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Culture : « Mémoires d’un rat » au Pari, une évocation saisissante de la Première guerre mondiale

jeudi 14 avril 2016 par Rédaction

L’une des plus belles évocations dramatiques de la « Grande guerre » depuis les « Croix de bois » : la pièce de théâtre « Mémoires d’un rat », mise en scène par Mercedes Tormo sur un texte de l’ancien « poilu » Pierre Chaine, a bouleversé les spectateurs du Pari de Tarbes mercredi soir. Un succès en grande partie lié à la stupéfiante interprétation offerte par Frédéric Garces, en solo sur la scène pendant une heure et demi. Un grand comédien est né !

Une « feuillée », derrière laquelle se dissimule le « poilu » des tranchées pour répondre à l’appel de la nature. Une cage pour capturer les rongeurs, et peut-être emprisonner l’espoir du retour. Et un jeu de lumières qui réinvente le décor à travers la modulation des couleurs. « Votre habit a craqué dans le dos », chantonne une voix, évoquant par dérision « La vie parisienne » d’Offenbach. Et soudain, il apparaît, habillé dans l’uniforme bleu des soldats de la Première guerre mondiale, costume réalisé par les élèves du lycée Reffye. Mais Frédéric Garces, seul comédien sur la scène du Pari de Tarbes, ce mercredi 13 avril, ne joue pas un être humain. Il incarne un rat des tranchées, baptisé « Ferdinand » par les soldats, qui en ont fait leur mascotte. Les doigts repliés en « griffes », le corps recroquevillé sur son habit bleu, la mimique et la gestuelle évoquant le grignotage permanent, la voix nasillarde, il épouse le corps et le comportement de l’animal. Et il raconte son odyssée dans l’univers des tranchées, au milieu des soldats, de leurs peurs, de leurs espoirs et de leurs colères.

« Mémoires d’un rat », le texte émouvant et drôle écrit par un authentique « poilu » de la Première guerre mondiale, Pierre Chaine, est magnifié par la mise en scène de Mercedes Tormo, directrice du Théâtre du Matin. Elle y ajoute les lettres de guerre écrites par les soldats, recueillies par Maurice Genevoix, et la chanson de Craonne, l’hymne pacifiste et rebelle, œuvre d’un « poilu » anonyme. Epaulé par le remarquable écrin lumineux de l’éclairagiste Dominique, et par un bruitage convaincant, Frédéric Garces métamorphose progressivement son rat en être humain. Au fil du spectacle, par ses gestes, ses attitudes et sa voix, il devient Juvenet, le sergent des tranchées, compagnon d’infortune du rat Ferdinand. Alternant le burlesque et le tragique, la douceur et l’intensité, il entraîne avec lui le public dans cet autre « Voyage au bout de l’enfer ». Par la magie du talent de Frédéric Garces et de la mise en scène de Mercedes Tormo, l’offensive du Chemin des Dames ou les mutineries de 1917 ressuscitent sous les yeux des spectateurs tétanisés. Quand la lumière s’éteint, un tonnerre d’applaudissements éclate, saluant la performance hors normes d’un comédien de grand avenir.

Jean-François Courtille

« Mémoires d’un rat » par le Théâtre du Matin - Représentations les 14, 15 et 16 avril à 20h30, et le 17 avril à 16h, pour 8 ou 12 euros – Exposition « Pierre Bergé, peintures et dessins » jusqu’au 16 avril, entrée libre et gratuite. Le Pari 21 rue Georges Clémenceau 65 000 Tarbes – Tél 05 62 51 12 00 – lepari@mairie-tarbes.fr