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Entre 1200 et 1700 manifestants à Tarbes contre le projet de loi « Travail »

jeudi 2 juin 2016 par Rédaction

Plus de 1200 personnes, 1700 selon les syndicats, ont répondu jeudi matin à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires et ont défilé dans les rues de Tarbes pour demander le retrait de la loi El Khomri. Au cours de la manifestation, la « votation citoyenne » sur la loi a été lancée. Les bulletins de vote et les urnes ont circulé parmi les personnes présentes. Une souscription a aussi été amorcée par les organisations syndicales pour financer la manifestation nationale à Paris le 14 juin.

Ils votaient déjà avec leurs pieds. Désormais, ils déposent aussi des bulletins dans les urnes de la « Votation citoyenne » organisée par les syndicats, pour exprimer leur avis sur le projet de loi « Travail ». Le bulletin de vote distribué ce jeudi 2 juin 2016 à Tarbes aux 1200 manifestants, 1700 selon l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires, comportait deux questions : « Retrait du projet de loi Travail, pour ou contre ? » et « Faut-il aujourd’hui des droits nouveaux pour les salarié(e)s, jeunes, privé(e)s d’emplois et retraité(e)s, oui ou non ? ». Dans les rues de la cité bigourdane, les manifestants ont réaffirmé qu’ils votaient clairement pour le retrait de la loi El Khomri, mais aussi pour obtenir de nouveaux droits afin de rendre le monde du travail plus accessible et plus humain.

Florence est en recherche d’emploi depuis plusieurs années, et désormais, non indemnisée. De son propre aveu, elle a « toujours dû se contenter de contrats précaires ». Et elle continue à espérer un contrat à durée indéterminée. « Avec cette loi, mes chances d’obtenir un jour ce fameux CDI risquent d’être anéanties. L’effet d’aubaine sera irrésistible pour les employeurs, qui pourront se permettre, sans crainte de se retrouver devant les tribunaux, de licencier les derniers CDI existants pour leur substituer des contrats précaires ». Et la précarité professionnelle, Florence n’en peut plus. « J’en ai marre de tous ces discours tenus par des gens qui n’ont jamais connu le chômage ou la pauvreté, et qui se permettent de pontifier sur la « flexibilité », censée procurer la « sécurité » aux salariés. La seule sécurité qui découle de cette flexibilité est au bénéfice exclusif des employeurs ! ».

Un groupe d’agents des Finances Publiques participe au défilé, la boule au ventre. « Onze départs en retraite ne seront pas remplacés cet automne dans les Hautes-Pyrénées. Nous allons devoir continuer la même mission, de plus en plus complexe, avec moins d’effectifs. Déjà, une expertise, à la demande du CHSCT, a eu lieu dans l’un de nos services, à Lannemezan. Elle a révélé des risques psycho-sociaux importants ». Les agents pointent aussi ce qui est caché aux contribuables. « Le discours officiel assure que les déclarations d’impôts par internet, qui seront bientôt généralisées, garantissent un meilleur service public. Mais elles génèrent de nombreuses erreurs, qui ne peuvent pas être corrigées par l’informatique. Cela occasionne du travail en plus ». Cette évolution de l’organisation des tâches et du « management » préoccupe énormément les agents des Finances Publiques. Ils évoquent « une souffrance croissante et des tensions de plus en vives dans le travail quotidien ». Et ils appréhendent « la fermeture de services de proximité, qui obligera les contribuables à effectuer de longs déplacement dans le département pour rencontrer des agents ».

Dans le cortège des manifestants, de nouvelles banderoles apparaissent. « Santé et action sociale, tous ensemble privé / public, pour les mêmes droits et les mêmes salaires ». Ou encore « Union syndicale des retraités, pour vivre dignement notre retraite ». Un manifestant brandit aussi une pancarte humoristique : « Halte aux casseurs du droit du travail ». Plusieurs personnes circulent avec des urnes précisant : « manifestation du 14 juin, participation financière ». Les cheminots en grève ferment le cortège. Ils ont voté le renouvellement de leur mouvement social pour 24 heures en assemblée générale, avant de rejoindre la manifestation. Le collectif « Nuit Debout » continue à appeler à la « convergence des luttes », et quelques lycéens brandissent avec courage leur banderole, en lançant des slogans à tue-tête. Sur le parcours, les badauds observent le spectacle, certains goguenards, d’autres bienveillants.

Arrivés place de Verdun, la tête du défilé rejoint une tribune improvisée, pour le discours de l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires, présenté cette fois-ci par Gérard Omer, le secrétaire général de FO 65. « La mobilisation est aujourd’hui majoritaire. L’opinion publique reste massivement défavorable au texte de loi, et l’unité des organisations syndicales engagées, représentant du front large et résolu, reste intacte. Nous contestons ce projet de loi Travail parce qu’il contient des dispositions dangereuses pour la situation et l’avenir des salariés ».

Les syndicats rappellent que leurs confédérations ont « envoyé un courrier commun le 20 mai au Président Hollande pour demander à être reçues. Alors que celui-ci dit faire du dialogue social sa méthode de gouvernement, nous attendons toujours la réponse ». L’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires dénonce « la violence des propos tenus par le gouvernement, le mépris à l’égard du mouvement social et son entêtement à ne pas retirer le projet de loi ». Elle appelle à « amplifier le mouvement, y compris par la grève ».

Gérard Omer conclut le discours intersyndical en pointant les deux nouvelles échéances : « la grande votation lancée dans les entreprises, les administrations et bien au-delà. Et la manifestation nationale à Paris le 14 juin prochain ». François Dousseau, secrétaire de l’UD CGT, enchaîne en proposant aux manifestants de se retrouver sur le péage de Tarbes Ouest l’après-midi. Un membre du collectif « Nuit Debout » rappelle l’assemblée générale du 3 juin à 20h devant la mairie de Tarbes. Puis, une partie des manifestants se retrouvent pour partager un pique-nique sur place, après avoir acheté des sandwiches et des boissons vendus sur place pour financer le voyage du 14 juin à Paris.

L’après-midi, plus d’une centaine de manifestants se retrouvent, dans une ambiance joyeuse, sur le péage de Tarbes Ouest. Ils font passer gratuitement les automobilistes et leur distribuent des tracts et des bulletins pour la « votation ». La mobilisation sociale contre le projet de loi El Khomri adopte de nouveaux modes d’action, mais sans baisser la garde pour autant …

Jean-François Courtille