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Culture - Jour de colère pour l’auteur bigourdan Diego Arrabal

jeudi 14 janvier 2016 par Rédaction

Dans son dernier roman policier, publié par les éditions tarbaises Arcane 17, l’écrivain bagnérais Diego Arrabal aborde un sujet resté longtemps tabou en Espagne : le vol des enfants de Républicains sous le régime franquiste. Voici une interview réalisée à l’occasion de la dédicace de « Jour de colère » à la Librairie « Les Beaux Jours » de Tarbes.

Quel est le propos de votre roman et à quelle époque est-il situé ?

« Jour de colère » se situe

à la fin de l’année 2003. Son propos est d’évoquer une tragédie qui s’est déroulée pendant la guerre civile espagnole et sous la dictature franquiste, avec des développements jusqu’en 1986, soit 11 ans après la mort de Franco : le vol des enfants de Républicains espagnols. Ils étaient enlevés par les franquistes, et on annonçait à leurs parents qu’ils étaient décédés. Puis, ces enfants étaient placés au sein de familles franquistes et recevaient une nouvelle identité. Dans « Jour de colère », le commissaire qui mène l’enquête travaille à Nancy. Il est confronté à la mort de deux religieuses espagnoles dans sa ville. En essayant de remonter la piste, il va jusqu’en Espagne où il découvre ce « trafic » d’enfants. Il essaie là-bas de trouver le coupable. Mais il se heurte aux autorités politiques et religieuses qui font corps pour ne pas faire la lumière sur la mort des deux religieuses espagnoles. Elles préfèrent le silence à la justice.

Vous êtes d’origine espagnole. Avez-vous des parents qui ont vécu cette période du franquisme ? Qu’est-ce qui vous a été transmis à ce sujet ?

Je suis fils d’un réfugié espagnol. Comme beaucoup de personnes qui ont vécu cette période, mon père m’en a très peu parlé. Pour moi, c’était l’histoire de ma famille, et pas mon histoire, car je suis né en France. Il y’a une dizaine d’années, j’ai découvert cette question des enfants volés. Cela m’a fait penser à ce qui se passe dans d’autres dictatures. Et j’avais envie de raconter cette histoire-là. Cela m’a amené à effectuer un travail de documentation. Je me suis appuyé sur les recherches d’historiens catalans, qui ont étudié le système carcéral espagnol. Ils ont travaillé aussi sur les documents déclassifiés du ministère de la justice espagnole. Ces documents expliquent comment fonctionnait le système carcéral, comment étaient traités les parents et comment disparaissaient les enfants. Ils évoquent le système des « patronatos », destinés à la « réhabilitation » des prisonniers. Ces structures religieuses servaient en réalité à « exfiltrer » les enfants des mères considérées comme « rouges ». Les femmes enceintes prêtes à accoucher arrivaient dans les infirmeries des prisons. Puis, elles allaient dans les maternités. Là, on enlevait leur bébé dès la naissance, et on leur racontait que l’enfant était mort. J’ai retrouvé des documents auprès de trois associations qui regroupent des enfants enlevés à leurs parents. Ils essaient de retrouver leur filiation. Ces associations comptent environ 6000 adultes. Parmi eux se trouvent aussi des personnes qui ont été placées dans des institutions religieuses. Elles ont élevées dans le rejet de leurs parents républicains. C’est une véritable tragédie. Le commissaire Ney est l’un de mes personnages récurrents. J’aime bien aborder les sujets de société dans mes romans policiers. Il m’a semblé que c’était la façon la plus pédagogique de traiter cette question. Et de permettre ainsi au public de découvrir cette histoire, d’en comprendre les enjeux. Depuis 20 ans, l’Espagne refuse de revenir là-dessus. Elle a été condamnée à trois reprises par la Cour Européenne des Droits de l’Homme en raison de l’interdiction qui est faite à ces enfants de remonter à leurs origines familiales.

Quels sont vos prochains projets de romans ?

Je prépare pour septembre 2016 un roman policier qui sera publié aussi par les éditions Arcane 17. Ce sera l’histoire d’un tueur à gages. Ensuite, j’ai en projet le cinquième épisode des enquêtes du commissaire Ney. Ce roman le conduira jusqu’en Allemagne, sur la piste d’un trafic d’organes.

Propos recueillis par Jean-François Courtille

« Jour de colère » de Diego Arrabal, publié par les éditions Arcane 17, est disponible à la Libraire « Les Beaux Jours » – 18 avenue de la Marne à Tarbes – Tél 05 62 34 44 69.