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Le pianiste virtuose Maurizio Baglini en concert à Aureilhan

mercredi 24 juin 2015 par Rédaction

Musicien et concertiste de réputation internationale, Maurizio Baglini a présenté un récital de piano mardi soir à l’Espace Culture Loisirs d’Aureilhan (ECLA), devant une salle comble. Il a interprété des œuvres de Scarlatti, Mozart, Beethoven et Chopin. Nous l’avons rencontré avant le concert.

Pour quelles raisons avez-vous choisi de venir jouer dans les Hautes-Pyrénées, et en particulier à Aureilhan ?

C’est d’abord une histoire d’amitié. Je connais depuis 15 ans Marie-Laure Foray, professeur de piano au Conservatoire de Tarbes. Elle m’a demandé de venir jouer ici cet été. Du coup, j’ai accepté l’invitation de la Mairie et de la MJC d’Aureilhan. Les Hautes-Pyrénées me rappellent un bon souvenir. Mon premier article dans le journal « Le Monde » est paru à la suite d’un récital que j’ai donné lors du festival de Barèges. Je reviens dans ce département tous les deux ans, par exemple au festival « Musiques et vins en Madiran ». Quand un ami me propose de venir jouer dans une salle de 186 places comme celle d’Aureilhan, j’accepte volontiers. Il me semble que l’art se transmet par capillarité, devant des petites assistances. Ce soir, je vais pouvoir consacrer 30 secondes à présenter chaque morceau au public. Bien sûr, je peux faire cela dans les grandes salles de Paris ou Londres. Mais ici, la proximité avec les auditeurs est plus grande. Dans cette époque où la qualité culturelle est menacée partout dans le monde, il me semble nécessaire de faciliter la relation directe entre le public et les artistes.

D’où vous est venue cette passion pour la musique ?

Dans les années 80, en Italie, les parents issus de milieux socialement aisés jugeaient nécessaire que leurs enfants fassent des activités culturelles. Mon père était architecte et ma mère était professeur de grec et de latin. J’ai donc pris des cours de piano, et l’amour de la musique est venu ainsi. Je regrette que cette attention à l’éducation artistique des enfants disparaisse aujourd’hui, dans tous les milieux sociaux. La musique et l’art ont le pouvoir de stimuler l’éveil intellectuel et la sensibilité des jeunes.

Vous êtes aussi directeur artistique de l’ « Amiata Piano Festival » qui a lieu chaque été en Toscane. Alors que beaucoup de manifestations culturelles en France rencontrent des difficultés financières, quel est selon vous l’enjeu de continuer à faire vivre les festivals ?

Le peuple a le droit d’accéder à l’art et à une culture de qualité.Les festivals permettent d’inculquer le sentiment de curiosité au sein du public, et aussi auprès des mécènes. Je mets au défi la classe politique de me prouver que Mozart et Beethoven n’ont aucune utilité aujourd’hui ! La musique classique est bien sûr un aspect minoritaire dans les choix politiques. Mais ce sont les minorités qui font avancer les sociétés. Si l’Italie a échappé à la banqueroute, elle le doit en grande partie à la qualité et à la diversité de son patrimoine culturel. Je me sens Français d’adoption. Et je suis déçu de voir, par exemple, disparaître une émission comme « Le dimanche idéal » sur France Musique. J’ai l’impression que la notion de qualité perd du terrain. Je perçois un projet politique derrière ce type de décision. Celui de créer une société inculte, plus facile à dominer. L’Etat n’investit plus assez dans la culture. Heureusement, certaines fondations privées soutiennent encore l’art. C’est le cas de la fondation Bertarelli. Elle a décidé de m’aider à lancer en Toscane ce festival de musique classique, en finançant la construction d’un auditorium. Quand j’organise un concert, le plus important n’est pas qu’il soit complet, mais que le public soit content. Il faut arrêter le nivellement par le bas !

Quels sont vos prochains projets artistiques ?

L’un d’entre eux me tient particulièrement à cœur. Pour le 40ème anniversaire de la mort de Pasolini, je vais organiser un concert avec un orchestre en Italie, le 2 novembre. Nous jouerons des œuvres de Bach, le musicien préféré du grand cinéaste …

Propos recueillis par Jean-François Courtille