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Le conseil municipal de Soues se mobilise pour sauver le bureau de Poste de la commune

mercredi 26 octobre 2016 par Rédaction

Confronté à la diminution des horaires d’ouverture du bureau de Poste de la commune, et craignant sa fermeture prochaine, le conseil municipal de Soues lance une pétition auprès des usagers. Le maire et ses adjoints dénoncent une atteinte au service public. Les élus et plusieurs usagers se sont retrouvés mercredi matin à la Mairie pour échanger à ce sujet. Des banderoles portant la mention « La Poste, c’est la vie » ont été déployées dans la ville.

Fait rare dans les Hautes-Pyrénées : un conseil municipal lance lui-même une pétition auprès des habitants de sa commune, pour demander le maintien de son bureau de poste. A Soues, ville de 3072 habitants, le maire, Roger Lescoute, les adjoints et les conseillers ont adopté une motion le 18 octobre 2016, pour s’opposer à « ce projet de démantèlement » d’un service public de proximité auquel ils sont très attachés. Ils comptent ensuite porter cette pétition à la Direction de la Poste, et aussi solliciter la Préfecture des Hautes-Pyrénées. Courant septembre 2016, une rencontre a eu lieu entre le Directeur de la Poste des Hautes-Pyrénées et une de ses collaboratrices, le maire de Soues, l’un de ses adjoints et le Directeur Général des Services de la commune. Deux annonces ont mis le feu aux poudres. « Ils nous ont d’abord précisé que l’amplitude d’ouverture du bureau de Poste de la ville allait passer de 22h30 par semaine à seulement 15h », confie Roger Lescoute. « Ensuite, ils nous ont annoncé que le bureau de Poste allait évoluer en ‘agence postale’, et qu’ils nous proposaient, soit d’installer cette agence à la Mairie, soit dans un commerce de la commune ». Selon le Maire de Soues, l’argument avancé par la direction de la Poste pour justifier ces mesures est « la baisse de fréquentation de la Poste à Soues : 50 personnes par jour l’an dernier, 40 cette année ». L’annonce sème la consternation parmi les élus, qui votent à l’unanimité une motion de protestation lors de leur Conseil municipal du 18 octobre. Ils décident de distribuer un tract à la population de Soues et de faire signer une pétition destinée à la Poste. Et ils organisent une première rencontre avec les citoyens de la commune, ce mercredi matin, dans les locaux de la Mairie, avant de se rendre en délégation devant le bureau de poste de la ville.

« Depuis cinq ou six ans, nous constatons une diminution régulière des horaires d’ouverture de la Poste à Soues », souligne Jean-François Peyrus, l’un des adjoints au maire. « La Poste était ouverte cinq jours et demi par semaine, et elle comptait cinq employés au début des années 2010. Nous avons perdu l’an dernier le conseiller financier. Il reste à ce jour un seul employé, présent 22 heures 30 par semaine. S’il est absent, le bureau reste fermé pendant huit jours, ce qui s’est produit à deux reprises, en juillet et en août 2016 ». Pour Jean-Pierre Bastianini, un autre adjoint au Maire, « notre action contre la fermeture de la Poste va certainement recueillir un fort soutien de la part de nos concitoyens. La population de la ville vieillit, et les personnes âgées ont besoin des services postaux. C’est le cas aussi des 30 Petites et Moyennes Entreprises que compte la commune ». Monsieur Bastianini évoque aussi la récente réunion de l’Association des Maires de France, qui a pointé « le démantèlement du service public de la Poste dans de nombreuses communes de l’Hexagone ». Robert, un ancien employé de la Poste, déplore « la suppression de 7203 emplois en France l’année dernière au sein de la Poste, alors qu’elle a touché un milliard d’euros au titre du Crédit Emploi Compétitivité ». Christelle, venue en voisine de Tarbes, signale le cas d’Azereix, où « le bureau de Poste a fermé, et le relais a été pris par le patron d’un bar-tabac ».

Angélique Sidou, secrétaire départementale de la CGT-PTT, relate de son côté la « souffrance au travail des collègues de la Poste, qui n’ont plus les moyens d’assurer leur mission de service public ». Elle dénonce « un management par le stress, qui génère de nombreux arrêts de travail parmi les agents ». Madame Sidou souligne aussi le remplacement par la Poste du terme d’usager par celui de client. « La recherche de la rentabilité a remplacé la qualité du service public rendu aux usagers. Dans les Hautes-Pyrénées, 15 emplois ont été supprimés, 20 bureaux de poste ont été fermés, 26 autres bureaux ont vu leurs horaires diminuer, et la précarité de l’emploi augmente, avec de nombreux CDD ». Pourtant, relève la responsable de la CGT, « le chiffre d’affaires de la Poste a augmenté de 2,7% par rapport à l’année dernière. Et l’Etat, principal actionnaire, verse 200 millions d’euros chaque année à la Poste ». Elle remercie, au nom des employés de la Poste, les élus de Soues pour leur action citoyenne. Dans l’assemblée, José, agent des impôts, en appelle à une prise de position de la Préfète des Hauts-Pyrénées. « Manuel Valls a envoyé le 3 août dernier une circulaire aux Préfets, pour leur demander de faire valoir leur droit d’alerte chaque fois qu’un service public est menacé sur leur territoire de compétence. Je pense que ce droit pourrait être exercé dans le cas de la Poste de Soues ».

Après l’échange, les usagers et les élus se rendent devant le bureau de Poste de la commune. Ils ont entre les mains la pétition qui va circuler dans la ville au cours des prochains jours. Dans ce texte, le Conseil Municipal de Soues, unanime, s’oppose à ce « projet de démantèlement ». Il s’insurge contre « la méthode de la Poste qui consiste à justifier l’abandon du service public par la baisse de la fréquentation, alors que cette baisse de fréquentation est due à la diminution de qualité du service public rendu aux usagers à Soues ». Il exige « le maintien du bureau de poste avec toutes ses prérogatives de service public et avec des horaires adaptés aux besoins de la population et des entreprises ». Et enfin, il appelle la population à « se mobiliser, en signant massivement la pétition demandant le maintien de notre bureau de poste à Soues ». A l’entrée de la ville, devant la Mairie ou sur la façade de la Poste, s’étalent les banderoles installées par les élus en colère. Leur texte est à lui seul un cri d’amour à un service public menacé de disparition : « la Poste, c’est la vie ! ».

Jean-François Courtille