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La nuit des bouquetins au col de Ripeyre
14 bouquetins ibériques ont été relâchés dans la nuit de mercredi à jeudi au col de Ripeyre, au-dessus de la centrale hydro-électrique de Pragnères, dans les Hautes-Pyrénées. Une opération délicate organisée par l’équipe des agents du Parc National des Pyrénées, en partenariat avec les Espagnols de la Sierra de Guadarrama. Une trentaine de personnes, dont plusieurs enseignants, ont eu la chance de vivre cet événement.
La nuit est tombée depuis plus de quatre heures au col de Ripeyre, qui surplombe le village de Gèdre, et malgré l’absence de vent, le froid est déjà intense. Mais les trente personnes présentes gardent le sourire, car elles savent que le grand moment approche : l’arrivée des camionnettes espagnoles, qui acheminent les 14 bouquetins ibériques. « Quatre mâles et dix femelles, en provenance de la Sierra de Guadarrama, au Nord-Ouest de Madrid. Un parc national avec une grosse population de 4000 bouquetins. Les animaux ont subi des contrôles sanitaires avant d’être transportés vers la France », précise Eric Sourp, responsable scientifique du Parc National des Pyrénées. « Le lâcher doit s’effectuer en deux étapes, avec à chaque fois sept des bouquetins. Ces animaux rejoindront ainsi les 6 bouquetins déjà lâchés dans ce secteur le 8 avril ».
L’opération est le fruit d’un partenariat entre les agents du Parc National des Pyrénées, les Espagnols et la commune de Gavarnie-Gèdre, avec le soutien de plusieurs enseignants du lycée des métiers de la montagne d’Oloron Sainte-Marie. Le financement de ce programme de réintroduction des bouquetins ibériques dans les Hautes-Pyrénées est assuré par l’Europe, l’Etat, la région Occitanie, le département des Hautes-Pyrénées, EDF, la GMF et aussi le Parc animalier d’Argelès-Gazost. « La plupart des bouquetins sont équipés de colliers GPS. Cela nous permettra de suivre leur parcours. Un thésard récemment embauché va analyser toutes les données transmises », ajoute Eric Sourp. « Le lâcher d’une vingtaine d’autres bouquetins est prévu au cours de l’année 2017 sur la commune de Gèdre-Gavarnie ». L’animal est tout à fait adapté au relief et à la flore des Hautes-Pyrénées. Il n’a que deux prédateurs potentiels : l’être humain et l’aigle. « Pour moi, ce lâcher est toujours un instant magique, même si c’est déjà le onzième lâcher. Toute l’équipe du Parc National des Pyrénées est très investie sur ce projet de restauration de la biodiversité ».
Plusieurs enseignants du lycée professionnel agricole de Soeix, près d’Oloron Sainte-Marie, connu aussi sous le nom de « Lycée des métiers de la montagne », sont présents cette nuit-là au col de Ripeyre. Professeur en aménagement, Jean-Michel Lanot a organisé, avec ses collègues, et avec la participation des élèves, un concours de prénoms, pour les bouquetins, et une collecte, pour contribuer au financement de l’opération. « Nous avons contacté le Parc National, et l’un des bouquetins a reçu le prénom de Soeix, celui de notre lycée. Nous allons suivre son périple dans les Hautes-Pyrénées grâce au GPS ». Les participants à l’opération « lâcher de bouquetins » se sont d’abord retrouvés sur le parking de la centrale hydraulique de Pragnères, sous un chaud soleil d’été indien. Ils ont roulé pendant quelques kilomètres à bord de véhicules 4X4. Puis, ils ont empoigné leurs bâtons de marche et ont grimpé pendant trois quarts d’heure en direction du col, à travers la forêt.
A l’arrivée, en contemplant la vue imprenable sur Gavarnie, ils ont eu tout le temps de partager leurs impressions, et aussi quelques provisions acheminées par les agents du Parc National. Vers 22h15, après une longue attente, les bouquetins ibériques sont enfin annoncés. Les « responsables de caisses » du Parc se mettent en place, pour accueillir les deux camionnettes des Espagnols. Tout le monde parle à voix basse, pour éviter d’effrayer les animaux, déjà stressés par dix heures de route. Seules, les lumières des lampes frontales et des phares de véhicules trouent la nuit profonde qui enveloppe le col de Ripeyre. Enfin, les sept premières caisses sont déposées face à la montagne. Tous les participants retiennent leur souffle. Un robuste Espagnol se positionne entre les caisses et le public, pour éviter qu’un animal ne percute l’un des spectateurs dans sa course vers la liberté. Au signal, les bouquetins sont libérés, l’un après l’autre. Vifs comme l’éclair et gracieux comme des gazelles africaines, les animaux bondissent dans les herbes hautes. Après une seconde d’hésitation, qui les amène parfois tout près des humains, ils piquent droit vers la montagne et disparaissent dans l’obscurité. L’opération est renouvelée avec les sept autres bouquetins, qui prennent un peu plus leur temps, comme pour satisfaire la longue attente de leurs fans d’une nuit. Enfin, c’est l’heure du retour vers Pragnères. Mais ce grand moment d’émotion restera sans doute gravé dans les mémoires des participants. Ils sont conscients d’avoir assisté à une étape historique de la renaissance d’une faune sauvage dans les Hautes-Pyrénées.
Jean-François Courtille
Rédaction
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