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La crise agricole est là, profonde et complexe

mardi 6 octobre 2009 par Rédaction

La crise économique mondiale a ébranlé l’ensemble des secteurs d’activité. Aujourd’hui, la crise agricole est là, profonde et complexe. En témoignent les nombreuses actions des producteurs depuis ces derniers mois. La grève du lait témoigne à elle seule d’un monde agricole désemparé, bien au-delà du secteur laitier.

Les agriculteurs ont le sentiment d’être peu à peu abandonnés. Abandonnés par les pouvoirs publics, avec au premier rang l’Europe et l’État français, alors qu’ils remplissent la tâche pourtant essentielle de fournir l’alimentation de leurs concitoyens. Mais également sous la pression des entreprises d’amont et d’aval : prix des engrais et des aliments qui flambent, alors que les prix de vente du kilo de porc, du litre de lait, ou du kilo de viandes sont bradés, pour le grand bonheur des distributeurs ! Pas étonnant que certains producteurs, se sentant délaissés, vont jusqu’à jeter le fruit de leur travail. La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs des Hautes-Pyrénées respectent les producteurs qui ont fait ce choix, tout comme ces derniers doivent respecter les producteurs qui ne se sont pas engagés dans cette démarche. Le monde agricole est suffisamment mis à mal, pour ne pas avoir à souffrir davantage de divisions et d’affrontements en son sein !

« Être solidaires et unis pour défendre notre métier, notre revenu » : c’est ce que défendent la FDSEA et les JA des Hautes Pyrénées depuis plusieurs années. « Notre priorité, et nous le défendions déjà en 2008, c’est un allègement des charges de nos exploitations. Il faut tout mettre en œuvre pour assurer la compétitivité de nos exploitations. Or, actuellement, les agriculteurs n’ont pas la possibilité de répercuter les hausses des charges sur leur prix de vente. Nous dénoncions déjà en 2005 les décisions de la Commission européenne, comme celles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui ont conduit à la dérégulation et au démantèlement des outils de régulation des marchés. Les problèmes de régulation des marchés ne sont pas nouveaux ! Tout comme les distorsions de concurrence qui sont aussi un cheval de bataille de la FDSEA et des JA depuis de nombreuses années.

Mais nous ne restons pas dans l’expectative ! Nous avançons ensemble, nous revendiquons un projet qui renforcera le maillon production, pour que l’agriculteur ne soit pas qu’un simple livreur. Un véritable travail de fond est engagé depuis plusieurs années par des équipes responsables et solidaires.

1. Pour une régulation européenne des marchés

Le secteur agricole est hautement stratégique : fournir à ses concitoyens des produits alimentaires en quantité et en qualité, doit être une préoccupation majeure des dirigeants.
Les fondateurs de la Communauté européenne l’avaient compris, en posant les fondements de la Politique Agricole Commune (PAC), seule politique commune de l’Europe. Force est de constater que les dirigeants actuels l’ont totalement oublié !

Les agriculteurs se sentent aujourd’hui totalement démunis et seuls, pour faire face à un libéralisme sauvage.
La FDSEA et JA des Hautes Pyrénées jugent que l’introduction du secteur agricole dans le cadre des négociations à l’OMC est une grave erreur. La Chine, l’Inde, les États-Unis l’ont bien compris. Suite aux émeutes de la faim, ces États se sont empressés de mettre en œuvre des mesures protectionnistes pour le secteur agricole. L’Europe, au nom du libéralisme, maintient sa décision de libéraliser le secteur agricole !

La FDSEA et JA des Hautes Pyrénées dénoncent le démantèlement progressif des outils européens de gestion et de régulation des marchés, qui expose directement les agriculteurs aux aléas de marché dans un secteur pourtant intrinsèquement vulnérable.
 Les instruments d’origine de gestion des marchés agricoles sont maintenant réduits à peau de chagrin, alors qu’ils ont démontré leur efficacité dans le passé :
 L’intervention (stockage privé), transformée en filet de sécurité, ne permet plus à la
production de résister ;
 Les restitutions aux exportations : même si elles demeurent opérationnelles dans le secteur de la volaille, il n’en reste pas moins que :

o Le secteur porcin en aurait fortement besoin, or l’Allemagne n’en veut pas ! Est-ce pour affaiblir les bassins de production concurrents (Danemark et France) et ainsi asseoir son hégémonie ?
o Le secteur laitier a eu toutes les difficultés à les décrocher.
o Pour le secteur des fruits et légumes, elles ont été supprimées…

La FDSEA et JA des Hautes Pyrénées se battent pour que la gestion des quotas à la française soit obligatoire dans les autres États membres : en cas de dépassement du quota, des pénalités sont appliquées aux producteurs, alors même que la France ne réalise pas son quota. Dans les autres États de l’Union européenne, les quotas non réalisés sont mutualisés et n’engendrent donc pas de pénalités ! Le 22 juillet, la Commission européenne a ouvert la possibilité aux autres États membres d’utiliser cette règle de gestion des quotas. C’est une ouverture, certes, mais la FDSEA et les JA des Hautes Pyrénées demandent au Ministre de tout mettre en œuvre pour que ce dispositif devienne obligatoire à l’échelle européenne, pour une maîtrise de la production d’ici la fin annoncée des quotas, en 2015.

Le maintien et le renforcement des outils de gestion des marchés, appliqué de manière commune par tous les Etats membres, sont une condition sine qua non pour la pérennité de l’agriculture en France et en Europe.
Les outils de gestion de crise permettent d’éviter uniquement les hémorragies ! Mieux vaut prévenir les crises par des outils de régulation, de surcroît moins coûteux et plus efficaces.
La FDSEA et JA des Hautes Pyrénées ont interpellé à maintes reprises les pouvoirs publics pour que la France pèse de tout son poids afin de convaincre de la nécessité de réguler le marché agricole à l’instar du marché financier.

2. Pour une concurrence équitable et loyale

En France, et plus encore en Midi Pyrénées, de nombreuses contraintes réglementaires entravent la compétitivité de nos exploitations sur les marchés. Ces contraintes, si elles ne s’accompagnent pas d’avantages compétitifs, agissent alors en véritables distorsions de concurrence.
Il est clair que dans les secteurs social, environnemental, sanitaire, fiscal, pour ne citer que ceux-ci, notre agriculture subit des contraintes réglementaires avec des contreparties financières faibles, voire généralement inexistantes ! Ces distorsions existent entre pays européens, voire même entre certaines régions françaises, et affaiblissent l’agriculture pyrénéenne.

Harmoniser la règlementation européenne pour une concurrence équitable entre tous les États membres

Au niveau social, au sein de l’Union européenne, les écarts de salaires peuvent aller de 1 à 17 !

Ainsi, pour l’emploi d’un salarié peu qualifié en agriculture, maillon essentiel pour nos productions, une heure de travail coûte en France 11,04 €. En Espagne, une heure de travail du même salarié coûte 8,80 €, en Belgique : 7,37 €, aux Pays-Bas : 9,97 €, en Allemagne :
6 €. Ces distorsions sociales sont inadmissibles, notamment pour les productions légumières, dont le coût du travail représente 60 % à 80 % des coûts de production.

De même, il est intolérable de voir des différences de réglementations entre pays européens, sur les produits phytosanitaires. Ainsi, l’Autorisation de Mise en Marché (AMM) des produits phytosanitaires se fait au niveau des États membres. Là où l’Union européenne a un véritable rôle à jouer, Bruxelles se le refuse.

La FDSEA et des Hautes Pyrénées dénoncent, depuis maintes années, l’utilisation, par d’autres pays de l’Union européenne, de produits totalement interdits en France au nom de la sécurité alimentaire (graisses animales, produits médicamenteux ou phytosanitaires). Et comment concevoir que des denrées alimentaires en provenance de ces pays concurrencent directement les produits français ?

Aussi, pour assurer un rapport de force équitable au sein de l’Europe, la FDSEA et JA des Hautes Pyrénées demandent qu’un travail soit engagé pour une harmonisation européenne des règlementations environnementale, sanitaire, sociale et fiscale pour assurer une concurrence équitable et loyale entre tous les États membres.

Des distorsions de concurrence au sein même de la France

Suite au Grenelle de l’Environnement, le Gouvernement souhaite instaurer de nouvelles taxes, telles que la taxe Borloo et la taxe carbone. Ces nouvelles taxes risquent de pénaliser fortement les producteurs, et toute la filière agricole, surtout si la France est encore le seul pays à les appliquer ! Non seulement, dans le contexte actuel, il n’est pas socialement acceptable de créer de nouvelles taxes ; mais c’est aussi injustifié au regard de la situation géographique des Pyrénées et de la spécificité du secteur agricole et agroalimentaire.

Cette taxe carbone pénalisera les ruraux en particulier car les déplacements sont essentiellement effectués par des véhicules individuels, dans des territoires ruraux où les transports en commun ne sont pas assez denses pour palier au remplacement de l’automobile.
Les producteurs en ont assez de ses directives et autres lois conçues sur le cadre français et/ou européen, qui quand elles n’ignorent pas les spécificités locales imposent des réglementations qui pénalisent les exploitations et les habitants des espaces protégés.

La FDSEA et JA des Hautes Pyrénées revendiquent une application juste et équitable des règlementations en Europe et en France pour ne pas pénaliser la compétitivité des entreprises agricoles.

3. Pour un allégement des charges des exploitations

Un effort financier significatif de tous les acteurs de la filière agricole est nécessaire

Financièrement, les exploitations agricoles sont prises dans un étau, entre l’évolution des charges et les prix des produits agricoles.

La FDSEA et JA des Hautes Pyrénées exigent des fournisseurs des entreprises agricoles, et des prestataires de services, un effort financier significatif, avec une diminution d’au moins 10 % sur l’ensemble des prix de leurs produits et prestations de services. Il est intolérable que les agriculteurs soient toujours considérés comme la variable d’ajustement.

Pour aider les agriculteurs à passer ce cap difficile, la FDSEA et JA des Hautes Pyrénées demandent une année blanche, avec le report des charges sociales, des annuités bancaires et de la taxe sur le foncier non bâti.

4. Pour un renforcement du maillon production

La dérégulation des marchés agricoles, et l’impossibilité pour les producteurs de répercuter la hausse de leurs charges conduisent à un constat alarmant : l’agriculteur est-il en train de devenir un simple livreur ?
De fait, l’agriculteur se trouve considérablement isolé dans ses relations commerciales, face à des acheteurs de plus en plus concentrés.

Concrétiser le projet d’une organisation renouvelée par, et pour les
agriculteurs

La FDSEA et JA des Hautes Pyrénées travaillent ardemment, au rééquilibrage des rapports de force au sein des filières avec, comme point central, la place et le pouvoir du maillon production.

Dans toutes les filières, la FNSEA et JA défendent le projet d’une organisation économique renouvelée par, et pour, les agriculteurs. Le levier de cette organisation nouvelle des filières est le rassemblement des agriculteurs au sein d’organisations de producteurs (OP), qui elles-mêmes pourraient se regrouper en une association d’organisations de producteurs (AOP). L’objectif est de créer une force vive, économique, purement amont.

Concrètement, quels intérêts les agriculteurs peuvent-ils retirer de la mise en place d’un tel schéma ?

• Retrouver du pouvoir de négociation grâce à une première mise en marché forte ;
• Gérer les marchés collectivement et solidairement par la mise en place d’outils
professionnels de régulation des marchés ;
• Mettre en place des relations contractuelles négociées collectivement, pour l’ensemble des producteurs d’une même filière.

Le projet d’organisation des producteurs trouve actuellement un écho particulier dans la filière laitière. En effet, non seulement les instruments de gestion des marchés ne permettent plus aux producteurs de lait de faire face aux aléas de marchés (le retournement des marchés laitiers entre 2007 et 2008 a été excessivement brutal), mais de surcroît l’organisation interprofessionnelle a été mise à mal suite à un coup de semonce de la DGCCRF. À cela, rajoutons que l’Europe reste très fermée à un renforcement des interprofessions, malgré l’intense lobbying mené par la France.

Nous refusons que les producteurs de lait soient purement et simplement renvoyés à une relation contractuelle individuelle avec les transformateurs ! Si ce n’est de l’intégration, c’est au moins de l’abus de dépendance économique ! La structuration collective des producteurs, autour d’OP, elles-mêmes réunies en une AOP, est une étape indispensable pour mettre en place des relations contractuelles collectives entre les producteurs et les entreprises. Les producteurs de lait doivent également garder la main sur la gestion des volumes, dans la perspective de suppression des quotas, dès 2015. En effet, il n’y a guère d’illusions à avoir : l’Europe, et nombre de ses États membres ne feront certainement pas marche arrière sur la décision de supprimer les quotas.

Les agriculteurs ont la volonté de concrétiser le projet d’une organisation collective de la première mise en marché : la loi de modernisation de l’agriculture devra impérativement offrir tous les leviers nécessaires pour une réelle organisation de la production !

Rétablir l’équité entre tous les maillons de la filière : pour une transparence des Marges

La FDSEA et JA des Hautes Pyrénées veulent que le maillon production s’impose comme un acteur incontournable de la filière ; face aux industriels, certes, mais aussi face à la grande distribution, qui répercute intégralement les hausses des produits agricoles aux consommateurs, mais rien quand les prix des matières premières baissent !

"Dès le début de l’année 2008, nous réclamions plus de transparence sur les marges ! Nous dénoncions alors les marges exorbitantes de la grande distribution, l’impossibilité du secteur agricole à répercuter le coût de la hausse des matières premières, et aussi l’inertie des autorités de la concurrence face aux pratiques inadmissibles de la grande distribution ! La Loi de Modernisation de l’Économie (LME), intervenue en août 2008, a pourtant accordé un pouvoir de négociation encore plus grand à la grande distribution !"

L’opération vérité sur les marges, menée par la FNSEA et les JA en juin 2009, a permis d’obtenir, notamment, la mise en place de véritables brigades de contrôle de la DGCCRF pour vérifier l’application effective des dispositions de la Loi de Modernisation de l’Économie (LME), et une accélération des travaux de l’observatoire des prix et des marges.

La FDSEA et JA des Hautes Pyrénées rappellent que les travaux réalisés via l’observatoire des prix et des marges doivent servir à instaurer une concurrence saine et loyale entre la grande distribution et ses fournisseurs, pour une meilleure répartition des marges tout au long de la filière !

Conclusion

Grâce à nos actions, la FNSEA a obtenu du Gouvernement une future Loi de Modernisation de l’Agriculture. La FDSEA et JA du Finistère demandent à tous les élus d’en faire un texte ambitieux pour une agriculture moderne, dynamique et durable. Nous serons les interlocuteurs privilégiés des Pouvoirs publics pour mener ce chantier, dans le respect des valeurs du monde agricole.

Mais le syndicalisme n’attendra pas tout de l’État pour sortir les producteurs de la crise. La FDSEA et les JA comptent sur ses propres forces vives, car nombreux sont les producteurs voulant aller de l’avant, animés par la passion de leur métier. Défendre le revenu du producteur, et faire en sorte que ce dernier ne soit pas qu’un simple livreur a été et sera toujours notre ligne de conduite. L’unité du monde paysan sera un levier déterminant pour le renforcement du maillon production.

L’heure n’est certainement pas à la division, ni à l’opposition, mais à la solidarité. La FDSEA et les JA des Hautes Pyrénées sont des lieux d’échanges, et de réflexions, qui ne pratiquent pas la pensée unique : le syndicalisme est riche de la diversité de ses adhérents. Les projets ne peuvent se construire qu’avec l’ensemble des paysans, en s’appuyant sur des responsables engagés, des équipes soudées, et cela, pour toutes les productions !