Une transhumance de plus vers les estives d’Estaing

Comme c’est la règle depuis des siècles dans la Bat de Bun et le Val d’Azun, les troupeaux doivent quitter la vallée le 1er juin pour laisser pousser l’herbe qui sera fauchée pour servir de nourriture l’hiver. C’est ce qui s’est passé ce samedi matin au départ d’Arcizan-Dessus. Mais contrairement aux décennies passées, des randonneurs sont là pour accompagner les bergers.

La préparation au voyage

A l’entrée du village d’Arcizans-Dessus, la fontaine. Un point d’accueil improvisé avec café et boissons pour accueillir les randonneurs. Une prairie fauchée prématurément fait office de parking. Un minibus est prévu pour ramener tout ce monde au point de départ. Plus haut dans le village, les sonnailles se font entendre. Une visite chez Bertrand Gerbet. Il compte les brebis qui partiront et met d’autres sonnailles aux brebis partant en vacances. Plus haut encore, chez Dominique Cazajous, même rituel. Puis c’est le départ . Tout le monde quitte la bergerie. On se regroupe devant la fontaine à la sortie du village. Pierre Gerbet, le maire, éleveur à la retraite, explique aux randonneurs ce qui va se passer. Quelques conseils pour accompagner. Et à sa grande surprise, il est applaudi. 8h30, on quitte le village.

Plus loin, c’est Loïc qui a, lui aussi, préparé ses brebis. Des randonneurs attendent le grand départ. « On va les mélanger avec celles de Bertrand » dit-il. Ça devient une affaire de famille entre cousins. « C’est la dernière transhumance de Marcel. Il arrive derrière ». Quelques coups de téléphone et l’ensemble des bergers à la tête de leur troupeau se coordonnent. Parce que au 21ème siècle, on peut être berger, jeune et utiliser la technologie moderne.

Un pastoralisme toujours actif

Dix éleveurs dont 5 jeunes pour un total de 1200 brebis sont sur la route. Pas d’arrêt au village d’Estaing. Montée directe au lac où la fête est prévue. Chants, repas, démonstration de tonte, de chiens de bergers et le marché des producteurs sont au rendez-vous apprécié des touristes et randonneurs. Mais discrètement un malaise...
« Tu sais où est l’ours ? » C’est l’inquiétude pour tous. « Il est au Pays Toy, Capou monte ses brebis au Lisey (Cauterets) aujourd’hui, il va venir. Le garde-manger est plein ». Mais cette année, il semble que la mobilisation pourrait bien être plus forte. Personne n’est décidé à se laisser faire.... Attendons !

Ce soir, les brebis poursuivront le voyage. Les unes vers Pla de Prat, les autres vers le Barbat et Ilhéou. Une nouvelle page des estives s’ouvre. Un peu comme un livre... C’est justement ce qu’ont fait Raphaëlle et Philippe... Une transhumance originale à découvrir. Suivons-les.... c’est nouveau http://www.deplainesenvallees.com/

Louis Dollo