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Ouverture des premières rencontres pyrénéennes des territoires et des savoirs

vendredi 18 novembre 2011 par Rédaction

Hier matin, se sont ouvertes les premières rencontres pyrénéennes des territoires et des savoirs organisées par l’ADEM (Association Départementale d’Économie Montagnarde) et l’ASPP 65. A cette occasion, Marie-Lise Broueilh, présidente de l’ASPP 65 a bien voulu répondre à nos questions en préambule aux échanges qui se déroulent à la salle des fêtes d’Ayzac-Ost avec une centaine de personnes.

Marie-Lise Broueilh est connue comme éleveuse d’ovins pour avoir mené l’AOC Barèges-Gavarnie, pour ses activités dans le cadre de la Chambre d’Agriculture et pour son combat dans la défense des éleveurs face aux grands prédateurs comme l’ours. Mais elle est aussi sociologue, ouverte aux milieux universitaires, lui permettant ainsi de faire le lien entre recherche et activités de terrain.

Après avoir laissé faire les autres, les acteurs des Pyrénées se prennent en mains depuis quelques années pour résister aux décisions qui se prennent sans eux. Ces rencontres participent, avec d’autres, à cette prise de conscience.

Trois questions lui ont été posées pour nous éclairer sur ces rencontres.

Pourquoi organiser les rencontres pyrénéennes des territoires et savoirs ? D’où vient cette idée ?

M.L. B  : La genèse de cette opération vient du fait qu’il y a plus de 10 ans les territoires pyrénéens étaient considérés comme des territoires perdus, loin de tout, marginalisés sur le plan économique, social et culturel. Ces montagnes étaient destinées aux activités touristiques et récréatives. Un espace qui a pour vocation d’être la cour de récréation. En dehors des espaces récréatifs, les montagnes et vallées pouvaient être ensauvagées en mettant entre parenthèse les activités agricoles et pastorales qui ont contribué, au cours des siècles, à la construction de ces territoires et de ces paysages.

L’ASPP 65 et l’ADEM ont toujours revendiqué le fait que les Pyrénées ne sont pas des montagnes sauvages mais un patrimoine remarquable sur lequel s’exercent des activités humaines nombreuses, notamment pastorales aux côtés d’autres activités artisanales, commerciales, touristiques, sportives, etc... Nous défendons cette mosaïque d’activités qui a toujours existé en s’adaptant aux évolutions culturelles, sociologiques et économiques. Il faut donc répondre à des questions d’équilibre en prenant tout ces paramètres qui participent à l’avenir des territoires. Nous ne pouvons pas nous limiter à un seul.

L’intérêt de ces rencontres c’est d’en faire un lieu d’échanges et de débats et montrer l’interaction de l’histoire, le pastoralisme, les races d’élevage, etc.... et les personnes impliquées dans des actions économiques avec les décideurs des collectivités afin de donner de la matière pour répondre aux questions du présent et du futur.

Échanges, débats et mise en valeur d’actions qui s’inscrivent dans la continuité mais aussi la modernité avec de nouveaux outils. Ces rencontres doivent être un vivier d’échanges et de propositions pour l’avenir dans un cadre de développement durable comme les populations pyrénéennes ont toujours su le faire depuis des milliers d’années.

A qui s’adresse ces rencontres ?

M.L. B  : Elles s’adressent aux élus territoriaux, aux responsables et acteurs agricoles, touristiques, techniciens, etc... qui sont concernés par le développement de leurs vallées ou villages. Nous voulons développer un espace qui participe à créer des liens sociaux qui existent déjà depuis très longtemps et qui risquent d’être perturbés par l’évolution de l’organisation territoriale créant un élargissement des structures de décisions. Comment y participer ? Dans le passé, il y avait déjà des communautés de vallées, des relations entre elles y compris avec le versant sud comme l’Aragon. Le développement économique, social et culturel s’est toujours fait autour de l’élevage qui a permis de créer et maintenir les paysages, véritable produit touristique. C’est sur ce socle que nous devons nous appuyer. Et il faut sans cesse repenser ce postulat avec les acteurs et les décideurs locaux. Nous nous adressons donc à tout le monde. La porte est ouverte toute la journée, Chacun peut y venir le temps qu’il souhaite.

Jusqu’à maintenant vous étiez sur un terrain revendicatif par rapport à l’ours. Y a-t-il un changement de politique et d’orientation de l’ASPP 65 ?

M.L. B  : : Dès le départ, nous avons réagi au programme d’introduction d’ours imposé dans des conditions inacceptables.
Le problème de fond de l’ours est l’arbre qui cache la forêt.
Toute la politique de l’ours a été montée sur l’idée d’une réduction, voir disparition, des activités d’élevage en les remplaçant, d’une part, par des activités récréatives et touristiques dans des espaces limités et, d’autre part, laisser de la place à des espèces sauvages « visitables » dans des milieux ensauvagés et abandonnés. La poursuite de l’élevage empêcherait cette évolution et perturberait le milieu. Fallait-il accepter ce changement imposé ? L’enjeu en valait-il la chandelle ?

Tous les rapports de scientifiques confirment que l’activité agropastorale participe au maintien et à l’extension de la biodiversité. Nous n’avons donc pas de leçons à recevoir dans ce domaine tant nos activités sont exemplaires en terme de pratiques raisonnées, de qualité de nos produits, de relations socio-économiques...

Dans notre cadre revendicatif et d’opposition aux introductions d’ours, nous avons toujours été en quête de fond, toujours sur la même base du refus d’ensauvagement avec cette question : que voulons-nous faire de ces territoires ? Nos positions ont souvent été déformées par des propos fallacieux sur ce que nous faisons. Peu importe ! Nous nous opposons toujours à des actions qui sont à l’opposé du développement durable de nos vallées qui ne se limitent pas et de ne doivent pas se limiter à la défense d’une seule espèce sauvage sans tenir compte des aspects sociaux, économiques et culturels. Notre socle de développement étant le pastoralisme, comme c’est le cas depuis des millénaires, il a toujours été et il est toujours incompatible avec la présence de grands prédateurs ours ou loups.

Sur le fond, il n’y a pas, aujourd’hui, de changement d’orientation avec le passé. Notre action se poursuit dans le cadre de l’ADDIP, coordination pyrénéenne, et nous soutenons les combats de nos voisins notamment dans le Couserans et le Béarn. Nos adversaires n’ont rien à proposer de nouveau sur les pratiques pastorales. Ils ont toujours le même discours depuis plus de 30 ans sur des pratiques qu’ils ne connaissent pas et qui ont fait la preuve de leur totale inefficacité. Nous avons une histoire et un savoir faire que nous développons avec des moyens modernes qui évoluent tous les jours en respectant notre milieu. Nous n’avons pas de leçons à recevoir de personnes qui ne possèdent ni l’histoire ni le savoir. Actuellement, ce qui nous semble impératif, c’est de poursuivre cette pédagogie et être une force de propositions en développement durable.

Recueilli par Louis Dollo

Nous apprenons que par arrêté préfectoral du 30 août 2011, l’ASPP 65 est devenue une association de protection de l’environnement. Un premier arrêté avait été annulé par le tribunal administratif de Pau suite à un recours de FNE pour une question de forme. L’ASPP 65 a donc aujourd’hui reçu la reconnaissance de la qualité de son travail par les pouvoirs publics.