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Echec de la médiation entre les grévistes et la direction de la Polyclinique, les salariés et leurs soutiens envahissent l’Hôtel du Département

mardi 20 décembre 2016 par Rédaction

Après le constat d’échec de la médiation entre les salariés en grève de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées et leur direction, les grévistes, soutenus par la CGT, ont décidé d’envahir la salle de délibérations de l’Hôtel du Département. Un espace transformé pour l’occasion en piste de danse, comme l’exutoire festif d’une colère contenue. Les salariés et la direction attendent à présent que le médiateur Pierre Martin rédige ses recommandations, dans les prochains jours. Michel Pélieu, président des Hautes-Pyrénées, mis au courant de la situation par son directeur de cabinet, a contacté la Préfecture, pour solliciter à nouveau l’intervention du Ministère de la Santé dans cette crise.

« Viens danser, sous les sunlights des tropiques » : le tube de Gilbert Montagné résonne de manière insolite, dans la salle de délibérations de l’Hôtel du Département des Hautes-Pyrénées, ce mardi 20 décembre 2016. Sur quelques-unes des tables où s’asseyent d’habitude sagement les conseillers départementaux, lors de leurs séances de travail, plusieurs jeunes femmes dansent en rythme, encouragées par les autres personnes présentes. Les salariés en grève de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées ont envahi un peu plus tôt l’Hôtel du Département, et le transforment en piste de danse, comme un exutoire à leur colère à peine contenue. Ils viennent chercher un soutien plus appuyé de la part du président des Hautes-Pyrénées, Michel Pélieu, après l’échec de la deuxième journée de médiation entre la direction de la Polyclinique et la délégation des salariés.

« Nous sommes une nouvelle fois déçus par l’attitude de notre direction, qui reste sur ses positions », confie Aurélie, l’une des infirmières grévistes, membre de la délégation. Pourtant, la médiation avait bien commencé, avec la discussion sur les conditions de travail. « Le médiateur nous a demandé si nous souhaitions apporter des précisions à ce sujet. Nous avons évoqué le problème des plannings et de la dissociation Hospitalisation de semaine /Chirurgie conventionnelle. La direction a dit qu’elle maintenait la suspension de ce projet. Mais ils nous ont aussi informés qu’ils avaient longuement travaillé lundi soir sur des plannings dissociés, et qu’ils comptaient nous les présenter pour accord. Puis, une très longue suspension de séance a eu lieu, demandée par le médiateur, pour lui permettre de voir la direction concernant leurs propositions salariales. A la reprise de la séance, ils nous ont annoncé trois choses : le RAG à 8,33 au 1er juin 2016, qui correspondait à l’enveloppe initiale de 476 000 euros ; une prime pérenne de 200 euros bruts ; et une prime exceptionnelle de 300 euros bruts pour 2016. Mais toujours pas de trace de l’augmentation indiciaire du point, notre principale demande. Le médiateur n’a pu que constater l’échec de la rencontre. Nous avons, depuis le début, accepté de diminuer nos revendications de 50%, et eux n’ont pas bougé. Le médiateur va donc rédiger un procès-verbal de cette médiation, en formulant des recommandations, que nous serons libre d’accepter ou de refuser. Cela devrait se faire dans les jours qui viennent ». Aurélie explique ensuite pourquoi les salariés ont voté en assemblée générale l’invasion de l’Hôtel du Département ce mardi après-midi. « Nous pensons que le président des Hautes-Pyrénées, Michel Pélieu, est la personne qui a le plus contacts utiles pour appuyer notre demande, et en particulier pour solliciter l’intervention du Ministère de la Santé ».

Du côté de la direction de la Polyclinique, mardi soir, on reconnaît aussi l’échec de la médiation. « Nous avons tout de même constaté un point positif, c’est le fait d’être quasiment parvenus à un terrain d’entente sur les questions des conditions de travail dans l’établissement et de l’organisation du travail. Nous avons en effet repris la plupart des éléments du cahier revendicatif de la CGT à ce sujet. Concernant les salaires et les rémunérations, en revanche, nous sommes arrivés à un constat d’échec. Nous avons proposé le RAG à 8,33, une prime exceptionnelle de 300 euros bruts pour 2016 et une prime pérenne de 200 euros bruts. Cela correspond pour nous à une progression de 4% du coût global de la masse salariale, un effort conséquent dans un contexte économique contraint. Aussi, nous ne comprenons pas le refus persistant de la CGT. Désormais, nous attendons les recommandations du médiateur, qui a fait son travail. La direction appelle fortement à la responsabilité, alors que nous en sommes désormais à 43 jours de grève ».

Olivier Guyonneau, directeur de cabinet du président Michel Pélieu, était présent à l’Hôtel du Département lors de l’invasion par les salariés de la Polyclinique en grève et leurs soutiens. « J’ai contacté immédiatement le président, et aussi les parlementaires, pour les informer de l’échec de la médiation. C’est une très mauvaise nouvelle, car tous avaient fait pression ces derniers jours auprès des ministères. Il y’avait beaucoup d’espoir dans cette médiation. C’est franchement regrettable d’arriver à ce constat d’échec. Nous savons que la Préfecture des Hautes-Pyrénées a accompli de son côté un énorme travail. Les élus du Département ont voté une motion de soutien au personnel en grève, qu’ils ont relayée au groupe Médipôle Partenaires, au Ministère de la Santé et au Ministère du Travail. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous satisfaire de ce constat d’échec. La situation n’est pas celle d’un simple conflit du travail, mais bien celle d’un problème global de santé publique dans notre département. Et cela peut entraîner des conséquences graves au niveau de la qualité des soins. Le Département n’a pas de compétence dans ce domaine. Michel Pélieu n’a pas les clés du problème. En revanche, l’Agence Régionale de Santé a les capacités d’intervention auprès du groupe Médipôle Partenaires. En tant que représentant du territoire des Hautes-Pyrénées, le président Pélieu va essayer de relancer une action coordonnée avec les parlementaires, et peut-être solliciter le Premier Ministre, pour lui demander de faire intervenir la Ministre de la Santé qui, pour l’instant, s’y est refusée. Au bout de 43 jours de conflit social, nous sommes désormais confrontés à un enjeu de santé publique ». Concernant l’invasion de l’Hôtel du Département, Olivier Guyonneau rappelle simplement que la prochaine séance du Conseil Départemental aura lieu le 3 février 2017.

Ce mardi soir, les salariés en grève, épaulés par leurs soutiens, s’apprêtaient à passer la nuit sur place. « La motion de soutien du Conseil Départemental était une bonne chose », résume José Navarro, l’un des responsables de l’UD CGT, « mais à présent, nous attendons des actes plus forts de la part de nos élus ». Mercredi matin, à 11h15, les grévistes et la CGT rejoindront la manifestation de soutien à la santé publique aux côtés du personnel des hôpitaux bigourdans en grève. Le cortège partira de la clinique de l’Ormeau-Pyrénées, pour rejoindre la place de Verdun. Et mercredi soir, à 21h, les salariés en grève pourront à nouveau danser, lors de la soirée de soutien organisée par la Scène de Musiques Actuelles de la Gespe, en présence de plusieurs groupes d’artistes locaux. Mais l’esprit festif des grévistes de l’Ormeau-Pyrénées ne doit pas faire oublier l’angoisse qui les taraude, à quelques jours d’un Noël pas comme les autres.

Jean-François Courtille