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Après l’invasion de l’Hôtel du Département, Michel Pélieu joue les interfaces entre les grévistes de la Polyclinique et un conseiller du Premier Ministre

vendredi 23 décembre 2016 par Rédaction

A l’issue de leur assemblée générale, jeudi après-midi, les salariés en grève de l’Ormeau-Pyrénées ont décidé d’envahir une nouvelle fois l’Hôtel du Département, pour y attendre les réponses promises par Michel Pélieu. Après avoir expliqué ses démarches auprès des ministères, le président des Hautes-Pyrénées a organisé un rendez-vous téléphonique entre un conseiller du premier ministre et trois délégués des grévistes. Les salariés ont alors décidé de quitter les lieux, non sans avoir remercié Michel Pélieu pour son appui. Les recommandations du médiateur sont toujours étudiées par la direction de la Polyclinique et par les salariés. Une assemblée générale des grévistes aura lieu vendredi après-midi à la Bourse du Travail, pour réfléchir aux suites du mouvement social, qui entamera son 46ème jour.

La salle des délibérations de l’Hôtel du Département des Hautes-Pyrénées accueille une centaine de salariés grévistes de la Polyclinique de Tarbes et de personnes venues les soutenir, ce jeudi 22 décembre 2016 en milieu d’après-midi. Cette deuxième invasion en trois jours a un objectif précis. « Michel Pélieu, le président des Hautes-Pyrénées, est venu nous voir mercredi matin. Il a évoqué ses démarches auprès des ministères. Nous venons lui demander un compte-rendu des contacts téléphoniques en question », explique Laurence Charroy, déléguée CGT de la Polyclinique. Cette fois, les manifestants prennent place sagement sur les sièges des élus. Olivier Guyonneau, directeur de cabinet du président Pélieu, vient dialoguer avec Laurence Charroy et avec François Dousseau, secrétaire général de l’UD CGT. Les salariés se préparent à une nouvelle occupation nocturne du site. Mais leur attente sera finalement de courte durée. Le président des Hautes-Pyrénées les rejoint, et s’installe sur son fauteuil avant de s’adresser à une assistance particulièrement attentive.

« J’ai appelé le directeur de cabinet du ministère de la santé mercredi matin. J’ai eu un échange musclé et sévère avec lui. Je lui ai dit que je ne pouvais pas accepter d’être l’otage d’un conflit ne concernant pas mes compétences. Il m’a informé qu’une réunion interministérielle aurait lieu à 12h à Matignon, et qu’il me rappellerait dans l’après-midi. En fin de compte, c’est moi qui ai dû le rappeler dans la soirée. Il m’a dit : « la clinique a fait des propositions de revalorisation salariale à hauteur de 4% ». Je lui ai signalé que cela ne suffirait pas à répondre aux demandes des salariés de l’établissement. Et je lui ai dit que je souhaitais voir ce conflit cesser rapidement. Non seulement en raison de la question sociale. Mais aussi à cause du problème sanitaire posé à l’ensemble du département. Je lui ai précisé que pour moi, ce problème devait être pris à bras le corps par les ministres eux-mêmes. Il a fini par me dire qu’il y avait des négociations en cours. « Matignon est en relation avec le secrétaire général de la CGT, Monsieur Martinez et avec le ministère du travail. Il y’a une volonté de sortir du conflit. Il y’a des pressions aussi sur la Fédération de l’Hospitalisation Privée. Je ne peux pas vous en dire plus, je n’ai pas de baguette magique ». Il m’a aussi suggéré d’appeler un conseiller du Premier Ministre, Pierre Ramen ».

Un peu plus tard, Michel Pélieu réussit à établir un contact téléphonique avec ce conseiller. Il propose alors à trois membres de la délégation des grévistes et de la CGT, Laurence Charroy, François Dousseau et José Navarro, de converser avec lui directement. Puis, le président Pélieu et les trois délégués reviennent dans la salle de délibérations. Laurence Charroy prend alors la parole pour relater cet échange téléphonique. « J’ai bien expliqué la situation et nos propositions concernant les rémunérations. J’ai rappelé que nous étions attachés à l’augmentation de la valeur indiciaire du point, compte tenu du fait que nos salaires sont « au ras des pâquerettes ». Ceci alors que la situation économique de l’entreprise, de l’aveu même du médiateur, est bonne. Il semblerait qu’à Paris, leur parviennent des informations de la direction évoquant un essoufflement de notre mouvement. Mais Monsieur Pélieu lui-même peut témoigner que notre grève ne s’essouffle pas, après 45 jours. Nos salaires en décembre seront bien maigres, et cela nous motive d’autant plus pour ne pas repartir avec des miettes. José Navarro a ensuite donné des éléments d’analyse au conseiller concernant la situation financière du groupe Médipôle Partenaires. Il a aussi rappelé que l’Etat avait son mot à dire dans la gestion de ce groupe, la BPI étant actionnaire. Sans oublier l’argent du CICE et de la sécurité sociale, qui est de l’argent public. Le conseiller Pierre Ramen nous a entendus et va faire remonter tout cela au Premier Ministre ».

José Navarro lui succède à la tribune et complète son intervention : « j’ai eu le sentiment que le Premier ministre, jusqu’ici, avait tendance à plus écouter le groupe Médipôle Partenaires que les salariés. Il était important de pouvoir faire entendre directement notre point de vue auprès du conseiller, et nous en remercions monsieur Pélieu. Nous avons dit à Pierre Ramen qu’il était incompréhensible qu’un gouvernement dit « de gauche » puisse accorder davantage d’attention à des groupes financiers qu’à des salariés. Et ce gouvernement dispose de réels leviers pour faire pression sur Médipôle Partenaires. Je lui ai précisé que les salariés ne courberont pas l’échine pour des cacahuètes ! ». Une affirmation saluée par des applaudissements nourris.

Michel Pélieu revient alors une dernière fois à la tribune : « pour être transparent, j’ai estimé important de mettre directement en contact vos délégués avec ce conseiller du Premier ministre, Pierre Ramen. Il va faire remonter au plus haut niveau de l’Etat les problèmes qui sont les vôtres. A partir de là, il leur appartient de prendre en compte ces échanges et d’en tirer les conséquences. J’espère ainsi que cela permettra de conclure rapidement ce conflit, qui menace désormais la situation sanitaire des Hautes-Pyrénées, le département que je représente ». Le président quitte ensuite la salle de délibérations sous les applaudissements des salariés en grève, après avoir été chaleureusement remercié pour son action par Laurence Charroy. Dans la foulée, les manifestants votent à l’unanimité la levée de l’occupation de l’Hôtel du Département et quittent les lieux. Une gréviste claque deux bises au président Pélieu, un peu surpris par la spontanéité des personnes qui ont quelque peu chamboulé son emploi du temps ce jeudi après-midi.

Les salariés se donnent ensuite rendez-vous à la Bourse du Travail pour informer les autres grévistes de la situation. Dans la soirée, la direction de la Polyclinique indique ne pas avoir d’élément nouveau à communiquer concernant le conflit social. Ce vendredi 23 décembre, les salariés de l’Ormeau-Pyrénées attaqueront leur 46ème jour de grève. Il leur reste encore une semaine, ainsi qu’à la direction, pour se prononcer sur les recommandations du médiateur. Mais la sortie du conflit est sans doute entre les mains de négociateurs parisiens qui vont désormais agir en coulisses. En attendant de nouvelles informations, les salariés en grève se retrouveront vendredi à 14h pour une nouvelle assemblée générale à la Bourse du Travail. Mercredi soir, 700 personnes ont assisté au concert à la Gespe, au cours duquel les dons de soutien ont afflué. Les salariés prévoient aussi de vendre des gâteaux sur le marché de Brauhauban à Tarbes samedi matin, pour continuer à alimenter la caisse de solidarité. Car leurs salaires ne tarderont pas à arriver, et ils seront bien maigres, en cette période de fêtes.

Jean-François Courtille

Diaporama