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La révolte des cheminots bigourdans

mercredi 27 avril 2016 par Rédaction

L’appel à la grève a été largement suivi mardi par les cheminots des Hautes-Pyrénées. La gare de Tarbes a fonctionné au ralenti, avec la mise en place d’un service de cars sur de nombreux trajets régionaux. Les cheminots bigourdans s’inquiètent à propos de la future convention collective qui régira leur profession. Ils feront grève jeudi, contre la loi El Khomri, et prévoient une grande manifestation le 10 mai. La convention doit être adoptée d’ici le 2 juin.

Ils sont réunis en assemblée générale ce mardi matin, dans l’une des salles d’activités des cheminots de Tarbes. Roulants, contrôleurs, mécaniciens, guichetiers, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes : tous ont répondu à l’appel à la grève lancé par la CGT et FO, Sud-Rail, autre syndicat mobilisé, n’étant pas représenté à Tarbes. Les visages des participants sont graves.

Animée par Pierre Lacaze, de la CGT, et par Henri Benjamoile, de Force Ouvrière, l’assemblée générale évoque la négociation nationale du futur « RH 77 », la convention collective des cheminots. Debout à la sortie de la salle, Sarah, l’une des grévistes, précise les raisons de sa révolte. « Le futur décret socle prévoit une harmonisation du Code du travail pour toutes les entreprises ferroviaires, y compris européennes. Cela risque de nous mener à une augmentation de la charge de travail assortie d’une baisse de nos revenus. Une autre conséquence à craindre est celle d’une remise en question de la sécurité ferroviaire ».

Olivier, jeune contrôleur, est engagé à fond dans la grève, « même si cela nous fait perdre entre 70 et 80 euros par jour ». Il évoque l’impact des modifications proposées par la direction sur la vie de famille des contrôleurs. « Nous enchaînons souvent deux journées de travail, en commençant à 4h du matin, avec une nuit passée loin de notre domicile. Avec le nouveau décret-socle, il est question d’accroître ces périodes d’absence jusqu’à trois jours, avec deux nuits à l’extérieur. C’est déjà difficile de recruter des jeunes, mais là, cela va devenir impossible ! ». Olivier souligne que tous les métiers de la SNCF font bloc dans cette grève contre un projet « qui présente de nombreuses similitudes avec la loi El Khomri. Un texte compliqué, et la recherche systématique du « moins-disant » social, au bénéfice des patrons et au détriment des agents ». Il note que de nombreux collègues « prennent enfin conscience de ce qui les menace ».

Henri Benjamoile, secrétaire régional des cheminots Force Ouvrière, parie sur « une amplification du mouvement au cours des prochaines semaines ». Il assure que les cheminots « sont prêts à se battre pour empêcher la remise en question de la sécurité ferroviaire ». De son côté, Pierre Lacaze, secrétaire général de la CGT des cheminots du Comminges et des Hautes-Pyrénées, dénonce « une menace de dégradation des conditions de travail, qui impactera la qualité du service ». Il rappelle que les cheminots participeront à la manifestation nationale du 10 mai, « pour faire pression dans la rue au moment où se réunira la commission mixte paritaire ». Au-delà de cette date, le risque d’une grève reconductible sera réel. La négociation collective sur le « RH 77 » doit aboutir au plus tard le 2 juin 2016. D’ici là, les cheminots sont déterminés à intensifier leur mobilisation. Au nom d’une certaine idée du service public et de la dignité du travail des agents de la SNCF.

Jean-François Courtille