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Voeux à la Chambre de commerce et d’Industrie : "Le monde change" (François-Xavier Brunet)

vendredi 15 janvier 2016 par Rédaction

La traditionnelle cérémonie des voeux à la Chambre de commerce et d’industrie a réuni de nombreuses personnalités, de l’administration préfectorale, des milieux économiques et politiques. Des vœux placés sous le signe du changement par le président François-Xavier Brunet.

Le discours de François-Xavier Brunet

Le monde change

Je vous remercie de votre présence et je veux voir dans celle-ci une marque d’estime et de confiance pour la CCI, ses membres élus dont quelques-uns m’entourent ici et ses collaborateurs.

L’Établissement public consulaire, à l’instar du monde dans lequel il exerce ses missions, change et évolue. J’y reviendrai dans quelques minutes.

Ce qui est certain, et pérenne, c’est que la CCI, quoi qu’il arrive, conserve l’ambition d’exercer ses missions traditionnelles dans un esprit de service aux entreprises, de loyauté à l’égard de ses partenaires et de fidélité aux valeurs portées par ses membres, issus pour la plupart des rangs des organisations patronales (CGPME, MEDEF) et vécues au quotidien par nos ressortissants : l’esprit d’entreprise.

LE MONDE CHANGE. Et nous, changeons-nous suffisamment avec lui ?

Faisons-nous collectivement suffisamment d’efforts pour nous adapter à ces changements ? C’est ce questionnement, vital, que je voudrais partager avec vous à l’occasion de ces voeux.

Les monde change et les tragiques événements de 2015 l’ont brutalement illustré. Le monde est soudain apparu moins sûr, plus dangereux à une France et une Europe qui se croyaient à l’abri de la guerre depuis plusieurs décennies. Mais c’est une nouvelle guerre, atypique et asymétrique à laquelle nous sommes confrontés.

Le monde change et le contexte macroéconomique change lui aussi à grande vitesse. Les certitudes d’hier sont frappées d’obsolescence et les cycles économiques paraissent de plus en plus courts. La Chine, dont on pensait la croissance invincible chancelle, et les marchés financiers toussent et tremblent.

Parmi les BRICS, seule L’Inde, pour l’instant, garde le cap d’une croissance forte et solide. Le pétrole, dont on pensait l’inflation certaine était hier en-dessous de 30 US$ le baril et l’Arabie Saoudite envisage son prochain budget en déficit et l’ouverture partielle du capital de l’Aramco.

Le monde change et les paramètres hexagonaux de la croissance, tels qu’on les imaginait au siècle dernier, ne fonctionnent plus. Il y a un an, les observateurs étaient pleins d’espoir : les planètes étaient enfin alignées dans une conjonction favorable : pétrole en baisse, taux d’intérêts faibles, parité euro/dollar plus favorable... Mais rien n’y fait. Il faut actionner d’autres leviers. Ce n’est pas une crise, c’est une transformation que nous vivons.

Le monde change et les petits habitants de la planète que nous sommes, comme les grands de ce monde, prennent conscience des conséquences prévisibles du dérèglement climatique, découvrant ainsi que la nature n’est pas une ressource infinie mais une ressource finie et fragile.

Le monde change, y compris à une échelle qui nous est plus intelligible et plus accessible.

La relation que nous devons avoir à l’Etat et à la puissance publique ne peut pas demeurer la même. A 57 % du PIB représenté par la dépense publique, nous avons dépassé le seuil qui était celui d’un pays comme la Hongrie avant la chute du rideau de fer.

Les chefs d’entreprise, eux, savent bien combien est illusoire la prétendue toute puissance des politiques sur l’économie.

Le monde change et nos référentiels évoluent. Nouveau cadre régional, nouveau cadre intercommunal, nouvelles compétences et nouveaux moyens pour le Département et les Communes (ou plutôt moins de compétences et moins de moyens...).

Le monde change aussi et surtout pour les entreprises et ces changements ne sont pas conjoncturels, ils sont structurels.

Transition énergétique, transition numérique, usine du futur, impression 3D, robotisation, blockchains, fintech, medtech, IOT (objets connectés) : autant d’enjeux illustrés par les acronymes GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et surtout maintenant NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber).

Ces bouleversements en cours ou à venir impactent fortement notre vie quotidienne et nos métiers qu’ils relèvent de l’Industrie, du Commerce et des Services.

Ils sont l’illustration d’une époque véritablement disruptive.

Plus que jamais, la notion de « destruction créatrice » est d’actualité, elle est issue du livre de Joseph Schumpeter « Capitalisme, Socialisme et Démocratie ». Elle ne doit pas nous effrayer mais nous aider à comprendre la notion de cycle économique, de disruptions, et surtout que sans réformes en profondeur, sans adaptations, nous ne renouerons pas avec la croissance.

Le monde change, et les CCI, elles-aussi, doivent nécessairement changer.

Réduction brutale et massive de leurs ressources, nécessité de mutualiser et de régionaliser les fonctions support, perspective de fusion de 2 réseaux régionaux aux cultures et aux pratiques divergentes, le reformatage ne sera pas sans conséquences organisationnelles et sociales.

Je voeux adresser un message d’estime et de confiance aux collaborateurs de la CCI, mobilisés sur les missions de notre Etablissement public autour de leur Directeur Général, mon ami Camille Denagiscarde. Les décisions que nous prenons et que nous devrons certainement continuer de prendre au plan régional ne sont pas une marque de défiance à leur égard mais sont prises sous l’empire de la nécessité quoi qu’il nous en coûte sur le plan affectif. Je sais qu’ils et elles le savent et le comprennent.

Mais nous gardons la volonté très ferme de poursuivre notre action et nos missions sur le fondement de ces quatre vocations qui nous tiennent à cœur :

- Représenter les entreprises et nous exprimer en leur nom en parfaite cohérence avec les organisations professionnelles et les branches.

- Appuyer, conseiller les entreprises mais aussi travailler avec les Collectivités territoriales comme nous le faisons dans le cadre de la démarche exemplaire du projet de territoire.

- Accompagner et animer l’économie locale tant par des missions d’appui individuel que des opérations collectives qui auront nécessairement de plus en plus à s’inscrire dans une logique régionale.

- Former enfin, en particulier par alternance, aux métiers nécessaires pour nos entreprises et, là encore, dans une cohérence régionale évidente.

Au moment de conclure, je voudrais formuler quelques voeux à caractère général avant de vous exprimer des souhaits personnels pour vous et ceux qui vous sont proches.

Je forme le vœu que le monde triomphe de cette nouvelle forme de barbarie qui salit l’idée même de Dieu en prétendant agir en son nom.

Je forme le vœu que l’éducation, la culture et un plus grand esprit de miséricorde animent le monde pour éviter à tous ces jeunes perdus de sombrer dans la haine, le sang et le désir de mort.

Je forme le vœu que nous tournions le dos à l’indifférence devant le spectacle de femmes, d’enfants et d’hommes fuyant la guerre, la misère et la peur.

Pour notre pays, je forme le vœu qu’il ne s’abandonne pas à celles et ceux qui tentent de le séduire par le repli identitaire, le rapetissement et les illusions chimériques. Je lui souhaite au contraire de l’audace et du courage pour saisir les nouvelles opportunités économiques qui s’ouvrent, se réformer, s’ouvrir au monde, se connecter au changement. Et retrouver la fierté d’une France forte dans une Europe unie.

Pour notre région, je forme le vœu qu’elle se forge une légitimité fondée sur ses compétences renforcées mais aussi sur une identité qui n’oublie pas la dimension structurante que sont les Pyrénées. Bref, que les équilibres fondamentaux de son territoire ne soient pas bousculés au profit de Toulouse et du littoral méditerranéen.

Pour notre département, je souhaite que nous puissions élaborer un projet de territoire qui nous permette, dans une logique de l’offre, de constituer une alternative crédible aux grandes métropoles.

Pour vos entreprises, vos équipes, vos structures, je vous souhaite des projets et de la réussite.

Pour chacune et chacun d’entre vous, pour tous ceux qui vous sont chers, je vous souhaite le meilleur et... des rêves.

« La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit » O. Wilde.

Quel meilleur vœu formuler ?

Bonne année à tous.