Naïs au Pari, une belle ode à Pagnol et Zola

L’histoire des amours impossibles entre la petite paysanne Naïs Micoulin et le jeune bourgeois citadin Frédéric Rostaing a été mise en scène par la Compagnie « Il est une fois », lors d’une résidence de création au Pari de Tarbes. Elle est encore présentée au public bigourdan les 9, 11 et 12 juin. Une adaptation touchante et drôle à découvrir, pour s’émouvoir et rire à satiété.

Frédéric, appuyé sur son échelle, un brin d’olivier au-dessus de la tête, attend avec impatience Naïs, qui accourt dans l’obscurité pour le rejoindre, loin des yeux jaloux de son père Micoulin. Au même instant, le bossu Toine, appuyé sur sa fourche, fait le guet au milieu des feuillages pour protéger leurs amours interdites. Un peu plus tard, le même Toine propose à la très bourgeoise mère de Frédéric, Madame Rostaing, d’emmener Naïs avec elle comme femme de chambre. Un dialogue au cours duquel l’humour le plus cocasse alterne avec une tristesse poignante. Toine évoque ainsi avec Madame Rostaing la comptine chantée par sa grand-mère : « un rêve m’a dit une chose étrange, un secret des dieux qu’on n’a jamais su. Les petits bossus sont des petits anges qui cachent leurs ailes sous leur pardessus ». Mais Toine n’est pas tout à fait un ange, et son intervention dans l’histoire de Frédéric et Naïs transforme la pièce en tragédie. Le choix astucieux d’une double fin, comme dans « La Belle Equipe », de Marcel Duvivier, donne la liberté aux spectateurs d’imaginer le scénario qui conviendra à leur rêverie …

Redoutable pari que d’adapter pour le théâtre un scénario de film, lui-même tiré d’une nouvelle ! Pour sa mise en scène, Marie Fabre a choisi un décor à la fois sobre et rempli de sens. Quatre dalles, éclairées à tour de rôle, permettent aux comédiens de se glisser d’une scène à l’autre en douceur. Les dessins projetés en fond d’écran évoquent le paysage de Provence, au même titre que le bruitage assuré par les comédiens eux-mêmes. La lumière de Dominique Prunier, tour à tour vive ou tamisée, éclaire au cordeau la succession des scènes présentées. Habités par un plaisir visible de jouer ensemble, les six comédiens donnent le meilleur d’eux-mêmes dans cet hommage réussi à l’univers de Zola et de Pagnol. Un spectacle à découvrir jusqu’au 12 juin au Pari de Tarbes, en espérant le voir aussi tourner sur d’autres scènes de France et de Navarre !

Jean-François Courtille

« Naïs » par la Compagnie « Il est une fois » sera encore présenté sur la scène du Pari de Tarbes le 9 juin, et le 11 juin à 20h30, puis le 12 juin à 16h. Tarifs : 8 euros ou 12 euros. Le Pari est ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h et aux heures des spectacles. Le Pari - 21 rue Georges Clémenceau 65 000 Tarbes – Tél 05 62 51 12 00 – lepari@mairie-tarbes.fr – www.lepari-tarbes.fr