170 personnes ont soutenu le conseiller prud’homal
Une salve d’applaudissements salue la sortie du tribunal de Manuel Espejo, accompagné par le vice-président des Prud’hommes de Tarbes, Alain Krasker. Dans un silence grave, les 170 personnes rassemblées pour venir soutenir le conseiller prud’homal du collège « industrie » écoutent le compte-rendu de sa convocation devant le Procureur de la République de Tarbes, Eric Serfass. « Aucun dossier n’a été ouvert par le Procureur à l’encontre de Monsieur Espejo », explique Alain Krasker, qui s’étonne qu’aucun conseiller prud’homal employeur n’ait été convoqué en même temps à cette rencontre. « On ne tape que sur ce qui dérange », ajoute Manuel Espejo, la voix frémissante d’indignation. Le conseiller prud’homal, par ailleurs secrétaire général de l’Union Locale CGT de Tarbes, dénonce « des accusations mensongères prononcées contre moi à l’instigation d’un syndicat patronal de l’industrie, l’UIMM ». Ces accusations de propos sexistes sont formellement réfutées par le militant syndical, qui ajoute avec fermeté : « une personne sexiste n’aurait pas sa place au sein de la CGT ». Manuel Espejo déplore que « ces manœuvres déloyales nous détournent de ce qui est le plus important, les luttes contre les nombreuses attaques touchant les droits et l’emploi des salariés dans les Hautes-Pyrénées ».
Véronique Courtois, responsable de Sud-Solidaires, et Michel Torres, secrétaire départemental de la FSU, sont venus apporter leur soutien au conseiller prud’homal, aux côtés de François Dousseau, secrétaire départemental de l’UD CGT. Plus de 170 personnes ont répondu à leur appel, ce mercredi après-midi, devant le tribunal de grande instance de Tarbes. De nombreuses femmes sont présentes dans l’assemblée. Elles témoignent de leur respect envers Manuel Espejo. « Il a toujours été présent à nos côtés pendant le long mouvement social des MG Call-IRC », rappelle Mina, une ancienne salariée de la plateforme téléphonique. « Il a beaucoup aidé les femmes de notre groupe. Je trouve normal de venir le soutenir à mon tour aujourd’hui ». Dominique Prieto, conseillère prud’homale et salariée de Pyrène Plus, a fait le déplacement pour « défendre un camarade qui fait du bon travail au sein des Prud’hommes. Et aussi pour combattre toutes les violences sociales qui nous frappent en ce moment ». Christelle Prat, présidente de l’association de défense de l’environnement sur Laubadère, à Tarbes, est venue « par esprit de solidarité. L’action de Manu et d’autres conseillers prud’homaux comme lui a permis d’obtenir des condamnations contre des entreprises qui ne respectent pas le droit ». De nombreuses femmes militantes au sein de la CGT se sont mobilisées pour signer une lettre de soutien à Manuel Espejo, qu’il n’a pas eu besoin de remettre au Procureur de la République, aucun dossier n’ayant été ouvert à son encontre.
Pendant l’heure d’attente avant le retour du conseiller prud’homal, de nombreuses interventions syndicales ont lieu. Leur point de convergence : la dénonciation d’un climat social très tendu au sein de plusieurs entreprises et services publics des Hautes-Pyrénées. Patrick Raynaud, l’un des responsables de la CGT énergie, alerte les manifestants concernant « les menaces qui pèsent sur l’hydro-électricité en France ». Il s’alarme que la Commission Européenne souhaite voir ouvrir ce secteur à la concurrence d’entreprises privées. Pour Vincent, un autre responsable de la CGT énergie, « si EDF perd la gestion des barrages, nous serons confrontés à un triple danger : une mauvaise qualité de contrôle des installations, un risque de ‘black-out’ électrique comme cela s’est déjà produit en Californie, et une hausse des tarifs de l’énergie ».
A l’issue du rassemblement, Manuel Espejo remercie les personnes présentes pour leur soutien, qui « lui a permis de tenir le coup pendant cette épreuve ». François Dousseau affirme que « la CGT sera aux côtés de Manuel Espejo s’il décide à son tour de déposer une plainte ». Il lance un avertissement aux syndicats d’employeurs comme l’UIMM qui « tentent en vain d’intimider les salariés ». Et il conclut en appelant les personnes présentes à participer à la manifestation organisée le samedi 12 décembre à Bagnères de Bigorre, pour « la défense et la reconquête du service public de santé ».
Jean-François Courtille