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Le député Jean Glavany apporte son soutien aux grévistes de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées

jeudi 24 novembre 2016 par Rédaction

Au 17ème jour de grève à la Polyclinique, les salariés ont reçu la visite du député socialiste Jean Glavany, venu les écouter et leur apporter son soutien. L’occasion d’un dialogue au cours duquel les grévistes ont exprimé sans ambages leur désir d’une aide en actes et pas seulement en paroles. De son côté, la direction de la Polyclinique a renouvelé sa demande d’une intervention d’un médiateur pour reprendre le fil des négociations avec les salariés.

Rassemblés devant l’entrée du site de l’Ormeau Centre, les grévistes de la Polyclinique attendent le retour du député socialiste Jean Glavany, venu dialoguer avec leurs délégués et avec la CGT. Le conflit avec la direction dure depuis déjà 17 jours, et près de 250 personnes patientent sur les marches de l’établissement. Enfin, le député et la délégation apparaissent en haut des marches. Laurence Charroy, délégué syndicale CGT de la Polyclinique, prend d’abord la parole. « Nous avons expliqué à Monsieur Glavany ce que nous attendons des élus, et notamment des parlementaires. Nous attendons aussi un appui de l’Etat, actionnaire du groupe Médipôle Partenaires. Si Jean Glavany est venu, c’est qu’il connaît bien le problème, et qu’il s’est tenu régulièrement informé de la situation ». Le député prend à son tour le micro. « Je suis venu vous dire que je suis d’une très grande sévérité avec cette direction, qui joue la carte du pourrissement. Son refus du dialogue est tout à fait archaïque. Malheureusement, c’était écrit. Cette clinique était une sorte de coopérative médicale, avec un projet collectif et un attachement manifeste au territoire. Un médecin qui était l’un des fondateurs historiques de la clinique, lors des pourparlers de vente au groupe privé, avait dit : ‘ne faites pas cela’. Et il est arrivé ce qui était prévisible ». Jean Glavany ajoute ensuite que sa solidarité avec les salariés en grève est totale. « Cette direction veut vous ‘mater’, pour reprendre un vieux langage du vocabulaire social. Il est nécessaire de trouver tous les moyens pour rouvrir la porte des négociations, et c’est ce à quoi je m’engage ». Le député évoque ensuite les leviers pour mener les actions. La Préfète, dont il salue l’action jusqu’ici. L’Agence Régionale de Santé, qu’il assure « avoir au téléphone tous les jours ». Les salariés sifflent, un gréviste lance : « qu’elle nous réponde à nous ». Jean Glavany évoque aussi la BPI, actionnaire du groupe Médipôle Partenaires, qui pourrait peser pour une reprise des négociations. La foule le chambre gentiment à la fin de son discours, entonnant la célèbre chanson de Dalida et Alain Delon, « Paroles, paroles, paroles ». Jean Glavany reprend le micro pour répondre : « je vais essayer de vous démontrer que ce ne sont pas que des paroles ».

Puis, le dialogue s’instaure entre le député et l’assemblée des salariés. Un gréviste déplore que l’Etat « ne contrôle pas l’argent qu’il accorde à des entreprises privées comme la Polyclinique ». Jean Glavany explique que la BPI a estimé utile de s’engager dans le capital de Médipôle Partenaires pour soutenir les emplois. « Je m’engage à faire passer à la BPI le message d’être attentive à mieux contrôler l’usage de son argent ». Laurence Charroy évoque ensuite le Crédit Emploi Compétitivité des Entreprises, touché par la Polyclinique, et la « quasi absence de création d’emploi qui en a résulté. On a des pertes d’emplois, avec des gens qui partent à la retraite ou démissionnent et ne sont pas remplacés. Il faut un vrai contrôle de ces aides ». Jean Glavany souligne que le CICE n’était pas fait « pour renforcer les dividendes des actionnaires ». Claire, l’une des infirmières en grève, s’adresse ensuite au député. « Depuis 15 jours, nous exprimons notre souffrance. Nous nous épuisons, émotionnellement, physiquement, psychologiquement, face à des interlocuteurs qui prennent des notes et ne manifestent aucune émotion. J’ai été mandatée pour vous transmettre notre état d’esprit. Nous les soignants, dans notre métier, nous faisons face à quelque chose de mortifère. C’est une mort réelle, à court terme, à long terme ou fantasmée. C’est un contexte d’angoisse. Cette violence que nous vivons tous les jours fait que nous avons besoin d’être protégés, que l’on prenne aussi soin de nous. Or, notre institution nous maltraite. Dans ce conflit social, nous avons besoin d’interlocuteurs qui prennent en compte ce que nous disons ».

Une autre infirmière, Lucie, évoque la prise de position récente des médecins du service de cardiologie, sous la forme d’une note publique. « Ils font porter le chapeau de ce conflit social à la CGT et aux politiques. Aujourd’hui, ils ont dénigré le travail de leurs collaboratrices. Or nous sommes dans la rue avant tout pour défendre nos valeurs, qui sont bafouées ». Jean Glavany souligne que l’essentiel est de trouver une solution à ce conflit. « Pour le reste, les chiens aboient et la caravane passe ! ». Laurence Charroy lance au député un cri d’alarme. « A force de voir bafouer les petites gens que l’on pousse dans la désespérance, j’ai de grandes inquiétudes pour les élections du printemps prochain. C’est nous qui défendons ces personnes, il faut que les élus soient aussi à nos côtés ! ». A cela, Jean Glavany répond, en guise de conclusion : « Si je suis venu cet après-midi, c’est pour échanger avec vous, et être plus efficace dans l’action que j’ai déjà entamée. Après vous avoir entendu, je vais accomplir mon travail avec encore plus de force ».

Après le départ du député, les échanges se poursuivent entre les salariés. Isabelle, l’une des aides-soignantes de la délégation, relate la rencontre avec le personnel soignant non gréviste. « Beaucoup de salariés nous ont confié qu’ils nous soutenaient, même si pour des raisons matérielles, ils ne peuvent pas se permettre de faire la grève. Des collectes de soutien ont été organisées dans plusieurs services. En chimiothérapie, les filles ne peuvent pas faire grève, mais elles nous ont préparé des gâteaux et ont aussi fait circuler une enveloppe ».

Puis, deux infirmières du service de cardiologie lisent un projet de lettre de réponse à la note publiée par les médecins cardiologues. « A aucun moment, ce mouvement n’est dirigé contre vous ou contre nos patients. Nous ne pensons pas nécessaire de vous réexpliquer une énième fois nos revendications. Mais nous ne comprenons pas le fond de votre démarche auprès des usagers, et l’image que vous véhiculez de nous, vos collaboratrices depuis de nombreuses années. Dans notre service de cardiologie, sont effectués jour et nuit, des soins de qualité auprès de 41 patients, avec notamment 2690 préparations pré ou post opératoires. Aujourd’hui, nous sommes 28 salariés en grève sur 38 en poste, car nos conditions salariales de travail et de reconnaissance professionnelle ne nous permettent plus de continuer ainsi. A l’issue de ce mouvement, nous reviendrons assurer la prise en charge de nos patients, en usant les fondements de notre profession : l’empathie, l’humanité, l’écoute, le « prendre soin » tout simplement ». François Dousseau, secrétaire de l’UD CGT, annonce la proposition d’un artiste d’organiser pour vendredi matin un petit spectacle de 45 minutes pour les salariés. Micheline, l’une des grévistes, relate l’action menée jeudi matin sur le marché Marcadieu à Tarbes, auprès des passants, avec signature de pétition et ventes de gâteaux au bénéfice des salariés de la Polyclinique. Enfin, Laurence Charroy propose de renouveler cette action sur le marché Brauhauban samedi matin. Et elle appelle les grévistes à rejoindre la manifestation organisée samedi à 15h, à Tarbes, contre les violences faites aux femmes. Jointe au téléphone dans la soirée, la direction de la Polyclinique Ormeau-Pyrénées assure « souhaiter absolument sortir de ce conflit ». Elle stipule que « seule, la présence d’un médiateur permettra d’avancer. Jean-René Legendre, le DRH du groupe Médipôle Partenaires, ne reviendra à la table des négociations que lorsqu’un médiateur aura été accepté par l’ensemble des parties ». La direction reconnaît par ailleurs que la Préfète des Hautes-Pyrénées n’a pas, à ce jour, donné de réponse concernant cette demande de médiation. Le vendredi 25 novembre sera donc le 18ème jour de grève à la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées.

Jean-François Courtille