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Scène nationale du Parvis : Naissance du festival « In Vivo »

mardi 12 janvier 2016 par Rédaction

Arts plastiques, spectacle vivant et cinéma vont se croiser du 16 janvier au 5 février à la scène nationale du Parvis, dans le cadre d’un nouveau festival, « In Vivo ». La création artistique y tutoiera les grandes questions économiques, sociales et politiques qui traversent notre monde. Tour d’horizon des rendez-vous proposés au public des Hautes-Pyrénées et du Béarn.

« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » : la fameuse interrogation lancée par le poète Louis Aragon a été choisie comme titre pour la première édition du festival « In Vivo », organisé du 16 janvier au 5 février par la scène nationale du Parvis. « Ce festival a pour ambition d’illustrer les rapports étroits qui unissent l’art et la société. L’artiste n’a pas de solution à proposer, mais il a quelque chose à dire sur l’évolution du monde », assure Marie-Claire Riou, directrice du Parvis. « Pendant le festival, nous allons impliquer encore plus le public dans la démarche de création des œuvres ».

Premier thème abordé pendant la Quinzaine : le deuil au sein de la famille, avec « Le chagrin », une pièce de théâtre de Caroline N’Guyen, les 19 et 20 janvier à 20h30. L’histoire se déroule à la campagne. Un fils vient de perdre son père. Sa sœur habite loin d’ici et sa mère est décédée depuis longtemps. « La pièce montre avec finesse la phase de régression et le ralentissement du temps qui sont propres à la période du deuil au sein de la famille », souligne Marie-Claire Riou.

Changement de registre avec « Le conseil extraordinaire », par la compagnie marseillaise « Ici-Même ». Un spectacle sur le thème de la parole publique, construit à partir de la captation des voix, des conversations et des ambiances sonores par les artistes, au cours de déambulations urbaines. Le public y sera associé, et des élus viendront assister à la restitution finale. « La démarche de création du spectacle commencera avec une promenade à travers la ville de Tarbes samedi 16 janvier à 14h30, sous la direction de la compagnie théâtrale », précise Béatrice Daupagne, secrétaire générale du Parvis. « Elle permettra au public de porter un regard différent sur les sites urbains visités ». Le samedi soir, la démarche se poursuivra au cinéma du Parvis, avec la projection de deux films iraniens : « Taxi Téhéran », de Jafar Panahi, à 18h30 et « Iranien », de Mehran Tamadon, à 21h. Deux œuvres qui donnent une part importante à la rencontre et au dialogue entre des personnes d’horizons différents. « Les comédiens de la compagnie ‘Ici Même’ aideront le public à échanger autour de ces films, et nourriront dans le même élan leur futur spectacle », ajoute Jacques Boulé, responsable du cinéma du Parvis. « Le conseil extraordinaire » aura deux représentations, jeudi 21 et vendredi 22 janvier à 19h30.

« Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni », d’Antonio Tagliarini et Daria Deflorain, est une pièce de théâtre inspirée de l’œuvre d’un auteur grec, Petros Markaris. Présentée le mardi 26 janvier à 20h30, elle évoque la crise grecque à travers l’histoire emblématique de quatre femmes qui décident de se suicider pour ne pas peser sur les générations suivantes. « Une rencontre aura lieu avant le spectacle, à 18h, avec 40 dirigeants de PME ou de TPE des Hautes-Pyrénées, en partenariat avec le Comité Départemental de Développement Economique », détaille Marie-Claire Riou. « L’économiste Jacques Lecacheux donnera une conférence pour nous éclairer sur les causes et les répercussions de la crise en Grèce ». La touche cinématographique sur le même sujet sera apportée par la diffusion du film « Kaos » le lundi 18 janvier.

Le festival tentera ensuite une incursion audacieuse dans l’univers de la psychiatrie avec « Les Bruits de couloir », par la compagnie ‘Ouïe / Dire’, le 27 janvier à 20h30. « Les comédiens sont restés pendant trois semaines à l’hôpital psychiatrique de Fleury-Les Aubrais, près d’Orléans », révèle Emmanuel Gérard, secrétaire général adjoint du Parvis. « Ils ont enregistré les sons de la vie quotidienne, y compris la nuit, dans cet hôpital. Un musicien a travaillé à partir de ces sons et a composé une véritable polyphonie musicale ».

La danse contemporaine aura une place de choix au cours de la Quinzaine grâce à « Legacy », spectacle proposé le 28 janvier à 20h30 par Nadia Beugré, chorégraphe ivoirienne. « Une artiste d’une forte personnalité, très engagée dans la lutte pour les droits des femmes dans le monde », décrit Marie-Claire Riou. « Legacy raconte l’histoire de la marche des femmes de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, le 24 décembre 1949. Elles s’étaient mobilisées pour tenter d’obtenir la libération de leurs maris incarcérés, et elles n’avaient pas hésité à se dénuder à moitié pour tenter de détourner l’attention des forces de l’ordre », raconte Emmanuel Gérard. « Douze femmes de toutes générations, parmi les habituées du Parvis, ont accepté de jouer le jeu et de participer au spectacle aux côtés de Nadia Beugré », complète Béatrice Daupagne. En parallèle, « Difret », un film sur l’histoire d’une femme éthiopienne qui a commis un meurtre pour échapper à un rapt, sera diffusé au cinéma du Parvis. Il sera suivi d’un débat en présence du Planning Familial.

Avec « Le dernier contingent », pièce de théâtre présentée les 2 et 3 février à 20h30, Jacques Allaire s’attaque à l’adaptation d’un roman d’Alain Julien Rudefoucauld. Le thème de la pièce est celui de l’adolescence et de l’exclusion subie par des personnes qui ont basculé dans le monde de la folie. « C’est une œuvre qui interroge avec acuité la manière dont notre société traite les personnes en marge », souligne Marie-Claire Riou. L’auteur et le dramaturge soulèvent des questions dérangeantes pour le monde adulte : aimons-nous assez les jeunes ? ». En contrepoint, le cinéma du Parvis diffusera « Le Kid » de Charlie Chaplin le 1er février.

Invité du festival « In vivo », Philippe Quesne, directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers, apportera une note humoristique au festival avec son spectacle intitulé « La mélancolie des dragons », le 5 février à 20h30. « C’est l’histoire d’un groupe de hard-rockers aux cheveux longs et au tempérament pacifique, dont la voiture tombe en panne au milieu de nulle part », explique Marie-Claire Riou. « Ils sont secourus par une jeune femme. La mélancolie évoquée par le titre de la pièce renvoie aux utopies disparues ».

Plasticien, Philippe Quesne a relevé le défi de préparer, pendant le festival, l’exposition « Welcome to Caveland », au sein de l’espace d’art contemporain du Parvis. Elle sera présentée ensuite pendant deux mois, à compter du vernissage public, prévu le 4 février à 19h. « Cette exposition va décliner le thème de la grotte, avec comme fil rouge le personnage d’une taupe « habitée » par un comédien de la compagnie ‘Vivarium Studio’ », précise Magali Gentet, directrice de l’espace d’art contemporain. « L’esthétique de l’exposition évoquera celle de la fête foraine. Le cinéma et la vidéo seront aussi mis à contribution. Des conférences auront lieu en présence de scientifiques et de philosophes. De nombreuses surprises jalonneront l’exposition, qui évoluera en permanence ». Philippe Quesne et son équipe mettront à profit cette exposition pour mettre au point de nouveaux projets artistiques, dans l’esprit d’une résidence de création.

Jean-François Courtille

Le Parvis – Scène Nationale Tarbes Pyrénées – Route de Pau 65 420 Ibos – Site : www.parvis.net - Billeterie : tél 05 62 90 08 55.