Blocage de la Polyclinique, un cardiologue blesse un gréviste et un responsable de la CGT en tentant de forcer un barrage filtrant
La tension est montée d’un cran ce mardi matin, avec le blocage de l’Ormeau-Centre et de la villa administrative par les salariés de la Polyclinique de Tarbes en grève. Un médecin cardiologue a tenté de forcer un barrage filtrant pour accéder à sa place de stationnement privée, blessant au passage une gréviste et le secrétaire de la CGT santé. Une dizaine de pompiers du SDIS 65 sont venus apporter leur soutien aux salariés de la Polyclinique.
Elle est encore sous le choc de l’incident qui s’est produit ce mardi 29 novembre 2016, dans la matinée, à l’entrée de la clinique de l’Ormeau-Centre à Tarbes. « Je me suis vue mourir, j’ai eu très peur », confie Dominique, l’une des grévistes de la Polyclinique. Ce mardi matin, les salariés ont bloqué l’accès à la villa administrative, à la clinique, et ils ont installé un barrage filtrant devant les Urgences, laissant passer les ambulances, les taxis, et les personnes dans l’incapacité de se déplacer. En revanche, ils bloquaient les véhicules des médecins, les invitant à stationner dans la rue. « Un médecin cardiologue est arrivé. Il a cherché à forcer le barrage, pour stationner sur sa place privative. Je lui ai demandé de reculer, mais il a continué à avancer. Sa voiture m’a heurté la cheville, j’ai sauté sur le trottoir pour l’éviter. A ce moment-là, Wilfrid Zaparoli, le secrétaire de la CGT-Santé, a tenté aussi de l’arrêter, sans succès. Il a été touché au tibia et s’est retrouvé sur le capot de la voiture », raconte Dominique. « Une policière présente sur place a sorti sa carte pour demander au médecin d’arrêter son véhicule, et lui a répondu : ‘dressez-moi un procès-verbal, je paierai l’amende’, avant d’aller stationner sur un emplacement réservé à une ambulance ». Dominique était d’autant plus choquée que ce médecin travaille dans le même service qu’elle. Les deux blessés ont été admis aux urgences pour y effectuer des examens. Plus de peur que de mal, à l’arrivée, mais une grande indignation parmi les grévistes et les militants de la CGT. Le syndicat demande « une intervention forte des pouvoirs publics pour obliger le groupe Médipôle partenaires à reprendre la négociation. L’inaction n’a que trop duré ».
Laurence Charroy, déléguée CGT de la Polyclinique, évoque aussi une communication du CHSCT effectuée il y’a une dizaine de jours, qui pointait, selon elle, « un danger imminent pour les salariés de l’établissement. Le directeur n’a pas voulu en tenir compte, et cette situation de danger, nous y sommes ! ».
Parmi la centaine de personnes rassemblées devant la clinique de l’Ormeau-Centre ce mardi matin, une délégation de pompiers du SDIS 65 ne passe pas inaperçue. « Nous venons ici en signe de solidarité avec les filles de l’Ormeau, qui en sont à leur 22ème jour de grève », explique Benjamin, secrétaire général du syndicat CGT-SDIS 65. « Les politiques d’austérité touchent de la même façon les salariés du privé et les fonctionnaires aujourd’hui ». Benjamin explique que les pompiers ont organisé une collecte de solidarité pour aider les grévistes, qui perdent chaque jour une part de leur salaire. « Notre soutien est matériel, et aussi psychologique. Nous les connaissons bien, car nous amenons souvent des patients à la Polyclinique, comme nous le faisons aussi à l’hôpital de Tarbes. Personne ne fait la grève pour le plaisir ».
Les pompiers du SDIS 65 se mobilisent aujourd’hui dans le cadre de la journée nationale d’expression de la Fonction Publique. Ils ont déposé un préavis de grève pour lundi midi. « Nous dénonçons l’insuffisance de nos effectifs et la dégradation de nos conditions de travail », poursuit Benjamin. « Nos missions ne cessent de s’alourdir, sans embauche supplémentaire. Nous faisons de plus en plus appel aux pompiers volontaires pour compenser cette situation. Au quotidien, il nous arrive de partir à quatre, au lieu de six, sur un véhicule incendie. Et nous sommes parfois deux au lieu de trois à partir dans les ambulances. Nous sommes aussi de plus en plus sollicités pour des interventions à l’extérieur de Tarbes ». La CGT SDIS 65 doit participer vendredi à une rencontre avec les élus. Une assemblée générale suivra, pour déterminer si les pompiers maintiennent ou non leur préavis de grève.
Dans la rue devant la clinique de l’Ormeau-Centre, les salariés distribuent des tracts aux automobilistes et aux piétons. Ils appellent le public à une nouvelle manifestation de soutien à leur mouvement social samedi 3 décembre, à partir de 10h30, entre l’Ormeau-Centre et la place de Verdun à Tarbes.
Jean-François Courtille