », déjà au « Théâtre des Nouveautés ». Mais son heure de gloire en Bigorre, c’est son « Don Quichote » au Festival de Gavarnie. Du coup rien de plus normal, que la Municipalité tarbaise pense à lui pour célébrer Théophile Gautier, né en 1811 à Tarbes et décédé à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872, il y a 150 ans. Cinq comédiens ont passé une semaine en Résidence à Barbazan-Debat pour préparer « Les Adieux au Capitaine » au milieu du futur décor dans sa totalité. « C’est une machinerie assez grosse, qui prend de la place. » Ensuite la Troupe s’est rendue au Pari pour répéter, pendant que le décor était installé au « Théâtre des Nouveautés » où sera jouée « Les Adieux au Capitaine » en hommage à Théophile Gautier. Une pièce qui a deux ans de gestation et de multiples réécritures.

Deux ans de préparation gâchés par le Covid

Il y a deux ans, Frédéric Garces est contacté pour monter le « Capitaine Fracasse », l’œuvre majeure d’un autre enfant de Tarbes, Théophile Gautier. Un roman de cape et d’épée flamboyant, devenu mythique et transposé neuf fois au cinéma, avec notamment Jean Marais et Vincent Pérez, pour héros, six fois en série TV, quatorze fois au Théâtre et qui compte deux BD à son actif. A l’origine, le « Capitaine Fracasse » devait se jouer dans le cadre somptueux du Haras de Tarbes mais le Covid, passé par là, a interrompu la programmation, qui a été reportée deux années de suite. Préparer un spectacle de cette ampleur demande beaucoup de préparation, d’investigations en amont, qui engendrent aussi des frais. « J’ai relu le Capitaine Fracasse, j’ai pris des notes, j’ai proposé une trame, j’ai dû faire un devis, rencontrer des prestataires au niveau du son, de la lumière, des compagnies équestres, convoquer des comédiens », explique Frédéric Garces. « Ensuite j’ai mis cinq à six mois pour écrire une adaptation du Capitaine Fracasse. Heureusement, avec le confinement, j’avais le temps. » Un travail de l’ombre qui échappe à beaucoup et qui n’est pas rétribué, si pour diverses raisons, crises sanitaires, sociales ou guerre, le spectacle est annulé. Sans compter l’angoisse du metteur en scène et des comédiens, qui doivent continuer à vivre sans pouvoir jouer et qui se retrouvent sans ressource. Entre temps, les conditions économiques se sont dégradées pour les Collectivités et le projet a dû être revu à la baisse avec une diminution drastique du budget initial. Exit le grand spectacle aux Haras, façon Gavarnie, avec des chevaux et une quinzaine de personnages joués par onze comédiens. La Municipalité, au lieu d’annuler tout simplement le projet, a tenu maintenir un spectacle en l’hommage de Théophile Gautier, avec un budget moindre.

Conserver l’esprit Fracasse malgré tout

Frédéric Garces a dû s’adapter au nouveau budget en réduisant le nombre de comédiens à son strict minimum. Avec cinq comédiens, impossible de jouer le Capitaine Fracasse, comme c’était prévu à l’origine. Le metteur en scène a dû écrire entièrement une pièce autour du personnage de Fracasse, tout en conservant la philosophie de l’œuvre originale. « J’ai dû réduire les comédiens et les demandes des prestataires. J’ai dû revoir tout le concept. Il a fallu raconter une nouvelle histoire, tout en respectant le cahier des charges, qui était l’hommage à Théophile Gautier. Je devais conserver l’esprit de Fracasse et faire avec cinq comédiens, moi inclus. » Le metteur en scène s’est retrouvé devant les affres de la page blanche devant tant de contraintes. D’autant qu’il devait jouer dans spectacle des « Trois Frères et l’Empereur » écrit par Bruno Spiesser. Dès le mois de mars, sans avoir écrit une ligne, Frédéric Garces a réuni les comédiens, pour leur parler de ce nouveau projet. Après une semaine d’échanges fructueux le déclic s’est fait autour de la thématique de « Fracasse » avec l’actualité. « L’invasion de l’Ukraine faisait écho à l’invasion des Prussiens en France, à l’époque de Théophile Gautier. Le roman du Capitaine Fracasse est un écho à la beauté, c’est un hommage aux romans de chevalerie. Toute cette thématique était un tourbillon d’informations », explique Frédéric Garces qui sortait d’une période compliquée par deux années de Covid qui empêchait la tenue des spectacles. Or Fracasse, c’est aussi l’histoire des difficultés que rencontrent une troupe de comédiens ambulants. Le metteur en scène avait trouvé sa trame en parlant des difficultés contemporaines à travers le personnage d’un roman du XIXème siècle. « C’est un témoignage, une digestion de notre époque en résonnance avec Théophile Gautier. Montrer que le temps passe mais qu’il y a des choses qui ne changent pas et qui continuent d’exister à travers le temps. » Les tourments rencontrés pendant ces deux années d’incertitudes par les troupes de théâtre, sont retranscrits à travers « Les Adieux au Capitaine » qui se déroulent à une époque contemporaine. « C’est l’histoire d’une troupe qui essaie de monter le Capitaine Fracasse mais qui n’y arrive pas parce qu’on est en temps de Guerre. Ils ont juste le droit de l’enregistrer pour être diffusé à la radio pour apporter du réconfort aux gens en période de guerre. »

Luttes de pouvoir et jalousie

C’est l’histoire d’un long combat pour trouver des fonds auprès des élus et des mécènes pour ouvrir un théâtre pour pouvoir jouer « Le Capitaine Fracasse ». C’est aussi, la noirceur des hommes qui n’hésitent pas à employer tous les moyens, y compris les plus abjects, pour arriver à leurs fins, comme c’était déjà de coutume à l’époque de Théophile Gautier. Il y a aussi des intrigues amoureuses et des questionnements, sur ce qu’est réellement l’Amour et qui transcende les époques. « Qui triomphera entre le cupide Valnère et le romantique Alcide ? Comment les Femmes doivent faire pour survivre dans ce monde d’Hommes ? » Frédéric Garcès, met en scène une belle jeune fille Margot et une belle femme mûre Tina, que tout oppose, professionnellement et amoureusement. « C’est l’apprentissage de, qu’est-ce-que c’est que l’Amour ? C’est une véritable question qui montre le fossé qu’il y a entre toutes les générations. Qu’est-ce l’Amour ? Qu’est-ce qu’on en fait ? L’Amour peut sauver, l’Amour peut tuer. C’est une thématique portée, aussi par Théophile Gautier, à travers ce côté romantisme romanesque, qui est à la fois, aujourd’hui désuet. Mais est-ce qu’il a encore de la valeur ou est-il à jeter aux oubliettes ? » Valnère, le producteur et Alcide, le metteur en scène, s’opposent aussi professionnellement et amoureusement. La pièce aborde les relations complexes, entre le monde des artistes et de la culture, avec le pouvoir de l’argent, et les relations complexes entres les Hommes et les Femmes, qui sont toujours d’actualités. Le roman du « Capitaine Fracasse » est aussi bien présent dans la pièce. « C’est une véritable digestion et réflexion de ce que Théophile Gautier voulait raconter, à travers son Fracasse, de son amour pour le beau, de ce qu’il a construit autour de ça, jusqu’à ce que la Guerre arrive. On arrive à cette espèce de folie où tous ces sentiments, qui sont célébrés dans le roman, qui sont une sorte d’utopie, à la fois mêlée à la réalité, qui emmène vraiment ce spectacle, dans une tragédie moderne. Sans dévoiler la fin, il amène à une sorte de finalité inéluctable, contrairement à ce que le roman de Théophile Gautier pouvait emmener. »

Frédéric Garces, s’est donné cœur et âme pour écrire cette pièce, sans trahir l’esprit de Fracasse, mais en lui donnant une connotation contemporaine. Au Pari, où nous l’avons rencontré, le metteur en scène précis et minutieux, décortiquait, réplique par réplique, une scène jusqu’à obtenir l’intonation, la respiration, l’expression et la gestuelle parfaites, pour traduire au plus juste les sentiments qu’il voulait transmettre à travers son texte.

Propos recueillis par Jean-Jacques Lasserre