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Tolérance zéro : la lutte renforcée contre les stupéfiants dans les Hautes-Pyrénées

jeudi 12 juin 2025 par rédaction

Un engagement renforcé dans la lutte contre les stupéfiants : tolérance zéro.

Ce mercredi, le préfet Jean Salomon a animé une conférence de presse dans les salons de la préfecture, cette rencontre était dédiée à la lutte contre les usages et les trafics de stupéfiants dans les Hautes-Pyrénées. En présence des forces de sécurité intérieure dont Vincent Gore DDSP et le colonel Pierre Simon pour la gendarmerie et du Docteur Petit-Collin qui est intervenu sur les risques sur la santé liés aux drogues.

Jean Salomon a souligné une corrélation directe entre l’augmentation des patrouilles pédestres et le nombre croissant d’amendes forfaitaires délictuelles. Ces patrouilles en étant présentes sur le terrain ont la capacité de constater des infractions et de verbaliser immédiatement les contrevenants. L’objectif est clair : rendre la consommation de drogues, notamment le cannabis, financièrement dissuasive, avec des amendes pouvant alourdir le coût d’un petit sachet de cannabis. Il a insisté sur la nécessité de ne pas banaliser cette substance qui demeure illégale. « C’est un sujet de santé publique, il est crucial de rester vigilant », a-t-il déclaré. Bien que le tabac soit légal, il souligne les dangers inhérents aux drogues comme le cannabis et les amphétamines.

Le préfet a également évoqué l’importance des signalements citoyens. Selon lui, les plaintes concernant des attroupements ou des comportements suspects ne sont pas laissées sans suite ; elles alimentent le travail des forces de l’ordre, qu’il s’agisse de la police ou de la gendarmerie. « Nous prenons ces préoccupations au sérieux et les partageons avec les services compétents », a-t-il ajouté, précisant que ces informations contribuent à renforcer les actions de la Brigade de Sécurité Intérieure (BSI) et au  moment où il y a une opération, on essaye que la réponse judiciaire soit la meilleure possible. « La perte d’un moyen de transport, qu’il s’agisse d’une trottinette, d’un scooter ou d’une voiture, peut être frustrante, mais nous ne céderons pas sur ce point ».

Vincent Gore, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), a indiqué une hausse des infractions liées aux stupéfiants en 2024 et 2025, attribuée à une intensification des recherches. Il insiste sur la nécessité d’une approche proactive pour éviter de croire à une situation sous contrôle. Au commissariat de Tarbes, quatre enquêteurs se consacrent exclusivement à la lutte contre les drogues depuis janvier 2024, en collaboration avec le parquet pour surveiller les points de vente. Le DDSP souligne l’évolution des méthodes de vente, favorisées par les réseaux sociaux, qui ont rendu les transactions plus discrètes et rapides, compliquant ainsi les enquêtes, bien que celles-ci demeurent efficaces.

La DDPN a mis en place une politique de tolérance zéro, sanctionnant les consommateurs de cannabis avec des amendes forfaitaires de 200 euros sur la voie publique. Ce dispositif a entraîné une augmentation des amendes, tandis que des enquêtes plus approfondies ciblent les vendeurs pour démanteler les réseaux de vente. Il a indiqué que plusieurs incarcérations de vendeurs et de complices avaient eu lieu.

Il a également mentionné la possibilité de confiscation des biens utilisés pour les infractions, notamment des véhicules. La lutte contre les stupéfiants est présentée comme une priorité face à la banalisation de la consommation, notamment du cannabis, en raison de ses effets sur la santé et les nuisances publiques, justifiant ainsi une action quotidienne dans des villes comme Tarbes et Lourdes. « L’engagement dans cette lutte ne connaît pas de limites ».

Pierre Simon, colonel de gendarmerie, tire un constat alarmant sur l’évolution de la consommation de drogues, similaire à celui observé dans les zones policières. Selon lui la banalisation du cannabis et de la cocaïne devient de plus en plus évidente. Face à ce phénomène croissant les efforts de prévention notamment auprès des jeunes prennent une place cruciale pour les sensibiliser aux dangers liés à ces substances. Cependant, la réponse ne se limite pas à l’information, une présence renforcée sur le terrain est essentielle. « Rien ne vaut les patrouilles pédestres », insiste-t-il, avant d’ajouter que des mesures répressives sont également nécessaires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis le début de l’année, plus de 5000 dépistages ont été réalisés et les saisies de drogues ont augmenté de 20 %, tant pour le cannabis que pour la cocaïne. Ces actions se déploient aussi bien sur la route que par le biais d’opérations judiciaires ciblées.

Deux opérations marquantes illustrent cette dynamique. En mars une intervention dans la périphérie de Tarbes a permis d’interpeller cinq revendeurs s’approvisionnant principalement en Espagne. Ces individus soupçonnés d’arroser la zone gendarmerie ont conduit à la saisie de 60 grammes de cocaïne et de 126 000 euros en liquidités. Quatre des cinq suspects ont depuis été placés sous mandat de dépôt.

Dans un autre cas, à Cauterets une bagarre a révélé un trafic de stupéfiants et un règlement de comptes sous-jacent. Sept personnes ont été arrêtées entraînant la saisie de plus de 12 000 euros en numéraire. Parmi elles, trois ont été incarcérées et une autre placée sous contrôle judiciaire.

Les résultats de ces actions sont significatifs. Au 31 mai 2025, les avoirs criminels récupérés s’élèvent à 251 762 euros depuis le début de l’année, montrant une augmentation alarmante par rapport à l’année précédente. La lutte contre le trafic de drogue continue de se renforcer pour endiguer cette banalisation préoccupante.

Lors de cette conférence de presse le préfet a révélé que seulement 1,14 % des contrôles d’alcoolémie effectués se sont révélés positifs, tandis que ce taux grimpe à 5,5 % pour les contrôles de stupéfiants. Ces données suggèrent une disparité notable dans les taux de positivité, même si moins de contrôles sont réalisés pour les stupéfiants que pour l’alcool. En valeur absolue, cela se traduit par 278 contrôles positifs pour les stupéfiants, contre 273 pour l’alcool. Cette situation met en lumière un enjeu de santé publique, soulignant la nécessité d’une attention accrue envers la consommation de drogue sur la route.

Le docteur Petit-Collin a présenté l’analyse de la consommation de drogues en France. Focus sur le cannabis et la cocaïne.

« En France, le paysage de la consommation de stupéfiants est préoccupant, particulièrement en ce qui concerne le cannabis et la cocaïne. Selon l’Observatoire Français des Drogues et des tendances addictives (OFDT), environ 21 millions de personnes, soit près d’un tiers de la population française, ont expérimenté le cannabis au moins une fois dans leur vie. Ce chiffre, bien que élevé, ne reflète pas nécessairement une consommation problématique au quotidien.

Actuellement, l’OFDT estime que 1,4 million de français consomment régulièrement du cannabis, avec 900 000 personnes le faisant quotidiennement. Les statistiques stables depuis 2014 montrent que 10,8 % des adultes âgés de 18 à 65 ans consomment du cannabis au moins une fois par an. Bien que le nombre d’expérimentateurs soit important, il n’y a pas d’augmentation notable des consommateurs réguliers. En revanche un phénomène alarmant émerge : le nombre de consommateurs problématiques est en hausse. Ces individus, souvent qualifiés d’addicts, perdent le contrôle de leur consommation ce qui peut entraîner des conséquences graves sur leur vie quotidienne. L’addiction souvent perçue comme un mal extrême peut se manifester sous des formes plus subtiles. Par exemple un individu qui choisit d’acheter du cannabis plutôt que d’assumer ses responsabilités familiales peut déjà être en situation d’addiction. Les comportements liés à la consommation de substances sont plus courants qu’on ne le pense et de nombreux individus peuvent se reconnaître dans ce schéma ».explique le docteur

Le Docteur Petit-Collin a ensuite fait état des conséquences de la consommation de cannabis

«  Les conséquences de la consommation de cannabis ne se limitent pas à la personne mais affectent également l’entourage. Les troubles psychiatriques en particulier ceux liés à la schizophrénie se révèlent de plus en plus fréquents chez les jeunes consommateurs. L’accès précoce au cannabis chez les adolescents et pré-adolescents pose un risque accru entraînant des décompensations psychiatriques plus précoces.

Des études, comme celle réalisée au Canada après la légalisation du cannabis en 2018, indiquent une augmentation significative des cas de schizophrénie, multipliant par trois le nombre de diagnostics. Ces pathologies graves nécessitent des traitements lourds et peuvent engendrer des comportements violents, contribuant ainsi à une insécurité accrue.

En outre, des recherches récentes remettent en question l’idée que le cannabis favorise le sommeil. Une étude sur 15 000 étudiants a révélé que ceux qui fumaient du cannabis le soir avaient deux fois plus de chances d’être insomniaques, contredisant l’idée reçue que le cannabis aide à s’endormir.

Les urgences pédiatriques rapportent également une augmentation des cas d’intoxications au cannabis chez les jeunes enfants, souvent dues à un accès facile à la substance dans leurs foyers. De plus, des syndromes tels que l’hyperémèse cannabique, caractérisés par des douleurs abdominales et des vomissements, émergent également chez les consommateurs fréquents. Les dangers du cannabis ne se limitent pas à ses effets immédiats. Les risques pour la santé notamment le cancer du poumon sont souvent minimisés avec l’idée préconçue que seul le tabac en est responsable. Pourtant, des études montrent que le cannabis en lui-même présente une toxicité qui peut conduire à des formes de cancer plus agressives ».

En conclusion, la consommation de cannabis en France est bien ancrée dans la culture mais les conséquences sur la santé mentale et physique ainsi que sur la société sont alarmantes. Une prise de conscience collective est indispensable pour aborder ce problème de manière efficace.

Pour conclure, le préfet a martelé que pour les stupéfiants c’était tolérance zéro.

Nicole Lafourcade