Nécrologie : Hocine Boudjemaa

Noir sec ! Il est impératif à ce moment là de faire un noir sec !

C’est ce que tu me disais, Hocine. C’était dans Slimane, pièce autobiographique mise en scène par Gilles Ramade dans laquelle tu montrais le problème d’être arabe en France. Ou plutôt celui d’être pauvre. Tu m’avais confié la régie technique de ce beau spectacle. Une des oeuvres de la Compagnie Théâtre Tarbais Hétéroclite et Campagnard que tu avais créée en décembre 1989 et que tu dirigeais.

Hocine Boudjemaa, un homme bouleversé et bouleversant. Un écorché. C’est aussi pour cela que tu faisais ce métier. Acteur hors normes, capable de jouer ta propre écriture dans Farid le justicier au café théâtre, Scapin de Molière ou Les Oranges d’Aziz Chouaki. Tu étais un metteur en scène illuminé. Tu avais la certitude de l’artiste et le doute de ne pouvoir y arriver. Tu poursuivais tant bien que mal le chemin de l’être ou ne pas être.

Tu me disais l’importance de savoir d’où l’on vient. Sans relâche, tu prenais part aux débats sur l’immigration, sur le racisme. Tu étais un amoureux de rythmes, de rimes et de littérature.

En 2002, alors que je reprenais la direction artistique de la Compagnie que tu avais créée, le patronyme Cie Théâtre du Jeu remplaçait T.T.H.C. Un peu en pétard, tu m’avais dit, Michel toi le tarbais ! C’est quoi qui te dérange dans ce nom, Théâtre Tarbais Hétéroclite et Campagnard ?

Hocine mon poteau, Aujourd’hui, je pense fort à toi et j’entends ta belle voix de velours imiter Bobby McFerrin.

Le 16 mars dernier, pour la dernière fois, tu t’es démaquillé.

Tes amis du théâtre n’ont pas pu faire autrement que de t’applaudir.

Hocine mon poteau, tu laisses le plateau sacrément vide.

Mais dans mon cœur il y a toujours ta lumière.

Michel Gomez

Chef de troupe du Théâtre du Jeu (Ex T.T.H.C) - Tarbes