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Le ras-le-bol des agents de la CAF

mardi 22 novembre 2016 par Rédaction

Un mouvement de grève a été organisé mardi par les agents de la Caisse d’Allocations Familiales des Hautes-Pyrénées, à l’appel de la CGT et de la CFDT. Une quarantaine d’agents se sont rassemblés mardi matin devant la CAF de Tarbes. Pour dénoncer la dégradation des conditions de travail, les suppressions de postes et la difficulté à exercer correctement les missions sociales, pourtant indispensables dans une société en voie de paupérisation.

Marie-Laure et Véronique sont « agents de développement social local » à la CAF des Hautes-Pyrénées. A la base, leur vrai métier est celui de « conseillère en économie sociale et familiale ». Elles participent ce mardi 22 novembre 2016 au mouvement de grève, à l’appel de la CGT et de la CFDT. Pour dénoncer la dégradation constante des conditions d’exercice de leur mission au service des personnes les plus démunies. « Au départ, nous avions une double fonction. Tput d’abord, accueillir le public au sein des Centres sociaux de quartier, comme ceux de Laubadère et d’Henri IV à Tarbes. Puis, assurer l’accompagnement individuel des personnes dans l’établissement de leurs dossiers pour le RSA et dans leurs démarches en vue d’obtenir des aides sociales. Au fil du temps, notre équipe dans le département s’est amenuisée, avec le non-remplacement des départs à la retraite. Mais la charge de travail, elle, n’a pas cessé d’augmenter ». Véronique et Marie-Laure ont vu progressivement se réduire la part de leur mission consacrée à l’animation au sein des Centres Sociaux de quartier. En revanche, elles consacrent plus de temps à l’accompagnement individualisé des personnes et des familles. Et elles interviennent parfois dans les situations où un enfant peut se retrouver en danger. Mais elles ont aussi une masse de données à entrer sur informatique. « Nous déplorons la diminution du temps de travail de proximité au sein des quartiers. Pourtant, c’était un outil efficace de prévention des problèmes de pauvreté et de délinquance. Nous avons l’impression aujourd’hui de faire du ‘saupoudrage’, alors que le travail social nécessite beaucoup de temps. Au sein d’une même famille peuvent se cumuler des problématiques d’emploi, de santé, d’éducation, de logement ou d’alimentation ». Véronique etMarie-Laure évoquent aussi la difficulté à coopérer avec les autres services publics, eux-mêmes submergés par les demandes. « Nous sommes désemparées face à une situation qui ne cesse de se dégrader, et qui génère du coup une vraie souffrance dans notre travail ». De son côté, Marie-Claire, assistante sociale à la CAF, s’inquiète pour ses trois collègues qui vont se retrouver d’ici un an avec une charge de travail accrue, car elle sera partie en retraite, sans qu’un remplacement soit prévu. Elle évoque aussi ses autres collègues qui travaillent à l’accueil du public, dans une atmosphère tendue. « Les files d’attentes se forment chaque jour. Une collègue oriente les personnes vers la borne, pour y prendre un ticket et attendre leur tour de passage, ou vers un téléphone, pour prendre rendez-vous avec un conseiller, souvent quinze jours plus tard. Ensuite, un autre collègue accueille les personnes pour leur expliquer comment constituer leur dossier de demande par internet. Mais beaucoup de gens ne sont pas équipés d’ordinateur, ou rencontrent des difficultés pour utiliser l’informatique ! ».

Sylvie Benesty, déléguée de la CGT, énumère les doléances remises à la direction ce mardi 22 novembre : « la dégradation des conditions de travail. La déshumanisation des relations avec les allocataires en raison de l’injonction numérique. La hausse des contrats précaires. L’externalisation de nombreux services, envoyés vers Toulouse, Albi ou Montauban. Une législation de plus en plus complexe, qui oblige à passer beaucoup plus de temps qu’avant sur chaque dossier. Et pour toutes ces raisons, l’accumulation des retards dans le traitement des dossiers, qui oblige de nombreux collègues à effectuer des heures supplémentaires, en venant travailler le samedi ». Sylvie Benesty évoque aussi la question des salaires, très bas à la CAF. « La plupart des conseillers gagnent autour de 1200 euros nets par mois, et nous n’avons pas eu d’augmentation depuis 2010 ». Les agents restent malgré tout attentifs à leur mission au service des personnes les plus démunies. Et ils se montrent aussi solidaires vis-à-vis des salariés du privé engagés dans des luttes sociales. Ainsi, les grévistes de la Caisse d’Allocations Familiales ont organisé mardi une collecte au bénéfice des salariés de la Polyclinique de l’Ormeau-Pyrénées. Un autre mouvement de grève est prévu par les agents de la CAF au cours des prochaines semaines. Comme le confient Marie-Laure et Véronique : « nous avons toutes choisi ce métier par vocation sociale. Mais d’ici dix ans, combien restera-t-il de travailleurs sociaux sur le terrain, pour tenter d’enrayer l’explosion de la pauvreté ? ».

Jean-François Courtille