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Le Parvis a fêté les 120 ans du cinéma

vendredi 1er janvier 2016 par Rédaction

Comme lors de la première séance de cinéma organisée par les Frères Lumière en 1895, 33 personnes ont assisté aux projections organisées lundi soir par l’équipe du Parvis. L’occasion de rendre hommage aux pionniers du septième art, et de valoriser les talents de jeunes musiciens du lycée Marie Curie.

Le jardinier trempé attrape le farceur qui l’a aspergé et dirige sur lui son jet d’eau, pendant que les spectateurs rient aux éclats. « L’arroseur arrosé », l’un des premiers courts métrages des frères Lumière, a toujours autant de succès auprès du public. 120 ans après l’invention du cinéma, 33 spectateurs se sont retrouvés lundi soir dans le salon cinéphile du Parvis, pour assister à une projection des premiers chefs d’œuvre du septième art.

« Nous avons voulu fêter cet anniversaire en vous proposant de redécouvrir sur grand écran les premiers films muets de l’histoire », explique Jacques Boulé, responsable du Cinéma au sein de la scène nationale du Parvis. « Comme aux origines, les films seront accompagnés par des musiciens. Nous avons donné carte blanche à des jeunes qui suivent l’enseignement d’exploration musicale au lycée Marie Curie. Vous entendrez ainsi une musique du XXIème siècle en découvrant les courts métrages, comme si vous étiez des spectateurs de la naissance du septième art ».

Un verre à la main, les spectateurs subjugués voient défiler les premiers œuvres des frères Lumière, telles que « L’arrivée du train en gare de La Ciotat » ou « Le cocher endormi ». Puis, ils découvrent avec émotion « Le voyage dans la lune » de Georges Méliès, qui n’a rien perdu de sa force poétique. Ensuite, « Le retapeur de cervelle » permet au public de contempler le premier film d’animation de l’histoire du cinéma, réalisé par Emile Cohl. Plein de verve et de trouvailles, ce court métrage étonnant annonce déjà l’univers visuel de Paul Grimault, l’auteur mythique du « Roi et l’Oiseau ».

Enfin, les spectateurs découvrent un film très audacieux pour son époque : « Les conséquences du féminisme », œuvre d’Alice Guy, la première réalisatrice de fiction de l’histoire du cinéma. Elle imagine une société où les femmes auraient endossé le pouvoir et les comportements des hommes. Un miroir grinçant et drôle qui a dû susciter quelques jolies polémiques à son époque. Pendant cette première séance de projection, les lycéens de Marie Curie assurent l’habillage sonore des films, alternant la guitare avec la musique assistée par ordinateur. Leurs choix artistiques astucieux permettent ainsi aux films de retrouver toute leur modernité, comme un clin d’œil des arrières petits-enfants à leurs glorieux ancêtres.

Après une photo souvenir devant l’entrée du Cinéma, et une collation servie dans l’espace restaurant du Parvis, les spectateurs se dirigent vers la salle Jules. Cette fois, ils vont découvrir le premier film parlant de l’histoire du cinéma, « Le chanteur de Jazz », réalisé en 1927 par Alan Crosland. Au début de la projection, surprise : un long préambule en musique précède l’apparition de l’image. « A l’époque de la diffusion de ce film, les spectateurs ont accueilli cet événement d’une autre manière que nous, car c’était la première fois qu’ils entendaient un son émanant de l’écran de cinéma », précise Jacques Boulé. « Le chanteur de jazz » est en réalité l’ancêtre de toutes les comédies musicales.

Ce film retrace le parcours du fils d’un rabbin juif traditionnaliste qui rêve de devenir chanteur de jazz. Le réalisateur utilise à merveille la sonorisation à l’appui de son scénario. La scène emblématique est celle où, devenu adulte, le chanteur, interprété par Al Jolson, retrouve sa mère adorée. Il commence à dialoguer avec elle en chantant. Quand le père revient, horrifié par ce spectacle, il pousse un cri de colère, et provisoirement, le film redevient muet.

« Le chanteur de jazz », joli mélodrame familial et artistique, témoigne aussi des préjugés raciaux de l’Amérique des années 1920. Aucun acteur noir n’est présent dans le film, exceptée une danseuse juste entr’aperçue, et le comédien qui joue le rôle du chanteur de jazz se noircit le visage avec de la suie ! Ce film musical inventif préfigure de nombreux chefs d’œuvre ultérieurs comme « L’ange bleu », « Dansons sous la pluie », « West side story » ou « The artist ».

Les jeunes lycéens de Marie Curie et leur enseignante ont beaucoup apprécié leur expérience artistique en hommage aux 120 ans du cinéma. « Nous avons relevé en quelques jours le défi lancé par Emmanuel Gérard, le secrétaire général adjoint du Parvis », confie Fabienne Miqueu, professeur de musique. « Les lycéens qui ont participé à cette initiative se sont portés volontaires, car nous étions déjà en périodes de vacances. Je leur ai distribué les rôles, et ils ont composé eux-mêmes leurs partitions. Nous avons répété quelques heures avant la soirée de projection ».

Nils, lycéen en seconde, suit l’option musique à Marie Curie. « J’ai choisi de jouer de la guitare et d’utiliser un logiciel de musique assistée par ordinateur. Cette expérience était très intéressante. La liberté qu’on nous a accordée était un peu effrayante, mais elle a été une source d’inspiration pour composer des musiques adaptées aux courts-métrages ». Nul doute que les frères Lumière, Georges Méliès, Emile Cohl ou Alice Guy, merveilleux pionniers du cinéma, auraient apprécié l’hommage de leurs jeunes successeurs.

Jean-François Courtille