15 000 personnes rassemblées et unies contre la barbarie et pour défendre la liberté
A l’initiative de la rédaction tarbaise du groupe « Dépêche », rejointe immédiatement par l’ensemble de la presse départementale, un grand rassemblement d’hommage aux victimes de la tuerie de Charlie Hebdo a eu lieu hier en fin d’après-midi à Tarbes. 15 000 personnes selon les chiffres de la police ont défilé en silence depuis l’avenue Bertrand Barère jusqu’à la préfecture. Derrière les journalistes et les policiers associés à cette manifestation, se trouvaient de très nombreuses personnalités au premier rang desquelles on notait la préfète Anne-Gaëlle Baudoin-Clerc, Michel Pélieu, président du conseil général, Chantal Firmigier-Michel, procureure de la République. Les élus de tous bords étaient répartis dans le cortège. Ce qui a frappé les observateurs, c’est la présence massive des jeunes. Arrivée devant la préfecture, la foule a écouté attentivement les diverses interventions interrompues ou ponctuées par des tonnerres d’applaudissement. De Jean-Louis Toulouse d’abord qui s’exprima en tant que responsable de la rédaction du Groupe Dépêche à Tarbes. Puis d’Andy Barréjot qui prit la parole au nom des journalistes. Et pour terminer de la préfète Anne-Gaëlle Baudon-Clerc.
Le discours d’Andy Barréjot, journaliste groupe Dépêche
La barbarie qui a meurtri hier la communauté française est une plaie énorme. Aujourd’hui nous souffrons tous. Nous journalistes, touchés dans notre liberté fondamentale de dire, d’écrire, de critiquer, de travailler. Notre profession vient d’être sauvagement agressée, pour avoir voulu rigoler de la réalité. C’est triste de se dire qu’aujourd’hui, en France, le ridicule finit par tuer. Nous devons aux victimes, aux journalistes, mais aussi aux policiers qui sont en première ligne, et aux autres puisque cette folie est sans limite, nous leur devons solidarité et soutien face à ces barbares, à ces tyrans, et vous me passerez l’expression à ces connards. Ceci n’a rien à voir avec la religion.
Combien sont ces sauvages ? Quelques dizaines peut-être ? Quand je lève la tête, j’ai foi en la force du nombre. Nous sommes ici des centaines, des milliers, des centaines de milliers en France à nous dresser face à l’obscurantisme. Mais aussi nombreux que nous soyons, il nous faut rester un et indivisible, Français et fiers d’appartenir à cette communauté qui nous réunit, sans couleur et sans dogme. Ce pari nous le réussissons aujourd’hui. Mais il faudra tenir le cap de l’union demain et dans les jours qui suivront. Par ce rassemblement passera le salut de nos idéaux.
Car aujourd’hui, au-delà de la liberté de la presse que l’on assassine, c’est la LIBERTÉ qui est visée par ces bêtes inhumaines. Celle de blaguer, de s’habiller, de se mouvoir, la liberté d’être finalement. Quand on n’a pas 30 ans comme moi, qu’on est né dans un pays libre, qu’on a grandi dans un état de droit, qu’on s’est construit sur des fondements démocratiques et républicains, on pense la liberté acquise. Nous n’avons pas connu la guerre mais nous mesurons encore mieux le sacrifice de ceux qui sont morts pour que puissions goûter cette souveraineté, il y a 100 ans ou 70 ans. La liberté n’est pas un acquis, mais un idéal pour lequel nous devrons combattre avec nos armes, l’union, la fraternité, l’humanité face à ceux qui souillent ces valeurs.
Noirs, blancs, gris, jaunes, chrétiens, musulmans, juifs, athées, jeunes, vieux, élus, journalistes, policiers, employés ou chômeurs, nous mesurons ici l’attachement aux valeurs qui nous rassemblent, à la France qui nous soude. L’union doit faire notre force quand on cherche à mieux nous opposer. Sur cette terre de rugby, restons tous groupés. Car comme le disait Périclès, déjà dans l’Antiquité : « Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage. » Soyons courageux et heureux ensemble !
L’intervention de Gaëlle-Baudoin-Clerc
Ce vaste rassemblement s’est terminé par une vibrante Marseillaise.