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Scène nationale du Parvis : La carte blanche d’« Ici-Même » au cinéma iranien

lundi 18 janvier 2016 par Rédaction

Le festival « In Vivo » organisé par le Parvis a démarré samedi, avec une promenade dans l’agglomération du Grand Tarbes animée par le collectif artistique « Ici-Même ». Le soir, une carte blanche consacrée aux réalisateurs iraniens a été proposée au public par le collectif, en partenariat avec le cinéma du Parvis. Le point de départ d’une réflexion sur la parole publique, avec en ligne de mire le rendez-vous du « Conseil extraordinaire », les 21 et 22 janvier.

L’actualité internationale a croisé ce samedi le lancement du festival « In Vivo » organisé par la Scène nationale du Parvis. A l’heure où l’Iran et les Etats-Unis procédaient à un échange de prisonniers, et où les sanctions internationales contre le pays de Rohani étaient levées, le Parvis projetait deux films de réalisateurs iraniens célèbres. Le collectif d’artistes « Ici-Même » avait reçu carte blanche pour la programmation du cinéma samedi soir. « Nous avons proposé « Taxi Téhéran » de Jafar Panahi et « Iranien » de Mehran Tamadon », a confié Corinne Pontier, la fondatrice du collectif. « Ces deux films ont pour fil rouge le dialogue entre des personnes d’horizons différents. L’un se déroule dans un taxi urbain, et l’autre dans une maison. Cela rejoint le thème des deux soirées du 21 et du 22 janvier que nous préparons avec l’équipe du Parvis, intitulées « Le conseil extraordinaire ».

Lancé en 1993 et basé à Grenoble, le collectif « Ici-Même » réunit des artistes qui viennent d’univers disparates : chorégraphes, danseurs, plasticiens, comédiens, créateurs sonores, auxquels se joignent parfois des sociologues ou des urbanistes. Depuis l’entre-deux tours des élections présidentielles 2002, le collectif a développé la pédagogie des « agences de conversation ». « Nous avons été frappés, le 22 avril 2002, par le désir de parole qui habitait les personnes croisées dans la rue. Comme notre démarche consiste à créer à partir de situations réelles du quotidien, nous avons exploré la technique du recueil de la parole spontanée », précise Corinne Pontier. Cette technique aboutit à la construction de scènes où la parole est restituée sous des formes variées, en mobilisant le son, le geste, l’image ou le décor.

Dans la résidence de création qu’ils vivent cette semaine au Parvis, huit artistes du collectif « Ici-Même » vont repartir de ce recueil de conversations pour bâtir « Le conseil extraordinaire ». « La scénographie sera celle d’une salle de conseil, avec un « conducteur » défini la veille au soir comme pour une émission de radio ou de télévision. Notre partenaire marseillais de la radio associative Grenouille sera présent au cours de chacune des deux soirées », ajoute Corinne Pontier. « Le public sera tour à tour auditeur, spectateur, lecteur, et pourquoi pas, acteur ».

Le collectif, avec quatre de ses membres, Jacques Boyer, Frédéric Arcos, Evelyne Lonchampt et Corinne Pontier, a démarré sa résidence de création par une promenade urbaine proposée samedi après-midi au public du Parvis. « Réunis devant les archives départementales, nous avons été à pied jusqu’à la place Verdun, puis nous avons pris le bus vers Odos », raconte Béatrice Daupagne, secrétaire générale du Parvis. « Ensuite, nous avons parcouru à pied le golf des Tumulus, et rencontré la dame du château, qui nous a raconté l’histoire de Laloubère, « Le Bois des loups ». Nous avons croisé un paysan boulanger de Laloubère, avec un nouvel échange. Puis, nous avons fait du stop pour rentrer à Tarbes, ce qui a permis d’autres rencontres, comme celle avec un fromager. De retour aux archives départementales, nous avons visité le site sous la houlette de son directeur, François Giustiniani. Enfin, les membres du collectif « Ici-Même » nous ont guidés pour raconter cette expérience, sous forme orale, visuelle et graphique ».

L’étape suivante a été la projection des deux films iraniens au cinéma du Parvis. « Taxi Téhéran », de Jafar Panahi, met en scène le réalisateur dans le rôle d’un chauffeur de taxi qui dialogue avec ses clients et les personnes rencontrées au fil d’un « road movie » urbain. Il offre une image à la fois drôle et dramatique de la vie quotidienne dans l’Iran de Rohani et s’achève sur la confiscation de la caméra du réalisateur. La parole y est très libre, avec un mélange subtil de scènes spontanées ou interprétées.

Changement de décor pour « Iranien » de Mehran Tamadon, qui tente un pari audacieux : réunir quatre conservateurs iraniens dans sa maison et amorcer un dialogue avec eux sur les thèmes du « vivre ensemble » et de la laïcité. Exercice redoutable pour le réalisateur qui affronte notamment un mollah dialecticien décidé à lui imposer sa vision du monde. Le film s’achève sur le constat d’exclusion du metteur en scène, désormais interdit de séjour dans son pays sous peine de confiscation de passeport et d’assignation à résidence.

Après les projections, quelques spectateurs amorcent un dialogue dans la salle avec les artistes du collectif « Ici-Même », avant de se retrouver autour d’un verre au café du Parvis. L’occasion de dessiner l’enjeu des conversations entendues dans les deux films, que résume ainsi Corinne Pontier : « est-il possible de dialoguer avec son adversaire, voire avec son ennemi ? Quel rôle peut jouer la parole publique dans notre société ? ». Les deux séances du « Conseil extraordinaire » jeudi soir et vendredi soir apporteront peut-être quelques éléments de réponse.

Jean-François Courtille

« Le conseil extraordinaire » sera présenté jeudi 21 janvier et vendredi 22 janvier à 19h30 au Parvis - Scène Nationale Tarbes Pyrénées – Route de Pau 65 420 Ibos – Site : www.parvis.net - Billeterie : tél 05 62 90 08 55.