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Aureilhan : Trois anciens résistants ont rencontré des lycéens à Sixte-Vignon

jeudi 10 décembre 2015 par Rédaction

Joseph Olivera, résistant et maquisard, a contribué à la libération de Tarbes, avant de s’engager au sein du Régiment de Bigorre et de participer à la reconquête des ports de l’Atlantique. Jean Dupuy, combattant du Régiment de Bigorre, a été grièvement blessé lors de la campagne de libération. Georges Laffont, résistant, a tiré sur un milicien à Séméac, puis participé au sabotage de la sous-station électrique de Lourdes et aux combats contre les SS en vallée de Campan. Les trois hommes, nonagénaires, avaient moins de 20 ans quand ils se sont engagés. Ils souhaitent partager leur expérience aux générations actuelles, afin de leur transmettre le flambeau de la résistance.

35 élèves du lycée professionnel Sixte-Vignon à Aureilhan ont rencontré ces trois témoins de l’histoire bigourdane, jeudi dernier, à l’initiative de leur documentaliste, Lucie Mazouat, et de Daniel Larregola, président de l’Association des Anciens Combattants et Amis de la Résistance (ANACR 65). Le lycée porte le nom d’un grand résistant, Sixte Vignon. Commandant du maquis d’Aubarède, dans le secteur des Coteaux, il a été tué lors d’un combat contre l’armée allemande, le 7 juin 1944. La rencontre entre les élèves et les anciens résistants s’est déroulée en présence du proviseur du lycée professionnel, Olivier Fourquet, et du professeur de lettres et d’histoire, Daniel Ben Adhira. Les jeunes participants venaient des classes de première menuiserie et de première mécanique auto. Ils ont été rejoints par un jeune en terminale charpente et par un jeune en seconde aluminium.

« J’ai envie de participer à cette rencontre pour entendre les récits des personnes qui ont vécu la seconde guerre mondiale », confie Quentin avant la rencontre. « Dans le cadre du programme d’histoire, nous avons proposé aux élèves une découverte de la résistance, à travers trois initiatives : la présentation de l’exposition créée par l’ANACR 65, la visite du musée de la résistance et de la déportation à Tarbes, et la rencontre avec des témoins vivants de la résistance », précise Lucie Mazouat, la documentaliste du lycée. « Pour les jeunes de cette génération, la guerre est une époque très éloignée. Ils ont ainsi la chance d’entendre un témoignage de Bigourdans qui peuvent les aider à remettre en perspective la réalité historique », ajoute Olivier Fourquet, le proviseur du lycée. « L’enjeu de cette rencontre est de permettre aux élèves de comprendre l’intérêt de résister, et pourquoi des jeunes de leur âge ont fait le choix de s’engager à cette époque », complète Daniel Ben Adhira, professeur de lettres et d’histoire dans ces deux classes.

Georges Laffont explique d’abord comment les jeunes de sa génération ont été marqués par la défaite de 1940, puis par le début de la collaboration, avec la naissance de la milice. Il raconte comment, avec son complice Jean Dupuy, il a tiré sur un milicien une nuit au coin de l’avenue des sports à Séméac. Il évoque aussi sa participation au sabotage de la sous-centrale électrique de Lourdes, et au combat contre la division SS Das Reich dans la vallée de Campan. Il relate enfin avec une grande émotion l’histoire terrible de l’un de ses compagnons, « mort sous la torture, puis enterré sous un tas de charbon ».

Jean Dupuy, rescapé du Régiment de Bigorre, et vétéran de la campagne pour la reconquête du Sud-Ouest, au cours de laquelle il a été grièvement blessé par une mine, exhorte les jeunes à « ne jamais être indifférents ». Il leur explique que les jeunes de sa génération entrés dans la résistance avaient auparavant cultivé cet esprit de résistance dans leur vie de tous les jours. « Soyez toujours positifs, comme l’ont été les résistants sous l’occupation, malgré les dangers. Et surtout, participez à la vie de notre pays. Par exemple, en allant voter ».

Joseph Olivera confie aux jeunes qu’il a échappé aux réquisitions pour le Service du Travail Obligatoire, avant d’être arrêté par les miliciens. Puis, il leur raconte son évasion spectaculaire, avec un copain, en profitant d’une messe à la cathédrale d’Auch. « Nous avons descendu l’escalier vers la rivière, pendant que les miliciens nous tiraient dessus. Et nous avons ensuite rejoint le maquis ». Jo Olivera a pris une part très active à la libération de Tarbes, avant de s’engager au sein du Régiment de Bigorre. Un lycéen lui demande si les Français ont plutôt penché pour la résistance ou pour la collaboration avec les Allemands. Il lui répond que peu de personnes se sont engagées à cette époque dans l’un ou l’autre camp. « La plupart des gens sont restés neutres, et ont juste essayé de survivre ». En conclusion, Daniel Larregola, président de l’ANACR 65, a encouragé les lycéens à cultiver « l’esprit de résistance ».

Jean-François Courtille