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Patrick Pelloux a rendu visite aux grévistes de la Polyclinique de l’Ormeau, les médecins libéraux des Hautes-Pyrénées s’alarment de la situation sanitaire

lundi 12 décembre 2016 par Rédaction

Les médecins ont été au cœur de la 34ème journée de grève des salariés de la Polyclinique de Tarbes, ce dimanche 11 décembre 2016. Le docteur Patrick Pelloux a rendu visite aux grévistes à l’Ormeau-Centre, après avoir salué ses collègues urgentistes du CH de Tarbes. Le bureau de la Coordination départementale des médecins libéraux a publié une alerte sur la situation sanitaire des Hautes-Pyrénées et interpellé l’Agence Régionale de Santé. De leur côté, les salariés envisagent de durcir le mouvement à partir de mercredi, si les négociations avec la direction de l’établissement n’ont pas repris d’ici là.

Au milieu du personnel soignant en grève de la Polyclinique de Tarbes, Patrick Pelloux est tout sourire, ce dimanche 11 décembre 2016. De passage dans les Hautes-Pyrénées pour le week-end, invité par deux amis pour participer à un débat à Capvern samedi soir, le célèbre urgentiste a accepté de venir prendre un café avec les salariés de l’Ormeau. Auparavant, il a rendu visite à ses collègues du SAMU et des urgences du Centre Hospitalier de Tarbes. « Que ce soit dans le public ou dans le privé, il est indispensable de revaloriser les salaires des personnels dont les revenus sont les plus bas », confie le docteur Pelloux. « Cette Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées est confrontée à un problème spécifique : l’action des grands consortiums privés qui investissent dans les cliniques privées, pour prendre un maximum de dividendes et les reverser à des fonds de pension étrangers ». Pour Patrick Pelloux, cette démarche pose un problème majeur à la société française : « est-ce que la Sécurité Sociale et les biens communs sont destinés à abonder les fonds de pension ? La réponse est clairement non ! Il faut absolument préserver le niveau de santé de la population. Avoir laissé les fonds de pension s’emparer du secteur privé de la santé dans notre pays, et profiter de la Sécurité sociale, c’est inacceptable ! ». L’urgentiste évoque aussi la nécessité de la coopération et de la proximité des soins dans l’univers de la santé. « Les êtres humains ne sont pas nés pour être en concurrence les uns avec les autres. Ce qui compte dans notre société, c’est de travailler ensemble et de coopérer ensemble. Il faut aussi préserver la proximité des services de santé et l’humanisation qui en découle. La qualité des soins pour tous, c’est l’un des fondements de notre république ». En quittant la clinique de l’Ormeau Centre, sous les applaudissements du personnel en grève, Patrick Pelloux leur lance un ultime message : « tenez-bon, ne lâchez rien ! ».

Ce dimanche 11 décembre, d’autres médecins ont décidé de se prononcer publiquement concernant le conflit social de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées. Le bureau de la coordination des médecins libéraux généralistes et spécialistes de ville des Hautes-Pyrénées a publié un communiqué de presse dans lequel « il s’étonne et s’inquiète de la durée du conflit du personnel salarié et de la direction des deux cliniques ». Les médecins libéraux « redoutent fortement une catastrophe sanitaire à venir dans le département, engendrée par ce blocage ». La Coordination « alerte vigoureusement les autorités de tutelles (ARS et Préfecture) des effets néfastes de cette situation ». Les médecins énumèrent ensuite les conséquences qu’ils discernent. « Le retard de diagnostic et de prise en charge des patients présentant des pathologies lourdes : cancéreuses, atteintes cardiovasculaires et autres, avec une perte de chance manifeste pour ces patients dont le pronostic vital est en jeu. L’impossibilité des établissements de soins publics ou privés, départementaux et limitrophes déjà saturés (Hautes Pyrénées, Béarn, Gers ou Haute Garonne), à recevoir convenablement l’afflux de patients : ils nous informent qu’ils n’en ont plus les moyens. L’efficience professionnelle des médecins de ville face à la baisse quantitative et qualitative de l’offre médicale spécialisée qui leur est proposée ». Les médecins libéraux « espèrent vivement que de nouvelles négociations sereines puissent très rapidement désamorcer ce conflit pour l’intérêt de tous, tant des patients que de l’ensemble des soignants ». Ils estiment que « les autorités de tutelles engagent une responsabilité majeure dans la résolution de ce conflit ».La Coordination « déplorerait que ce conflit persiste et aboutisse à la fermeture de ces établissements d’excellence de soins. Cela ne ferait qu’accroître la perte d’attractivité de notre département pour l’installation de la jeunesse médicale seul moyen d’éviter la désertification qui se profile ». Patrick Guenebeaud, médecin généraliste à La Loubère, et porte-parole de la Coordination des médecins libéraux des Hautes-Pyrénées, tient aussi à préciser que « nous ne prenons pas parti dans ces négociations « techniques » (entre les salariés en grève et la direction de la Polyclinique, NDLR). Mais nous alarmons la population face à la gravité potentielle de la situation ».

De leur côté, les grévistes de la Polyclinique « ont décidé de hausser le ton, face à l’attitude de la direction et à l’inertie du Ministère de la santé ». Ils enjoignent les pouvoirs publics à « obliger la direction du groupe à négocier. Pour cela, elles et ils donnent jusqu’à mercredi matin avant d’organiser la fermeture réelle de la clinique par un blocus. Elles et ils invitent toute la population à ne plus se présenter à la clinique à partir de ce mercredi matin ». Laurence Charroy, déléguée syndicale CGT de la Polyclinique, rappelle la principale motivation des personnels en grève depuis 34 jours. « Nous refusons les projets qui contraignent les salariés, au lieu de les associer. Par exemple, un rythme de travail où nous serions amenés à quantifier le nombre de toilettes effectuées ou de pansements changés à l’heure, au détriment de la qualité des soins dispensés à nos patients ». Elle estime que « les lignes sont en train de bouger, avec une plus grande implication des élus locaux, et l’interpellation de la Ministre du Travail par Philippe Martinez ». Laurence Charroy comprend le désarroi des patients, « ceux qui sont hospitalisés actuellement à la Polyclinique, et ceux qui avaient programmé une hospitalisation au cours des prochains jours ». Mais elle assure que « si l’on en est arrivés là, c’est parce que notre direction refuse de négocier. Nous avons parfois l’impression qu’ils sont prêts à sacrifier l’établissement, alors que cette Polyclinique compte d’excellents praticiens et d’excellents personnels de santé ». La responsable du seul syndicat présent au sein de la clinique conclut, à l’intention des patients et des usagers de l’Ormeau-Pyrénées : « si nous sommes amenés à durcir le mouvement, ce sera pour éviter, à l’avenir, une dégradation majeure de la situation dans notre établissement, qui pourrait compromettre la situation sanitaire dans les Hautes-Pyrénées ».

Jean-François Courtille

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Interview de Patrick Pelloux
Interview de Laurence Charroy, déléguée syndicale CGT