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Les poètes du rock revivent à Soues

mardi 20 décembre 2016 par Rédaction

La Scène de Musiques Actuelles de la Gespe et le réseau des bibliothèques du Grand Tarbes ont achevé leur programme annuel « Le mur du son » par un récital, chant et guitare électrique, consacré aux « poètes du rock ». A Soues, le chanteur Elrik Fabre-Maigné et le guitariste Serge Faubert ont fait voyager leur public, dont une classe de jeunes venus du lycée Reffye de Tarbes, à l’initiative d’un volontaire du service civique.

« C’est une période où nous l’on a pu donner à entendre notre colère, notre douleur, celle des révoltés de la tendresse ». Elrik Fabre-Maigné, chanteur et poète de la compagnie « Les baladins d’Icarie », évoque ce jeudi soir à Soues l’enracinement des artistes du rock dans les tourbillons politiques et sociaux des années 60 et 70. Il présente ce récital aux côtés de Serge Faubert, qui a mis sa guitare et ses talents de compositeur et d’arrangeur au service de nombreux artistes comme Jean-Patrick Capdevielle, Nino Ferrer, Jean-Pierre Mader ou Art Mengo. Après avoir raconté comment le chroniqueur de Rock’n Folk, Alain Dister, lui a présenté Jimmy Hendrix, Elrik entame une version française de « Voodo Chile », accompagné par la guitare virtuose de Serge. Les mots des poètes du rock s’enchaînent, sous les yeux d’un public attentif, composé pour moitié par les élèves du lycée Reffye à Tarbes. Après Hendrix, les deux artistes interprètent « Le retour du héros » (The hero’s return), libre variation sur un fameux texte pacifiste de Roger Waters, avec les Pink Floyd. Puis, c’est le tour de Patti Smith, avec « Je suis un nègre du rock’n roll » (Rock’n roll nigger). Elrik et Serge enchaînent par Neil Young, et « Pocahontas » : qu’est-ce que je suis devenu, mon amie la plus douce, tous ceux que j’ai connus ont disparu dans le brouillard ». Avant que Serge Faubert n’entame un solo consacré au « Né aux USA » (Born in the USA) de Bruce Springsteen, Elrik Fabre-Maigné évoque le parcours de Johnny Cash. « Le rock’n roll, ce n’est pas seulement une excitation, un rythme, une danse. C’est aussi un état d’esprit. Et la poésie traduit très bien cela à travers les époques. Quand on est écorché vif, c’est plus facile, sans doute, de le dire avec une guitare et en rythme ».

Les deux artistes interprètent ensuite deux titres de John Trudell consacrés à la condition féminine amérindienne, « Regarde les femmes » (See the woman) et « Shadows over sister land » : « mais il y’a une ombre sur le pays des sœurs, avec un colt pointé sur leur tête ». Enfin, Elrik relate une anecdote confiée par le rocker Kevin Coyne, qu’il avait accueilli plusieurs fois pour des concerts à Toulouse. « Il reçoit en août 1971 un coup de fil d’un guitariste célèbre, qui lui propose de remplacer le chanteur de son groupe, disparu récemment. Et Kevin lui répond : « fuck you, mister Manzarek ». Il s’agissait bien sûr des Doors et de Jim Morrison ! Le poète des Baladins d’Icarie poursuit son récit. « J’ai rencontré Jim en 1968, lors d’un concert à Londres. Je lui ai rendu visite dans sa loge après sa prestation. Jim Morrison a su que j’étais passionné par la poésie. Il m’a accueilli par ces mots, prononcés en langue française : « comme je descendais des fleuves impassibles » et je lui ai répondu du tac au tac : « je ne me sentis plus guidé par les hâleurs ». C’était bien sûr les premiers vers du « Bateau ivre » de Rimbaud ! ». Puis, Serge Faubert empoigne sa guitare électrique et délivre un nouveau set impeccable, accompagné à la voix par Elrik Fabre-Maigné. Trois morceaux des Doors défilent : « Passagers de la tempête » (Riders on the storm), « Aux latitudes du cheval » (Horse latitudes) et « Quand la musique est finie » (When the music’s over). Le récital, entamé avec un morceau de Pete Townshend, des Who, s’achève ainsi sous les applaudissements. Brice Valdes, volontaire du service civique, a apprécié le spectacle. « J’aime la poésie, et j’en écris. J’ai trouvé ce concert très agréable. Et c’était risqué de leur part de passer ainsi de l’anglais au français ». Brice et des enseignants du lycée professionnel Reffye, à Tarbes, ont proposé à plusieurs élèves d’assister à cette soirée. Une vingtaine d’entre elles ont accepté. « Certaines des lycéennes connaissaient quelques rockers évoqués pendant le récital. Mais pour plusieurs d’entre elles, cela a été une vraie découverte ».

Jean-François Courtille