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Polyclinique : la direction accepte les recommandations du médiateur, les salariés se sont rendus au siège de Médipôle à Bordeaux

vendredi 6 janvier 2017 par Rédaction

De nombreuses péripéties ont émaillé cette journée du 5 janvier 2017, dans le conflit social de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées à Tarbes. La direction a décidé jeudi soir d’accepter les recommandations du médiateur Pierre Martin, qu’elle avait dans un premier temps refusées. Les salariés en grève se sont déplacés à Bordeaux, où ils ont d’abord tenté d’envahir le siège opérationnel de Médipôle Partenaires, avant de se replier sur une clinique du groupe, Saint-Martin à Pessac. Une infirmière gréviste a pris la parole pour défendre le mouvement social, lors de la cérémonie des vœux du maire Gérard Trémège, qui a mis en cause « les professionnels de la contestation » avant d’appeler à la tenue d’un référendum au sein de la Polyclinique. En coulisse, les discussions se poursuivent entre les ministères et le groupe Médipôle Partenaires.

Une prime d’intégration pérenne et annuelle de 700 euros par salarié, à compter du 1er janvier 2017. Une prime de fin d’année pour 2016, portant le taux de la « Rémunération Annuelle Garantie » à 8,33, équivalent d’un treizième mois partiel. La direction de la Polyclinique de Tarbes a annoncé jeudi soir, dans un communiqué de presse, qu’elle acceptait ces deux recommandations du médiateur Pierre Martin, après avoir les avoir refusées le 26 décembre 2016. Cette décision pourrait peut-être permettre d’avancer vers la fin de la grève à l’Ormeau-Pyrénées. Un mouvement social qui passera le cap des 60 jours le 6 janvier 2017. Jeudi matin, les salariés en grève se sont retrouvés à la clinique de l’Ormeau-Centre, pour entendre la déléguée CGT de la Polyclinique, Laurence Charroy, relater la conversation téléphonique avec le cabinet du Premier Ministre la veille au soir, à la Préfecture de Toulouse. « Ils nous ont précisé qu’ils allaient de nouveau contacter la direction du groupe Médipôle Partenaires, pour organiser une réunion en vue d’aboutir à un protocole de fin de conflit. Ils doivent nous rappeler dans le courant de la journée à ce sujet ».

Une équipe de TF1 vient tourner un reportage sur la grève à la Polyclinique. Plusieurs personnes sont présentes pour soutenir les grévistes. Sur son vélo, Marcel, retraité, confie : « j’ai été soigné à l’Ormeau-Pyrénées et j’y ai trouvé des personnels disponibles et compétents. Il faut soutenir leur combat, pour que la santé ne devienne pas une marchandise ». Martine, une infirmière en grève, assure que les salariés « sont toujours motivés. Nous ne cèderons pas au chantage sur la prime de 300 euros pour reprendre le travail. Nous ne sommes plus des enfants à qui l’on pourrait dire : ‘si tu as été sage, tu auras un bonbon’, nous avons passé l’âge ! ». En attendant, les salariés en grève décident de partir à Bordeaux, pour tenter d’y rencontrer Jean-René Legendre, le DRH de Médipôle Partenaires. Arrivés devant le siège opérationnel du groupe, ils sont bloqués par les policiers. Le DRH refuse de les recevoir. Ils décident alors de rejoindre Pessac, où se trouve l’une des cliniques du groupe, Saint-Martin. Leur car est brièvement immobilisé par les forces de l’ordre. Ils regagnent les Hautes-Pyrénées dans la soirée.

A la même heure, la cérémonie des vœux du Maire de Tarbes, Gérard Trémège, se déroule devant plus de 500 personnes au Parc des Expositions. Comme il l’a fait le matin-même lors de ses vœux à la presse, le Maire évoque la situation de la Polyclinique. « Ce conflit doit s’arrêter. Il en va de la santé des patients, et de la vie de certains de nos concitoyens. Tout à l’heure, j’ai parlé avec une jeune femme à ce sujet ». Véronique, infirmière en grève, s’avance alors et répond à Gérard Trémège, devant le public médusé : « oui, et nous agissons pour que vous soyez soignés correctement ». Le Maire promet qu’il lui donnera plus tard la parole. Puis, il assure que deux tiers des salariés de la Polyclinique ne sont pas en grève. Gérard Trémège stigmatise « les professionnels de la contestation » et il propose l’organisation d’un référendum au sein de l’entreprise, pour que tous les salariés puissent s’exprimer. « Nous votons en permanence, lors des assemblées générales. Le problème, c’est l’Agence Régionale de Santé qui ne nous écoute pas », reprend la jeune infirmière. « La Polyclinique est à deux pas du précipice, il faut que le travail reprenne », conclut le Maire, tandis que l’un de ses collaborateurs va proposer à la jeune femme de rencontrer Gérard Trémège après les vœux. La cérémonie s’achève sur les applaudissements du public.

En attendant la rencontre avec l’élu local, Véronique explique ses motivations pour continuer la grève. « Dans les cliniques, la prise en charge des patients devient de plus en plus du ‘vite fait, mal fait’. On pleure en sortant du travail. A l’Ormeau-Pyrénées, j’ai parfois dû effectuer 200 heures par mois. Nous ne sommes pas manipulées par la CGT, nous nous battons pour avoir les moyens de mieux soigner nos patients. Le syndicat est juste là pour nous soutenir dans notre combat ». La jeune femme échange avec une infirmière, qui lui précise que « de nombreux médecins veulent à présent quitter la Polyclinique », avant de lui souhaiter bon courage. Un chirurgien retraité, qui a exercé plusieurs années à l’Ormeau-Pyrénées, évoque le temps où les médecins étaient actionnaires, et où « les bénéfices étaient redistribués aux salariés. A présent, c’est le profit qui compte. Je vous comprends, mais je pense que vous avez été desservies dans votre action par les drapeaux qui flottaient partout ». Une infirmière gréviste, Claudine, rejoint Véronique pour aller rencontrer Gérard Trémège. Elle est choquée par les critiques du Maire à l’égard du syndicat. « Cela fait 20 ans que j’ai mon diplôme d’infirmière. Je sais parfaitement que mes conditions de travail sont pénibles et que mon salaire est minable. Si je me suis engagée dans la grève, ce n’est pas parce que j’y ai été poussée par la CGT, mais tout simplement en raison du caractère insupportable de notre situation professionnelle. Monsieur Trémège n’est pas sur le terrain, il ne connaît pas nos réalités de travail. Il dit que nous sommes minoritaires parmi les salariés. Mais il ignore que beaucoup de filles nous soutiennent sans participer elles-mêmes à la grève, pour des raisons financières ». Les deux jeunes femmes vont ensuite rencontrer le Maire de Tarbes, encore remuées par les propos qu’elles ont entendu tenir en public sur leur mouvement social.

Un peu plus tard, la direction de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées envoie un communiqué aux médias, en annonçant qu’elle accepte les recommandations du médiateur Pierre Martin. « Pour nous, l’essentiel a toujours été la priorité donnée aux patients du département des Hautes Pyrénées. En conséquence, devant cette situation de blocage et malgré l’impact durable sur son équilibre économique, la direction prend ses responsabilités, retire ses propositions et décide d’accepter l’intégralité des propositions formulées par le médiateur.

Cette acceptation porte sur les recommandations en matière d’organisation du travail, qui avaient été validées dès les premières discussions, comme sur celles émises par le médiateur en matière salariale (RAG et prime d’intégration). L’accord des deux parties sur les recommandations du médiateur, telles qu’émises, vaudrait accord de fin de conflit. Pour la direction, les conditions sont désormais remplies pour une reprise du travail, dans l’intérêt des patients, qui doit prévaloir ». Un coup de théâtre qui ouvre peut-être la porte à une sortie par le haut de la grève pour les salariés de l’Ormeau-Pyrénées. Pendant ce temps, les ministères concernés poursuivent leurs discussions avec le groupe Médipôle Partenaires. Le suspense reste entier, après 60 jours de conflit social.

 

Jean-François Courtille

Diaporama