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La visite perturbée de Bernard Cazeneuve à Séméac

vendredi 27 mai 2016 par Rédaction

Les opposants au projet de loi El Khomri ont réservé un accueil bruyant au ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, ce vendredi 27 mai à Séméac. Ils ont d’abord déployé deux banderoles sur le rond-point de la piscine, près de la sortie de l’autoroute, avant d’accompagner par des slogans et des sifflets sa participation à une cérémonie de la légion d’honneur près de la mairie.

« Cazeneuve, tu tabasses les travailleurs » - « Gauche de droite sort du placard, ta réforme on en a marre » - « Faux, socialistes » - « Retrait de la loi du patronat » - « Hollande, Valls, Cazeneuve, trahison ». Les slogans des opposants au projet de loi El Khomri ont fusé, jeudi matin, dans les rues de Séméac, où le ministre se rendait pour remettre la légion d’honneur à un ancien maire de la ville. Une cinquantaine de manifestants ont d’abord pris place sur le rond-point de la piscine, situé à proximité de la sortie d’autoroute, attendant le passage en voiture du ministre qui revenait d’une inauguration à Lannemezan. Ils en ont profité pour distribuer des tracts aux automobilistes, salués de temps à autres par des klaxons de soutien. Puis, au passage de quatre véhicules des forces de l’ordre, ils ont sifflé, pour le cas où le ministre se serait trouvé à bord. Après 11h, ils ont décidé de partir à pied vers le centre-ville de Séméac, mais ont été bloqués par les forces de l’ordre 200 mètres avant le gymnase.

Pendant ce temps, une vingtaine d’autres opposants au projet de loi « Travail » s’étaient donné rendez-vous près de la mairie de Séméac, dont les abords étaient bloqués par une cinquantaine de membres des forces de l’ordre. Ils ont affiché leur banderole  : « Non à la casse du Code du travail – retrait du projet Valls-Gattaz-El Khomri ». Pendant que le ministre, invisible depuis les barrières de protection, participait à la cérémonie, les opposants, la plupart membres de la CGT, de la FSU et du collectif « Nuit Debout », ont continué à scander leurs slogans au mégaphone, sous l’œil placide des nombreux CRS, policiers et gendarmes présents.

« Cette loi est aberrante. Ils sont en train de détruire tout ce que nos aînés ont construit avec le Conseil National de la Résistance et après la guerre », dénonce Elodie, jeune étudiante en médecine. « C’est une honte qu’une loi pareille soit portée par un gouvernement socialiste. Il n’y a jamais eu autant de misère en France ». La jeune fille confie qu’elle a choisi son futur métier, la médecine, « pour aider les personnes qui en ont le plus besoin ».

Manuel, ouvrier chez Eiffage, encourage les manifestants avec son mégaphone. « Nous voulons rappeler à Bernard Cazeneuve que nous sommes contre le projet de loi « Travail ». Comme François Hollande et Manuel Valls, il trahit le mandat pour lequel il a été élu. Cette journée a une force symbolique particulière : c’est l’anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance, dont sont issues la plupart des mesure sociales qui ont bénéficié au monde du travail. Or, ce gouvernement de gauche se met au service du MEDEF, tournant le dos à l’histoire du mouvement ouvrier. Cela explique notre colère et notre fort sentiment d’avoir été trahis ! ».

Les manifestants entonnent « L’Internationale », puis « Le Chant des partisans ». Au bout d’un long moment, le ministre Cazeneuve, solidement protégé et entouré par les forces de l’ordre, regagne sa voiture, accompagné par le député socialiste Jean Glavany et la préfète des Hautes-Pyrénées. Le cortège des voitures passe très vite, abondamment sifflé par les manifestants, dont le nombre a grossi au fil des minutes. Les opposants à la loi « Travail » apostrophent ensuite Michel Pélieu, le président des Hautes-Pyrénées, qui les observe de loin. Ils scandent aussi des slogans, pointant notamment « la complicité  » des députés Jean Glavany, Jeanine Dubié et du président Pélieu.Philippe Dussert, secrétaire du Parti socialiste des Hautes-Pyrénées, vient à leur rencontre, et entame un long dialogue avec José Navarro et François Dousseau, de la CGT. « Notre fédération PS a voté contre le recours à l’article 49.3. Mais il faut laisser les parlementaires faire leur travail d’examen de la loi El Khomri », assure- t-il. José Navarro lui rappelle une motion votée par le congrès du PS en 2015, qui insistait sur le respect de la hiérarchie des normes et appelait à renforcer les garanties pour les salariés. « Un gouvernement de gauche devrait porter le souci de protéger les travailleurs », conclut-il.

Dans les rues de Séméac, les forces de l’ordre lèvent les barrières et se dispersent. Les manifestants regagnent leurs véhicules. Près d’une villa, un massif de rosiers s’offre au regard des passants. Un piéton les contemple d’un air pensif et lance : « les roses sont bien fanées aujourd’hui … ».

Jean-François Courtille