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Exposition « Bois de vie, peintures et dessins » à Abbaye de l’Escaladieu

mercredi 1er juillet 2015 par Rédaction

Jusqu’au 30 août, Alain Alquier, diplômé des Beaux-Arts de Toulouse expose à l’abbaye de l’Escaladieu. Cet artiste met en valeur le patrimoine naturel et culturel de notre terroir. Michel Pélieu, s’est dit heureux de l’accueillir. « Peu d’artistes , a-t-il relevé, ont choisi comme source d’inspiration ces paysages de vignes et coteaux de la région du Madiranais. À travers ses créations, Alain Alquier qui réside et travaille dans cette campagne, a su en saisir le caractère. Que ce soit avec l’évocation d’un paysage ou la simple représentation d’un cep de vigne et des entrelacements torturés du bois, il parvient à offrir une vision artistique contemporaine originale de cet environnement ancestral ».

ALAIN ALQUIER

Diplômé des Beaux-Arts de Toulouse, il débute sa carrière artistique comme photographe professionnel et collabore avec le Parvis à Ibos et avec le festival « Jazz in Marciac »

Parallèlement, il n’a cessé de peindre et cette technique devient son mode d’expression privilégié à partir des années 1990.

Ses recherches picturales le conduisent de l’abstraction lyrique vers une peinture minimaliste plus austère et plus radicale. Une importante exposition à l’Abbaye de Flaran, en 2004, a présenté ces œuvres faites de silence et de lumière.

Après ce long et fertile travail d’introspection, il éprouve le besoin de revenir vers l’image et puise son inspiration dans la campagne gersoise où il réside. Le cep de vigne ou « Bois de vie » et ses entrelacements se prête à toutes les interprétations et devient prétexte pour exprimer par métaphore, les liens entre terre et ciel, entre monde physique et monde spirituel. Avec la série des paysages, son point de vue s’élargit et la silhouette des Pyrénées offre de nouvelles perspectives où vibrent le blanc et le noir. De ces différentes approches nait un équilibre entre force et sensibilité à l’image de l’ensemble de l’œuvre de l’artiste.

Alain Alquier a participé à de nombreuses expositions en France et à l’étranger tant pour son travail photographique que pour sa peinture. En 2016, une grande exposition monographique lui sera consacrée au prestigieux Centre d’Art Contemporain de la Matmut en Haute Normandie où il réalisera également seize vitraux pour la chapelle de ce lieu.

http://alquier.alain.free.fr

Accès avec le billet d’entrée à l’abbaye.

Quelques mots sur la peinture d’Alain Alquier...

Lorsqu’il a découvert, lui qui vit dans les coteaux du Gers, au milieu des vignes, que les Sumériens appelaient la plante qui donne le vin : « Bois de vie », Alain Alquier sut qu’il avait là le sujet de son travail, et la désignation de son objet.

« Bois de vie », bois de vigne aussi bien, expressions interchangeables qui se lisent du côté du travail du vigneron, lequel taille, lie, oriente, cultive ce bois dont on fait sarments et vin, et du côté de l’artiste, « Bois de vie », qui fait de la métaphore, le sujet de son labeur.

Car Alain Alquier connaît sa vigne, sa campagne, son paysage par cœur. L’a-t-il assez parcouru ce pays de vignes et de genêts, au temps où il photographiait pour la presse et la publicité, ces vignes qui font l’identité, et la richesse de ce terroir gersois. Il en a arpenté les coteaux, choisi les paysages, les heures du jour, ou celles du soir, les saisons dans lesquelles la vigne n’est jamais la même, nue en hiver et désespérante comme un lavis, avant de chatoyer de couleurs en automne, ou vibrer de vertes promesses au printemps. Alquier sait sa vigne comme personne.

Aussi, lorsqu’il revient « en peintre » dans ces parages, à la façon d’un Cézanne, hier dans sa montagne Sainte-Victoire, il sait, de science sûre, qu’il tient là son motif. Ne lui reste plus, comme au peintre aixois, qu’à « joindre les mains errantes de la nature ». Alors il s’y prend de diverses manières.

Par la peinture d’abord, en attaquant le paysage, les cyprès, les collines, puis enfin les vignes, en déclinant sans fin les gris, les terres, les teintes sourdes avec très peu de couleurs. Et quand il en vient à peindre des ceps de vigne, il le fait d’une façon dramatique, saisissant la torsion du bois, dont les sarments sont coupés à deux ou trois yeux du tronc, et liés sur le fil tendu, comme des bras que l’on redresse, afin que la sève en surgisse plus forte, et donne ces grappes de raisin, qui tirant le suc, de la terre caillouteuse, livrent enfin cette note unique propre à chaque terroir.

Observant ce travail, Alain Alquier y lira très vite la forme tourmentée de la crucifixion, et même s’il ne peint pas des Christs - lui, qui par ailleurs, aura dessiné les vitraux de la vieille église de son village – il donne à voir quelque chose qui les rappelle fortement.

Aussi bien, ce n’est pas cela qui retiendra notre intérêt pour ce travail, pas cette succession de végétaux tordus comme corps suppliciés, mais plutôt ce signe entrevu, né du geste de la main qui trace le mouvement dans le blanc de la feuille, que le fusain dégage de toute pesante évocation.

C’est en cela qu’Alquier, comparable au peintre chinois, résume d’un geste rapide et ascendant, le résultat d’une contemplation rétinienne, qui devient dès lors mentale. Cette restitution graphique ne s’embarrasse pas d’ornementation, elle incise le blanc, trace un chemin, tel un vol d’oiseau qui prend le vent, et change de trajectoire dans la bourrasque qui le porte.

Le dessin d’Alquier se donne à voir comme une forme dépouillée de la peinture, à l’instar de la vigne, qui en hiver, ayant perdu grappes et feuillage, n’offre plus au regard qu’un jeu de lignes quadrillées, où joue la forme des ceps. Ces bois de vie nous restituent alors, quelque chose qui de l’ordre de la musique, une fugue en noir mineur, en quelque sorte. Et cette musique entraîne une danse entre ligne et courbe, avec ses cassures et ses reprises, ses élans et ses rémissions. De temps à autre, ces traits se lestent de lourds nuages noirs ou gris, obtenus à l’estompe, et qui sont comme un rappel du ciel changeant, dans cette symphonie de traits.

Le regard qui suit ces mouvements, invite lui aussi à suivre ce rythme syncopé, qui de temps à autre, résonne au-delà des vignes, quelque part dans les coteaux du Gers ; un tempo de jazz peut-être, ce qui ne serait pas surprenant venant de quelqu’un, qui photographia longtemps le festival de jazz de Marciac.

Ces « Bois de vie », à ce stade de brindilles incandescentes, disent avec force ce que le peintre essaie de saisir, le fugace dans le permanent, le mouvement dans la forme immobile, le temps dans l’espace. Il nous livre là, une expression graphique soustraite au visible, mais qui rend le réel visible, autant et davantage, que toute représentation imagée toujours trop descriptive, toujours trop évidente.

En abandonnant la photo pour la peinture et le dessin, Alain Alquier a trouvé sa voie, et peut-être sa croix, les « Bois de vie » ne sont pas un vain mot.

Extrait du catalogue de l’exposition Marc BELIT