Qui a tué les agneaux à Viey ?
Vendredi soir à la nuit tombante, Bernard, éleveur à Viey, au Pays Toy, laisse son troupeau. « Tout était calme » nous dit-il. Samedi matin, au lever du jour, son premier travail est de venir voir son troupeau. Pas loin du village. En quelques minutes il est dans le pré. Et là, surprise. Un premier agneau mort avec des traces de griffes et de croc. « Ça, c’est pas normal », se dit-il…
Et il poursuit la découverte… « 9 agneaux, pas des brebis. Et 4 autres sont blessés… Ils ne se sont pas attaqués aux brebis, pourquoi ? »
A ce stade du constat, personne ne sait ce qui s’est passé. Alors, on prévient l’entourage, les voisins… « Les bêtes de Sylvain, à côté, n’ont pas été touchées ». En début d’après-midi, garde du Parc, technicien de l’ONCFS et gendarmes sont sur les lieux. Autopsie, constat… « Ce n’est pas l’ours ». Et pour cause, il est ailleurs et il aurait pris plus gros… des brebis… Alors c’est quoi ? Comme toujours en pareil cas, personne ne le sait. Sur place, les agents remplissent un constat en cochant des cases… Puis ce sera envoyé, comme toujours, à la DDT (ex-DDA) dont un fonctionnaire analysera le questionnaire et tirera des conclusions selon une grille… Un peu comme au permis de conduire pour corriger les réponses et décider si vous avez le permis ou non. C’est « la vision administrative de la faune sauvage et de l’expertise des prédations… ».
En attendant, Bernard ne sait rien. Que doit-il faire ? Quelles précautions doit-il prendre ? A lui de se débrouiller seul puisque personne ne sait rien. Alors les brebis seront rentrées au lieu de rester en liberté et mardi matin, il déposera une plainte contre X pour destruction d’animaux. Parce que si ce n’est ni un ours, ni un loup, ni un renard, ni… un lynx, c’est peut-être un chien. Dans ce cas, aux gendarmes de chercher le coupable.
Quelle est cette bête curieuse ?
Alors que nous ne savons pas qui a tué les agneaux de Bernard, une habitante de la Batsus a fait une curieuse rencontre dans la nuit de vendredi à samedi sur la route entre Luz et Barèges.
« Des yeux verts dans la lumière de la voiture ». Et comme toujours, ce genre de bestiole ne reste pas à attendre qu’on la prenne en photo. Du coup, comme dirait les protecteurs de la nature bien pensants « on n’a pas de preuve »…. « Peut-être mais j’ai vu… » Et cette Toy qui restera discrète a déposé auprès des gendarmes. « Ce n’était pas un chien ». Alors, serait-ce un loup ? Ou un lynx ? Les deux sont possibles… Ou du moins pas impossibles.
Le loup, même si personne ne veux le reconnaître, nous savons depuis longtemps qu’il y en a régulièrement de passage dans le Pays Toy. Le fait n’est pas nouveau.
Pour le lynx ce n’est guère plus compliqué. Beaucoup d’éleveurs diront qu’il y en a sur l’Ayré et le Hautacam. Parmi les chercheurs, deux thèses s’affrontent. Ceux qui prétendent qu’il n’y en a plus. La messe est dite, circulez, il n’y a rien à voir. Et ceux, plus discrets, qui continue à croire qu’il y en a encore et qui se posent la question de savoir s’il s’agit de lynx boréal ou de lynx pardelle (ou hispanique). Quand ils auront terminé de se bagarrer entre « chercheurs », ils nous diront peut-être un jour la vérité. En attendant, les faits de prédations inexpliquées pourraient bien se multiplier.
Déjà par le passé, des morts inexpliquées….
On se souvient, en septembre 2007, des brebis tuées en vallée d’Ossoue sur le troupeau de Sylvain Broueilh. Il n’y a jamais eu aucune explication. Et pourtant, dans le Parc National, il n’y a pas de chien… Et ce n’est pas un chien qui a retourné la peau sur plusieurs brebis. Par la même occasion, plusieurs témoignages assez précis sont arrivés spontanément faisant état de la présence de loups ou quelque chose du genre…. Mais personne n’ose parler ouvertement de peur d’être accusé de toxicomanie.
Par la suite, des disparitions de brebis et chèvres sur le secteur de l’Ardiden sont apparues. Des disparitions sans cadavres… Certains concluront facilement au vol de bêtes. Pourtant, là où il y avait les chèvres de Pène, il n’y a pas de route. Mais bon….
Des chasseurs signalent avoir vu un loup. Pas pris au sérieux… « Ils ont fumé la moquette » se dit-il… Et pourtant…. La multiplicité des témoignages dans le temps auraient plutôt tendance à leur donner raison. Mais là encore….
Rechercher des indices nécessitent souvent de prendre en compte des témoignages. Non seulement, ceux qui ont en charge le suivi de la faune doivent prendre le temps d’écouter les témoins en les respectant mais faut-il encore que les témoins aient confiance en celui qui reçoit le témoignage. Tout est dans la réciprocité. Est-ce le cas ?
Louis Dollo