200 manifestants ont soutenu les salariés de Goodyear
A l’appel de la CGT, de Solidaires et de la FSU, 200 personnes se sont rassemblées jeudi midi devant le tribunal de Tarbes. Objectif : apporter leur soutien aux 8 salariés de Goodyear, condamnés à 9 mois de prison ferme pour avoir séquestré leurs patrons qui avaient annoncé la fermeture du site d’Amiens.
« Il leur est reproché de s’être battus pour conserver leur travail » : ce paradoxe a motivé l’appel des syndicats départementaux de la CGT, de Solidaires et de FSU à un rassemblement jeudi midi, devant le tribunal de grande instance de Tarbes. 200 personnes ont répondu à cet appel et sont venues exprimer leur soutien aux 8 salariés de l’usine picarde Goodyear, dont 5 militants syndicaux, condamnés à 9 mois de prison ferme pour avoir séquestré leurs patrons. Une action désespérée menée dans un contexte ou la fermeture du site industriel d’Amiens venait d’être annoncée. Malgré le retrait de leur plainte par les cadres de l’entreprise, le ministère public a maintenu les poursuites judiciaires à l’encontre des salariés de Goodyear, qui ont fait appel de leur condamnation.
Au nom des trois syndicats signataires de l’appel au rassemblement du 4 février, François Dousseau, secrétaire général de l’UD CGT des Hautes-Pyrénées, a pris la parole devant le tribunal pour expliquer le sens de cette action. « Le ministère public a condamné nos camarades en l’absence même de plaignant. La peine, comme la procédure, sont inédites. Cela signifie que la décision a été prise au sommet de l’Etat. Une injustice qui s’ajoute à l’injustice et à l’ignominie de plus de 1000 licenciements ». Pour les syndicats, il s’agit d’une mesure d’intimidation contre les salariés, « qui engage la responsabilité du pouvoir politique, de Hollande et de Valls ». Ils rappellent que l’histoire sociale de la France s’est construite à travers des conflits parfois rudes. « Pour ces grandes conquêtes dont tous les salariés bénéficient aujourd’hui, y compris les juges, il en a fallu des entreprises occupées, il y en a eu des manifestations ».
La CGT, Solidaires et la FSU dénoncent la « criminalisation syndicale » qui touche ainsi les salariés de Goodyear, après ceux de Continental et d’Air France. « Cette condamnation vient ponctuer des lois antisociales et liberticides, sous couvert de la lutte contre le terrorisme. A l’inverse, le partage du travail, le partage des richesses, sont des mesures que le gouvernement devrait prendre pour lutte contre les inégalités sociales ».
Les syndicats préviennent que ces mesures ne les dissuaderont pas de poursuivre leur action quotidienne. « Personne ne nous fera courber l’échine. Organisation syndicales, nous continuerons à user de notre vision critique des politiques que nous jugeons injustes. Nous continuerons à œuvrer dans l’intérêt des salariés et à lutter pour la justice et le progrès social ».
La CGT, Solidaires et la FSU formulent quatre revendications : l’arrêt de toutes les poursuites ouvertes à l’encontre des militants syndicaux ; le vote définitif et l’application de la loi d’amnistie pour tous les militants syndicaux poursuivis ; la re-pénalisation de la délinquance patronale ; et des droits nouveaux pour les salariés. Elles appellent à un autre rassemblement vendredi à 17h sur la place de Verdun à Tarbes, aux côtés du Collectif « Nous ne cèderons pas », pour « refuser la déchéance de nationalité et la constitutionnalisation de l’état d’urgence ».
Jeudi 4 février, des manifestations de soutien aux salariés de Goodyear ont eu lieu aussi à Paris et dans plusieurs villes de France. Selon la CGT de Goodyear, la pétition demandant leur relaxe a passé la barre des 150 000 signatures, et de nombreux comités de soutien se constituent, comme à Paris, Marseille, Lyon et Lille.
Jean-François Courtille