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Près de 500 personnes ont manifesté samedi devant la Centrale de Lannemezan pour demander la libération de Georges Ibrahim Abdallah

lundi 24 octobre 2016 par Rédaction

Venues de toute la région Sud-Ouest et au-delà, près de 500 personnes se sont rassemblées samedi après-midi devant la prison centrale de Lannemezan, pour demander la libération de Georges Ibrahim Abdallah, l’un des plus vieux prisonniers de France. Libérable depuis 1999, ce militant des Forces Armées Révolutionnaires du Liban est toujours en détention, après avoir effectué plus de 30 années de réclusion pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates.

Devant les hautes grilles qui entourent la Centrale de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, près de 500 personnes sont rassemblées ce samedi 22 octobre 2016. Les banderoles colorées à l’effigie de Georges Ibrahim Abdallah ont été disposées sur plusieurs dizaines de mètres autour de l’enceinte. Elles côtoient d’autres messages qui appellent à la libération des prisonniers basques. Devant l’entrée de la prison, les orateurs se succèdent, maniant à tour de rôle le français, l’anglais ou l’arabe. Par intervalles, la foule reprend en chœur le cri qui explique sa présence, dans cet endroit perdu à un kilomètre d’une ligne de chemin de fer : « libérez Abdallah ! ». Quelques fumigènes explosent de temps à autres, sous le regard placide de jeunes manifestants assis sur l’herbe. La scène a des allures de festival ou de rendez-vous des zadistes.

Mais ici, l’enjeu est le soutien apporté au plus vieux prisonnier français. Un Palestinien âgé de 65 ans, militant des Fractions Armées Révolutionnaires libanaises, qui purge une longue peine de réclusion pour des faits remontant à 1982 : sa complicité dans l’assassinat d’un diplomate américain et d’un diplomate israélien à Paris. A l’époque, la guerre fait rage au Liban et les réfugiés palestiniens sont pris en tenaille, d’un côté par Israël, de l’autre par la Syrie. George Ibrahim Abdallah lutte contre l’occupation du Liban par des armées étrangères, et pour l’indépendance de la Palestine. Il choisit l’action violente. Son arrestation en 1984 aboutit à une peine de réclusion à perpétuité en 1987, mais il peut bénéficier d’une libération conditionnelle dès 1999. La justice française accepte sa libération en 2003, mais le Garde des Sceaux de l’époque s’y oppose. En 2013, une nouvelle fois, la justice consent à le libérer, en vue d’une expulsion. Mais la Cour de cassation annule sa libération conditionnelle. Aujourd’hui, Abdallah est en prison depuis 32 ans. Une situation qui révolte un nombre croissant de personnes en France. La manifestation du samedi 22 octobre à Lannemezan est organisée par un collectif qui regroupe de nombreux militants associatifs ou politiques. Dans la foule, des personnes sont venues des autres départements pour soutenir le prisonnier palestinien. Marie-Thérèse est venue avec une autre personne du Gers. « J’ai effectué des études de droit, et je suis très choquée par la situation de Georges Ibrahim Abdallah. Dans un pays comme la France, je ne comprends pas qu’on ne libère pas une personne à partir du moment où elle a purgé sa peine ». De nombreux manifestants sont venus en voisins, des villes et villages bigourdans. « Nous sommes confrontés ici à un véritable déni de droit, qui est incompréhensible », déplore Eugène. « Je ne comprends pas un tel acharnement, après toutes ces années », ajoute Simone. « Je m’associe à cette manifestation car je suis révoltée contre l’injustice », ponctue Michèle. « La situation d’Abdallah fait penser à celle des nombreux prisonniers politiques à travers le monde », remarque Louis. De son côté, Daniel a demandé un permis pour rendre visite à George Abdallah. « Je viens ici tous les ans pour apporter mon soutien à cet homme qui n’est pas respecté par la justice française ».

Plusieurs militants communistes du plateau de Lannemezan sont présents au rassemblement. « Nous accueillons régulièrement des personnes qui viennent de loin pour rendre visite à Abdallah, notamment lors des fêtes de Noël. Nous avons constitué un comité de soutien, et nous voulons qu’il sache que nous ne l’oublions pas. On a voulu le pousser à renier ses idéaux, mais il n’a jamais cédé ». Devant l’entrée de la Centrale, les discours se poursuivent, sous un soleil intense. Agnès contemple la scène d’un air rêveur : « vous vous rendez compte que cet homme est désormais l’un des plus vieux prisonniers au monde ? S’il a commis des crimes, il a largement purgé sa peine. Jusqu’à quand cette situation injuste va-t-elle durer ? ».

Jean-François Courtille