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La « Nuit debout » s’installe à Tarbes

samedi 16 avril 2016 par Rédaction

Le mouvement national « #Nuit debout » a démarré vendredi soir à Tarbes, sur la place Marcadieu. Près de 200 personnes de toutes générations ont constitué une agora publique devant la fontaine des quatre vallées, pour aborder tous les sujets qui leur tenaient à cœur. Un second rendez-vous a été décidé après un vote à main levée. Il aura lieu vendredi 22 avril, dans un lieu encore à préciser.

Le chant cristallin de la fontaine des quatre vallées est à peine recouvert par le son du mégaphone et les paroles des orateurs qui se succèdent devant la Halle Marcadieu. Ce vendredi 15 avril, à Tarbes, près de 200 personnes, de toutes générations, ont répondu au rendez-vous lancé par les réseaux sociaux. La première « Nuit debout » des Hautes-Pyrénées démarre, dans une chaleur estivale. Les participants sont assis par terre, ou installés sur le parapet de la fontaine. A tour de rôle, les orateurs se lèvent et viennent emprunter le micro, avant de développer leurs arguments sur des sujets très variés.

Une jeune femme évoque avec inquiétude « la privatisation des barrages hydro-électriques et ses conséquences dans nos vallées ». Un jeune « hacker » parle du scandale de l’évasion fiscale et lance un appel à agir pour « récupérer cet argent qui appartient aux citoyens et dont nous avons besoin pour sauver la planète ». Un retraité invite les participants à « réfléchir sur un projet de constitution pour la VIème république ». Un autre intervenant déplore que « les gens des cités ne soient pas davantage présents sur les rencontres de « Nuit debout » à Paris et dans les autres grandes villes ». Après chaque intervention, des applaudissements retentissent. Les personnes présentes écoutent avec attention, réagissant différemment suivant les thèmes abordés ou les arguments exposés.

Dans la foule, Michel est assis à côté d’une pile de livres et de journaux : Place publique, Le courrier international, Charlie Hebdo … « Le livre est un outil de partage des savoirs. Je m’inscris dans la philosophie du ‘mouvement des biens communs’, aux côtés, par exemple, des internautes qui défendent le ‘logiciel libre d’accès’. Dans chaque rassemblement « Nuit debout », des personnes viennent ainsi et déposent des livres ou des journaux, pour que tout le monde puisse les lire et les faire circuler ». Assise aux côtés de deux amies, Brigitte confie ce qui l’a incitée à venir place Marcadieu. « Je suis fille d’ouvrier. J’ai envie que nous ne perdions pas ce que nos parents ont réussi à gagner, pour aider nos jeunes. Se battre, résister … ». Jean-Louis aborde les participants en leur tendant un petit tract. Il s’agit d’une invitation à une « assemblée citoyenne », le 20 avril à 18h, au café-restaurant « La Belle Epoque » de Séméac. « Nous essayons de déclencher quelque chose de concret, à partir de toutes ces discussions. Il faut que les citoyens se réapproprient leur destin ». Marie-Jo observe avec bienveillance les orateurs qui se succèdent à la tombée de la nuit. « Je trouve important que les gens reprennent contact entre eux. La « Nuit debout » peut nous permettre de retrouver ce lien social que nous avons un peu perdu. Des jeunes qui commencent à forger leur conscience collective s’expriment en public, c’est un signe d’espoir ! ».

Pierre et Rose-Marie, assis sur le parapet de la fontaine, trouvent que la « Nuit debout » peut « permettre de faire de la politique d’une autre manière. Nous souhaitons que cela donne envie à beaucoup de personnes de s’exprimer, et aussi d’écouter les autres. Notre société manque de lieux d’échanges comme celui-là. Nous éprouvons un grand respect pour ce qui se vit ce soir ». Patrice reste debout non loin des orateurs. « Je viens ici en tant que citoyen averti, et plutôt désinformé par les médias. J’essaie de trouver ici des réponses pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Je refuse les carcans que cette société où domine l’ultra-libéralisme économique veut nous imposer ».

Antoine sirote une boisson fraîche en écoutant les interventions. « C’est la première fois que je vois un mouvement qui permet ainsi à chacun d’exprimer publiquement son ras-le-bol. Ce mouvement part de la rue, de la base. Cela fait du bien. Je trouve aussi que cette parole publique constitue une sorte de thérapie collective ». A ses côtés, Adeline avoue qu’elle a rejoint cette rencontre « après avoir consulté le site ‘On va Sortir’ ». Elle est heureuse de découvrir cette manifestation, « qui se déroule dans un esprit bon enfant ». Mais la « Nuit debout » répond aussi à son envie d’extérioriser son « désir de rébellion ». Au milieu des orateurs, une jeune femme, Géraldine, propose aux participants de voter pour décider de poursuivre ou non cette initiative de la « Nuit debout à Tarbes », et selon quelles modalités. Un plaisantin dans la foule lance : « sept jours sur sept et 24 heures sur 24 ! ». Après un vote à main levée, les personnes présentes se donnent rendez-vous le vendredi 22 avril. Le lieu sera défini en fonction de la météo. Puis, les participants continuent leurs échanges, alors que la nuit enveloppe doucement la ville …

Jean-François Courtille