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Retour sur le match Lannemezan-Tarbes

lundi 14 octobre 2019 par Rédaction

La leçon de rugby de Fédérale

D’abord pour que les choses soient claires Lannemezan a mérité sa victoire et a donné une leçon de rugby à Tarbes au niveau de l’engagement, de l’envie, du jeu au pied d’occupation et de pression et même au niveau du jeu, avec un peu plus de continuité dans les actions. Mais une leçon de rugby de Fédérale, où le vice, l’expérience, pour déstabiliser l’adversaire, comptent autant que l’engagement et l’agressivité. Toute cette panoplie de rugby de terroir, crachats, mauvais coups dans les regroupements, tirages de maillots, ont été bannis du rugby professionnel avec l’arbitrage vidéo, qui va aussi arriver en Pro D2. Les Tarbais, depuis vingt ans, ont été nourris à un autre rugby, moins mesquin et ses joueurs, formés, dès les Minimes et les Cadets, à jouer en National, ne connaissent pas toutes ces subtilités apprises dans le championnat domestique où les valeurs de combat sont poussées à l’extrême. Les Espoirs de Tarbes, à part Noyé, ont joué au Plan National et n’ont pas été nourris à ce rugby de tranchées au niveau des regroupements. Les seuls Tarbais expérimentés, à ce niveau, Pérez et Prétorius étaient sur le banc. Camy, c’est l’exception, il vient de la Section Paloise mais il a appris les bases à Bizanos, qui emploie les mêmes arguments que Lannemezan.

Un derby ça se gagne quels que soient les moyens

« Un derby ça se gagne…. On mettra tous les moyens pour arriver à gagner… On fera tout pour gagner ce match… ». Ces propos d’avant match, reflètent bien cet état d’esprit. On peut tout reprocher à Christophe Dulong mais c’est avant tout un vrai guerrier, un véritable spécialiste de la déstabilisation de l’adversaire qui sait faire jouer les ressorts spécifiques à ce derby. Idem pour son compère Christophe Scheider, nourri aux mêmes mamelles. Techniciens non dénués de talent, ce sont aussi deux meneurs d’hommes de caractère. Tarbes se devait-il, de répondre avec les mêmes arguments, on en doute. Les Tarbais ne sont pas assez aguerris pour ne pas se faire attraper et prendre des cartons, s’ils se rendent. Ce que les arbitres passent aux « petites équipes amateur » ils ne le passent pas « aux grosses équipes professionnelles. » Paget le seul tarbais à avoir mis un peu de virilité dans un regroupement pour remettre de l’ordre, a pris un carton jaune. Alors que d’autres comportements, plus dangereux, n’ont pas été sanctionnés de l’autre côté, ou à minima, par un simple carton jaune. Alors qu’un coup de genou dans un regroupement, c’est carton rouge ! Les Tarbais devront trouver la juste mesure, car incontestablement, ils ont trop été dans la retenue au niveau de l’agressivité et de l’engagement, non par crainte physique, mais pour éviter l’expulsion. Car les consignes avaient été donnée de ne pas répondre aux provocations et de se concentrer sur le jeu.

Du côté de Lannemezan : Joie et jubilation

La joie et la jubilation sont immenses, les joueurs ont communiés avec leur public comme aux plus beaux moments de l’Histoire du CAL est de ses titres. Au plus profond du trou contre Blagnac, les Lannemezanais sont sur le toit de l’Olympe après cette victoire incontestable et incontestée contre Tarbes. Le staff, s’est servi du ressentiment historique, mais il a aussi misé sur le désir de revanche des joueurs venus récemment de Tarbes ; Bonnecarrère, Paris, et Mathieu Ducau.

Thibauld Paris : On est content, on a pris 4 points contre une équipe pro

L’ancien tarbais, savoure au milieu de sa famille cette seconde victoire contre son ancien club et donne les clés de cette réussite. « Il fallait qu’on y soit plus dans l’engagement qu’eux, parce que c’est à domicile et que c’est un derby. Il fallait qu’on soit supérieur à eux dans l’engagement et dans l’envie, c’était obligatoire pour pouvoir jouer derrière et imposer notre jeu. » Le troisième a cependant quelques regrets. « C’est dommage, on a le bonus jusqu’à trois minutes de la fin. On parle un peu trop et on se fait retourner la pénalité, à la fin, alors qu’on peut reprendre le bonus. Mais on est content, on a pris 4 points, contre une équipe pro qui s’entraîne tous les jours. »

David Bonnecarrère : Le seul point négatif, c’est qu’on a perdu le bonus

Sa sortie triomphale, a montré que l’ancien tarbais, a conquis le public du Plateau. Le troisième ligne, qui était sorti meurtri par la défaite la saison dernière pouvait savourer ce derby dans le camp du vainqueur. « Cette fois j’étais du bon côté (rires…). On ne les a pas pris que dans l’intensité, on les a étouffés, on a joué, on ne les a pas laissés revenir dans le match. On a mis tous les ingrédients qu’il fallait et ils n’ont pas eu de ballons. » En ayant changé de camp, David Bonnecarrère, a ressenti la même impression que l’an passé, mais de l’autre côté. « De suite, on les a agressés physiquement, dans le bon sens du terme, et on a vu qu’au fur et à mesure du match, ils baissaient les bras. A la mi-temps, on s’est dit qu’il ne fallait rien lâcher parce qu’ils allaient mettre de l’agressivité et qu’il ne fallait pas commettre l’erreur, comme à Fleurance, de les laisser revenir. Il fallait encore appuyer plus dur sur la pédale et c’est ce qu’on a fait. Le seul point négatif, c’est qu’on perdu le bonus. »

Christophe Schneider : On a prouvé qu’on pouvait jouer

L’entraîneur de Lannemezan était inquiet avant le match alors que son équipe n’a jamais été mise en danger de toute la rencontre. « Oui, on avait quelques inquiétudes. Après on a bien préparé ce match. On a travaillé sur leur équipe, tout en s’occupant de nous. On a réussi, ce qu’on avait mis en place aux entraînements. On a mis l’engagement qu’il fallait que ce soit devant ou derrière, c’est tout. » Les Tarbais ont été pris en conquête mais aussi dans le jeu. « On a fait beaucoup de jeu. Je pense qu’on a une équipe qui bouger le ballon et on a bougé le ballon. On a prouvé qu’on pouvait jouer et ça va nous donner beaucoup de confiance. »

 

Du côté de Tarbes : Tristesse, honte, humiliation et récriminations

Les murs des vestiaires ont résonné après la grosse colère présidentielle. Les Tarbais sont passés complètement à côté de leur match et ont offert une triste image. La fébrilité tarbaise s’est faite sentir en début de match, avec des ballons perdus en touche sur ses propres lancers, dont un dans les 22 m de Lannemezan. Sur un dégagement contré mais heureusement sans aucune conséquence. Des Tarbais qui n’ont jamais pu se dégager de cette pression et qui n’ont jamais pu mettre leur jeu en place. Un sentiment d’humiliation, de honte mais aussi de récrimination contre certains gestes ou attitudes d’intimidation, régnait dans les vestiaires tarbais. Des Tarbais humiliés par cette première mêlée en seconde mi-temps où ils sont passés cul par-dessus tête en supériorité numérique. Une mêlée pas catholique où les deux piliers de Lannemezan ont croisé pour pousser, en travers, ensemble sur le talonneur. Ce qui est strictement interdit et dangereux. D’ailleurs O’Flynn a eu le coude luxé sur l’action. Des Tarbais partagés entre l’envie de répondre et de se faire respecter, au risque de le payer en cartons, ou de laisser faire en laissant à l’arbitre le soin de faire la police. Ils ont choisi la seconde solution et au final, ça s’est traduit par un manque d’engagement, notamment en défense et dans les zones d’affrontement. En tout cas, les Tarbais sont décidés à ne plus rééditer ce genre de comportement et à ne plus laisser marcher sur les pieds. Les Tarbais ont pris conscience qu’ils seront attendus partout, en tant que grand nom du rugby français, en tant qu’équipe composée de joueurs professionnels. Les faire tomber est un authentique exploit pour les « Petits Poucets » qui sont souvent regardés avec un regard compatissant par les arbitres. Les débuts tonitruants à Graulhet, sont à oublier au plus vite sous peine de nouvelles désillusions. Les Tarbais ont oublié, à Blagnac et à Lannemezan, les fondamentaux du rugby qui est, par essence un sport de combat collectif. Où le combat individuel doit s’additionner dans un collectif. Le jeu n’est que l’aboutissement du combat et non l’inverse.

Léandro Pérez : On n’a pas répondu dans le combat

L’Argentin, du haut de ses quatre saisons et de ses 79 matchs de Fédérale 1, avec Strasbourg et Chambéry, était, à 31 ans, un des joueurs tarbais les plus expérimentés. Comme d’habitude, le troisième ligne ne s’est pas défilé pour répondre malgré la défaite qui fait mal surtout dans la manière. « Franchement, on n’a pas joué. On n’a pas fait ce qu’on avait préparé dans la semaine. On n’a pas répondu dans le combat. Eux, ont proposé un peu de jeu et ont imposé leur rythme de jeu en première mi-temps. Ils savaient que si on écartait le ballon en mettant de la vitesse, on allait être au dessus. Ils ont toujours maîtrisé la vitesse du jeu à un rythme qui ne nous convient pas et on n’a pas su réagir. Ils nous ont fait du mal avec du jeu au pied et on n’a pas su sortir de chez nous proprement, pour enclencher derrière notre système de jeu. En seconde mi-temps, on propose un peu plus d’arguments et de fierté mais c’est trop tard. »

Yannick Vignette : Je n’ai pas reconnu mon équipe

L’analyse du Manager tarbais est lapidaire. « L’énergie était à sens unique du côté de Lannemezan et pas de notre côté. Je n’ai pas reconnu mon équipe aujourd’hui, on n’avait pas d’énergie. »

William Pees : On a tous subi, on est tous à mettre dans le même sac

L’ouvreur, est peut-être le plus déçu de tous, car il rêvait de prendre sa revanche et sa participation, après un carton rouge, était presque miraculeuse. Tous les voyants paraissaient au vert, même le public semblait un peu moins nombreux et un peu moins vindicatif. « On n’a pas du tout ressenti la pression du public. » La faute plutôt à la pression imposée par les Lannemezanais sur le terrain. « Ils ont joué leur jeu et on est un peu tombé dedans. » Comme à son habitude William Pees appelle un chat un chat et dit ses quatre vérités. « J’ai l’impression qu’on s’est un peu dérobé, on est tous à mettre dans le même sac, moi, y compris. On a tous subi ce match, dans notre engagement, dans nos déblaiements, dans nos placages. On a attendu que ce soit le mec d’à côté qui mette de l’intensité. On s’est regardé jouer. On a fait deux trois passes mais sans décalage, sans rien et ça ne rimait à rien. » Les Tarbais devront revenir aux fondamentaux

s’ils ne veulent pas subir de nouvelles désillusions.

Ces matchs là vont nous faire grandir, c’est autre chose que du rugby

« La base du rugby, c’est devant. Il faut qu’on se file beaucoup plus devant. Qu’on soit beaucoup plus propre. On sait que c’est honteux, que c’est minable, ce qu’on a fait mais la saison est longue. C’est un marathon, pas un sprint. Ce n’est pas la fin du monde même si je sais que ce n’est pas facile pour les dirigeants. Nous allons charger également et il faut se remettre au boulot, fermer nos gueules et repartir. » L’an passé, les Tarbais avaient subi la même humiliation à Nafarroa avant de repartir sur de bons pieds à Oloron. « On a une semaine, pour montrer à tout le monde qu’on en a. Mauléon va nous proposer du combat, du jeu au pied. Ils ont des mecs qui savent jouer très simplement, qui ont des pattes et qui ont des mains, mais ça va être avant tout du combat. » La recette n’est pas compliquée. « C’est simple à préparer : Il faut juste de l’envie ! Juste du courage, ensemble et pas séparément, pas un par un. On est tous dans le même bateau et il faut aller faire péter Mauléon chez eux. » Le Béarnais sait que ce sera encore plus difficile qu’à Lannemezan. « Ça va être la guerre à Rodrigo, ils vont nous attendre. On va avoir un public encore plus fou, qui aime vraiment ses joueurs. Ils se connaissent tous et se mettent des bringues ensemble. C’est un village et ils vont jouer leur vie devant leurs fans, face à la grosse équipe soi-disant. On n’a rien d’une grosse équipe pour l’instant. On est de jeunes joueurs qui veulent apprendre et qui vont progresser avec le temps. Ces matchs là, vont nous faire grandir. C’est autre chose que du rugby. » Les Tarbais ont pris conscience qu’ils seront attendus partout, en tant que grand nom du rugby français, en tant qu’équipe composée de joueurs professionnels. Les faire tomber est un authentique exploit pour les « Petits Poucets » qui sont souvent regardés avec un regard compatissant. Les débuts tonitruants à Graulhet, sont à oublier au plus vitre sous peine de nouvelles désillusions. Les Tarbais ont oublié, à Blagnac et à Lannemezan, les fondamentaux du rugby qui est, par essence un sport de combat collectif. Où le combat individuel doit s’additionner dans un collectif.

Jean-Jacques Lasserre