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Manifestation contre les violences faites aux femmes

samedi 26 novembre 2016 par Rédaction

Plus de 150 personnes ont participé samedi 27 novembre, dans les rues de Tarbes, à la marche contre les violences faites aux femmes, à l’initiative du Collectif 65 Droits des Femmes. Les marcheuses ont déposé des motions à chaque étape de leur parcours : préfecture, hôtel du département, palais de justice, commissariat, hôtel de ville. Les femmes grévistes de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées se sont jointes au cortège, qui comptait aussi de nombreux hommes. Dans les Hautes-Pyrénées, 325 faits de violence conjugale ont été enregistrés pour l’année 2015.

« Violées, battues, harcelées, les femmes en ont assez ! Libérez Jacqueline Sauvage ! ». Le Collectif 65 Droits des Femmes donne le ton, ce samedi 27 novembre 2016, dans les rues de Tarbes. A la revendication générale contre les violences faites aux femmes est associé le soutien à Jacqueline Sauvage, emprisonnée pour avoir tué son mari violent. Plus de 150 personnes ont répondu à l’appel du Collectif, pour ce défilé parti de la préfecture en direction de l’hôtel de ville, via l’hôtel du département, le palais de justice et le commissariat. A chaque étape, une motion est déposée à l’intention des pouvoirs publics. Dans le cortège, la banderole des grévistes de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées occupe une place de choix. « Le Collectif 65 Droits des Femmes exprime toute sa solidarité avec la lutte des femmes de la Polyclinique. Les violences qui nous touchent ont aussi un caractère social, et elles s’exercent souvent dans le monde du travail, avec notamment la précarité et l’inégalité salariale », explique Elsa Lapalisse, membre du Collectif.

Plusieurs hommes ont aussi tenu à défiler aux côtés des dames pour exprimer leur solidarité. « J’ai le sentiment que c’est un combat commun. C’est notre place d’être aux côtés de nos camarades, de nos compagnes, de nos amis », explique Henri. « Depuis 20 ans que j’enseigne en lycée professionnel, je suis un peu effaré devant le recul de la prévention, sur le plan de l’éducation sexuelle, de la contraception. Et devant le retour d’idées réactionnaires. Alors que les jeunes sont souvent très fraternels entre eux, je les entends parfois tenir des propos qui ne sont pas très modernes vis-à-vis des filles ». Elsa Lapalisse trace un tableau inquiétant des violences faites aux femmes dans les Hautes-Pyrénées. « On sait aujourd’hui qu’en 2015, 325 faits de violence ont été répertoriés dans le département. Et l’accès au dépôt de plainte est de plus en plus compliqué. Les commissariats sont débordés, les personnes formées en nombre insuffisant. Malgré ce que certains discours de haine voudraient nous faire croire, les violences touchent toutes les catégories de femmes. Nous réclamons donc une extension du nombre de places pour accueillir les femmes en danger, avec leurs enfants. Nous demandons aussi un effort accru en matière de formation des policiers, pour accueillir les femmes victimes de violence dans de meilleurs conditions ».

Anna, infirmière à la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées est l’une de ces femmes qui ont connu le cauchemar de la violence conjugale.  « Il y’a 15 ans, j’ai été victime de maltraitance psychologique, économique et sociale de la part de mon compagnon de l’époque. Le conseil que je peux donner, c’est de ne pas rester isolé et de demander de l’aide. La seule honte doit être celle des hommes qui exercent cette violence. Mon père m’avait dit : ‘si tu restes avec cet homme, tu seras toujours sous sa chaussure’. Nous ne sommes pas des objets, mais des êtres humains. Nous avons des ailes et nous pouvons nous libérer de cette emprise. Nous sommes beaucoup plus fortes qu’on ne le pense ». Par rapport à la grève à la Polyclinique, Anna pointe la nécessité de se battre pour avoir davantage de moyens humains et matériels, afin de « mieux servir autrui, et travailler dans l’empathie. Les clients ne sont pas des objets ou des voitures, ce sont des êtres humains. Et on ne peut pas jouer avec les êtres humains ! ».

Micheline Gouadebaix est membre du Planning Familial 65. Elle évoque la situation préoccupante des jeunes filles. « Il faut accentuer la prévention auprès des jeunes, dans les collèges et les lycées, et aussi pour les quartiers. On sait que des jeunes filles sont victimes de mariages forcés ou arrangés. C’est en France un tabou qu’il faut absolument lever ». Face à cela, le Planning Familial 65 mène une action de prévention, dans le cadre d’un plan intitulé « égalité filles-garçons », appuyé sur des interventions au sein des établissements scolaires. Micheline Gouadebaix signale aussi l’existence d’un numéro vert accessible aux femmes en danger : le 3919. « C’est un moyen anonyme pour les femmes de s’informer sur les structures qui peuvent les accueillir en cas d’urgence ». Françoise agit au sein du Réseau Education Sans Frontières. Elle attire l’attention du public sur les violences qui menacent les femmes exilées, comme les demandeuses d’asile. « Sur le département, il arrive un grand nombre de femmes seules, souvent avec des enfants. Elles n’ont aucune ressource et aucun soutien. Certaines ont été victimes de viol dans leur pays. Elles ont toujours du mal à le prouver, on met systématiquement leur parole en doute ». Françoise dénonce l’abandon de ces demandeuses d’asile, qui se retrouvent parfois à la rue, dans la journée, voire la nuit. « Nous voulons rappeler aux pouvoirs publics leur devoir d’accueil et d’accompagnement vis-à-vis des personnes qui demandent l’asile en France. Dans les Hautes-Pyrénées, 35 personnes, dont une dizaine d’enfants, se retrouvent aujourd’hui dans une situation de grande détresse. Nous estimons qu’elles doivent obtenir un traitement humain et digne ». La marche des femmes sème une certaine animation dans les rues de Tarbes, où les badauds se pressent pour effectuer leurs courses. Une chanson est reprise en chœur par plusieurs d’entre elles, sur la mélodie du « Chant des marais ». Ses paroles résonnent comme un cri de dignité et de révolte. « Reconnaissons nous les femmes, parlons-nous, regardons-nous. Ensemble, on nous opprime, les femmes, ensemble révoltons-nous. Levons-nous, femmes esclaves, et jouissons sans entraves, debout, debout ! ».

Jean-François Courtille

DIAPORAMA (Photos JF Courtille)