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Polyclinique : l’heure des recommandations après la brève invasion du site de l’Ormeau-Centre

mercredi 21 décembre 2016 par Rédaction

Le médiateur Pierre Martin a adressé mercredi après-midi ses « recommandations » aux salariés en grève et à la direction de la Polyclinique de Tarbes. Ils ont désormais huit jours maximum pour y répondre, mais les deux parties comptent communiquer très vite leurs réponses respectives. Ces recommandations sont compatibles avec la situation économique de l’entreprise, a indiqué le médiateur à la Préfète. Une réunion interministérielle a eu lieu mercredi midi au sujet de la Polyclinique, selon le président des Hautes-Pyrénées Michel Pélieu. Après la manifestation pour la santé publique à Tarbes, qui a réuni plusieurs centaines de personnes, la clinique de l’Ormeau-Centre, située sur le parcours du défilé, a été brièvement occupée. Une délégation des agents hospitaliers et des salariés de la Polyclinique a aussi été reçue par l’Agence Régionale de Santé à Tarbes. Les salariés en grève se retrouveront jeudi après-midi à la Bourse du Travail. La grève aura alors passé le cap des 45 jours.

L’ultime espoir de trouver une issue rapide au long conflit social de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées à Tarbes réside à présent dans le succès éventuel des recommandations rédigées par le médiateur Pierre Martin. Il a adressé mercredi après-midi ce texte aux salariés en grève et à la direction de l’établissement. Selon la Préfète Béatrice Lagarde, « le médiateur estime que ses recommandations sont compatibles avec la situation économique de la Polyclinique ». Elles ont commencé à être étudiées mercredi après-midi par les salariés grévistes réunis en assemblée générale à la Bourse du Travail de Tarbes. De son côté, la direction de la Polyclinique les étudie aussi. Aucune des deux parties, pour ne pas compromettre l’avenir de la concertation, n’a souhaité s’exprimer officiellement mercredi soir sur sa vision des recommandations. Mais elles prévoient chacune de se positionner dans un délai rapide. « Désormais, elles ont huit jours maximum pour répondre au médiateur », précise la Préfète. Les choses bougent aussi du côté des ministères. Michel Pélieu, le président des Hautes-Pyrénées, croisé mercredi après-midi à la préfecture, a précisé qu’une « rencontre interministérielle au sujet de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées a eu lieu mercredi midi ». Il attendait dans la soirée de mercredi un appel téléphonique pour connaître les conclusions de cette rencontre. 

La journée de ce mercredi 21 décembre a commencé par la manifestation pour soutenir la santé publique, qui a réuni plusieurs centaines de personnes entre la clinique de l’avenue des Pyrénées et la clinique de l’Ormeau-Centre. Les agents hospitaliers en grève des Hautes-Pyrénées ont rejoint pour l’occasion les grévistes de l’Ormeau-Pyrénées. Le cortège s’est ébranlé sous un doux soleil hivernal, accompagné en musique par une sono délivrant quelques succès du mouvement social comme « L’estaque » de Luis Llach ou « Salut à toi » des Béruriers Noirs. Christophe, agent hospitalier à Lannemezan, participe au défilé. « Nous faisons grève par solidarité avec le personnel de la Polyclinique. Mais aussi pour protester contre les Groupements Hospitaliers de Territoire, car nous voulons garder notre indépendance. Et enfin, pour dénoncer les lois qui pénalisent aussi bien le secteur privé de la santé que le secteur public. Nous déplorons la dégradation de la qualité des soins dans les Hautes-Pyrénées, qui découle des politiques d’austérité ». Arrivés devant la clinique de l’Ormeau-Centre, les manifestants changent brusquement d’itinéraire et s’engouffrent dans le hall de l’établissement. Ils se répartissent entre la cafétéria et le premier étage, pendant qu’un échange très vif se déroule entre un médecin présent, des grévistes et des militants syndicaux. Puis, François Dousseau, secrétaire général de l’UD CGT, prend un micro pour annoncer aux manifestants que les recommandations vont être envoyées par mail dans l’après-midi. Il enchaîne avec le discours initialement prévu pour l’arrivée de la manifestation place de Verdun à Tarbes.

« Notre système de santé est profondément malade du manque de moyens qui lui sont destinés. Mais aussi du captage des richesses issues de notre système solidaire de protection sociale, au profit de quelques-uns. Aujourd’hui, les conséquences de cette spoliation sont devenues insupportables, aussi bien pour les soignants que pour les populations confrontées à la maladie. Nous assistons une fois de plus à la démission du ministère de la santé, scandaleusement muet depuis le début du conflit, et maintenant du Premier ministre lui-même ». François Dousseau conclut en affirmant : « cette lutte sera gagnante parce qu’elle est juste et légitime ». Laurence Charroy, déléguée syndicale CGT de la Polyclinique, remercie les nombreux soutiens pour leur présence et leur assure que les salariés auront encore besoin de leur aide au cours des prochains jours. A ce moment, une délégation des agents hospitaliers et des salariés en grève arrive de l’Agence Régionale de Santé à Tarbes, où elle a été reçue un peu plus tôt par l’un des responsables locaux.

Michel Dabat, aide-soignant à l’hôpital de Lannemezan et co-secrétaire de la CGT Santé et Action sociale des Hautes-Pyrénées, prend à son tour la parole pour évoquer cette rencontre. « Nous avons fait transpirer lors de cette réunion l’insécurité sanitaire de notre département, liée à la fois au mouvement social de l’Ormeau-Pyrénées, et au Groupement Hospitalier de Territoire, qui découle de la loi santé. Nous n’arrivons plus à répondre aux besoins sanitaires de la population des Hautes-Pyrénées, car tous nos services sont saturés. Par exemple, le service de « gastro » de la Polyclinique est actuellement assuré par l’Hôpital de Lannemezan. Cela prouve que des missions de service public sont confiées d’ordinaire à la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées. Il serait temps que nos autorités de tutelle en tirent les conséquences, en termes de reconnaissance professionnelle et de rémunération pour les salariés en grève. L’ARS de Tarbes nous a écoutés, mais il nous a aussi précisé que la situation était entre les mains du ministère de la santé. Ajoutons que le siège de l’ARS est à Montpellier, loin des Hautes-Pyrénées ».

La direction de la Polyclinique, de son côté, appelle « au calme et à la raison ». Elle a « regretté la présence, au milieu des grévistes ayant envahi brièvement l’Ormeau-Centre aujourd’hui, de nombreuses personnes n’appartenant pas au personnel de l’établissement, même si nous comprenons qu’il s’agissait d’une fin de manifestation ». La direction évoque aussi les 70 personnes encore hospitalisées à l’Ormeau-Centre, ainsi que les 30 personnes en soins ambulatoires, qui ont « besoin d’une ambiance paisible et sereine ». Elle précise aussi qu’elle a reçu le pré-rapport de l’Agence Régionale de Santé, suite aux nombreux contrôles effectués ces derniers jours au sein de l’établissement. Un rapport qualifié par la direction de la Polyclinique de « positif ».

Dans le hall de l’Ormeau-Centre, Rachel, infirmière en grève, et deux de ses collègues, expliquent la raison de l’invasion-éclair du site ce mercredi 21 décembre 2016. « Nous sommes venus ici pour nous faire davantage entendre par la direction. Si l’on a fait 44 jours de grève, on en fera bien d’autres encore. Nous ne pouvons plus revenir en arrière. Nous passerons ces fêtes de Noël ensemble, et solidaires ! ».

Jean-François Courtille

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Vidéo générale

Interview Michel Dabat co-secrétaire hôpitaux de Lannemezan

Interview infirmière de l’Ormeau