Site d’informations en ligne, sur Tarbes et le Grand Tarbes

  Informations Lourdes et Grand Tarbes  Informations Lourdes et Pays de Lourdes  Informations Bagnères de Bigorre  Informations Argelès-Gazost Vallées des Gaves  Informations Pays de Lannemezan  Information Pays du Val Adour  Informations Hautes-Pyrénées     
         

Remise des prix aux lauréats départementaux du Concours National de la Résistance et de la Déportation.

vendredi 12 juin 2015 par Rédaction

Hier jeudi, dans les salons de la préfecture, a eu lieu la remise des prix aux lauréats départementaux du Concours National de la Résistance et de la Déportation. Une réception présidée par Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, préfète des H-P, en présence de Jean Glavany, député des Hautes-Pyrénées, Hervé Cosnard, Directeur d’Académie des Services de l’Education Nationale des Hautes-Pyrénées, Ludovic Banas, directeur de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, des élus des municipalités de Tarbes, Argelès-Gazost, Bagnères-de-Bigorre, Bernac-Dessus, Pouzac, Cieutat, Capvern ; M. Roger Dareux, président de l’ A.F.C.A.M.D.R. ; M. De Clarens, président du Comité départemental de la Résistance, etc.

Le discours de Roger Dareux, président de l’AFCAMDR

« C’est avec une émotion certaine que je m’adresse à vous aujourd’hui.
Emotion, parce qu’il s’agit pour moi de ma première cérémonie de remise de Prix du concours national de la Résistance et de la déportation en tant que président de L’AFCAMDR. Ce concours permet à chacun d’entre nous d’exprimer sa reconnaissance à celles et ceux qui ont contribué à animer la Résistance et à ceux qui ont été déportés.

Mais émotion surtout, car nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage, à la mémoire des victimes de la déportation dans les camps de concentration du IIIe Reich au cours de la guerre 1939-1945.

Ce moment de remise de prix est aussi celui qui clôt une année de travail, de lectures, de rencontres, d’échanges, année au cours de laquelle des collégiens et des lycéens ont perpétué le souvenir des déportés par leur travaux historiques réalisés individuellement ou en groupes. Selon une juste formule souvent reprise à son propos, parce qu’elle traduit sa qualité, ce concours national allie ceux qui ont fait l’Histoire, ceux qui l’enseignent, ceux qui la découvrent.

Perpétuant la mémoire des Déportés ; les Professeurs qui ont proposé à leurs élèves de s’engager dans ce concours et les ont accompagnés ; et les élèves qui ont, par leur travail, choisi de perpétuer le souvenir des victimes de la guerre et des camps, et de célébrer leurs valeurs.

Je félicite chaleureusement tous les lauréats de ce concours. Cette année, dans les Hautes Pyrénées, ce sont 274 Élèves, 129 collégiens et 45 lycéens- qui ont concouru et travaillé sur le thème qui était : "la libération des camps nazis, le retour des déportés et la découverte de l’univers concentrationnaire ».

Le concours départemental de la Résistance et de la Déportation est un moment important dans le cheminement qui conduit les élèves à devenir des citoyens vigilants. Faire de l’histoire, travailler sur le message du passé, c’est en réalité contribuer à construire son propre avenir.

Il y près de soixante-dix ans, les déportés rescapés recouvraient la liberté tandis qu’était révélée au monde la monstruosité des crimes commis dans les camps.
Himmler prit en 1944 une décision lourde de conséquences : à l’approche des armées alliés, les camps devaient être évacués et les détenus dirigés vers les camps situé à l’arrière front. Les évacuations des camps s’opérèrent : par des marches forcées ou dans des wagons à ciel ouvert, les détenus sillonnèrent les routes et voix ferrées d’Allemagne dans des conditions apocalyptiques.

Les libérateurs furent confrontés aux conditions indicibles des camps nazis. Ils y découvrirent notamment des tas de cadavres non inhumés. L’infime minorité des survivants avaient l’aspect de squelettes à cause des exigences du travail forcé, du manque de nourriture et des mois et des années de mauvais traitements ; Pour les survivants des camps, le retour à la normalité s’annonçait long et difficile.

Après avoir survécu aux conditions les plus inhumaines et les plus destructives, cela a engendré chez un certain nombre de déportés survivants, un étrange sentiment de culpabilité. Le « syndrome concentrationnaire ». La déportation est un vécu dont on ne peut se débarrasser, qu’un déporté est un déporté sa vie durant.

La libération du complexe d’Auschwitz, puis des camps de l’Ouest, est un choc dont rendent compte la presse écrite et les actualités cinématographiques en diffusant rapidement les premiers témoignages et les premières images. Immédiatement, dans le but de préparer les procès à venir des responsables nazis, un travail de collecte de documentation est réalisé : il s’agit de comprendre l’origine et le fonctionnement du système concentrationnaire et d’expliquer la situation découverte par les Alliés.

Parallèlement, est mise en évidence l’ampleur de l’extermination systématique des déportés.

Les atrocités ont été telles que la communauté internationale, après-guerre, dut trouver de nouveaux mots pour les décrire et les punir : « crimes contre l’humanité », si terrible qu’ils concernent toute l’espèce humaine, et « génocide », un plan concerté pour détruire un groupe national, ethnique ou religieux.

Mais ce concours de la Déportation revêtira touts son sens s’il ne se limite pas à la mémoire du passé mais s’il s’inscrit aussi dans le présent et l’avenir.

Il appartient aux nouvelles générations d’honorer l’action et les sacrifices des déportés en agissant pour le respect de la dignité humaine, la solidarité et la liberté triomphent à nouveau dans un monde plus juste et plus pacififique.

Je termine par un rappel d’une phrase capitale pour notre avenir celles des serments des déportés des camps de Buchenwald et Mauthausen « notre idéal est la construction d’un monde nouveau dans la paix et la liberté ».

Le propos de Hervé Cosnard, Directeur Académique

Le sujet de cette session 2015 m’a immédiatement replongé dans des expériences personnelles reçues avec des élèves il y a quelques années au Struthof à Auchwitz ou encore à Dachau, en présence d’anciens prisonniers. Comment penser un seul instant que cette horreur n’a jamais existé ? Comment ne pas tirer expérience du passé pour éviter effectivement que cela se reproduise ? Et pour l’instant, la cruauté de l’homme a réussi à prendre le dessus dans de trop nombreuses occasions depuis la 2e guerre mondiale.
Il est donc fondamental de continuer à travailler sur ces sujets, à faire vivre cette mémoire, cette histoire. Merci à tous ceux qui s’y consacrent. Merci aux enseignants, aux équipes, aux divers participants qui contribuent aux travaux, aux jeunes. Merci Mme la Préfète de nous accueillir pour donner toute la solennité voulue à cette remise de diplômes.

Le discours de Madame la préfète Anne-Gaëlle Baudoin-Clerc

Je suis heureuse de vous accueillir à la Préfecture, la Maison de l’Etat, pour la remise des prix aux lauréats départementaux du Concours National de la Résistance et de la Déportation.

Ce Concours est le plus grand concours scolaire national et je veux remercier l’ensemble de celles et ceux qui contribuent, chaque année, à son succès : les associations de Déportés, de Résistants, d’Anciens Combattants et de Victimes de Guerre, notamment l’AFCAMDR ; la Direction Académique des Services de l’Education Nationale ; l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre ; les différentes structures éducatives et culturelles et l’ensemble des enseignants impliqués.

Cette année constitue une belle édition car ce sont 129 collégiens et 45 lycéens répartis au sein de 16 établissements qui ont préparé ce concours et ce niveau de participation, a un vrai sens lorsqu’on se souvient.
N’oublions pas qu’il a été fondé en 1961 par les résistants et les déportés eux-mêmes, et qu’il continue de véhiculer l’esprit et le message qui les avaient alors inspirés.

Ce concours est exigeant car il suppose que l’on y consacre du temps, de l’engagement. Pour vous y préparer, vous avez beaucoup travaillé sur « la libération des camps nazis, le retour des déportés et la découverte de l’univers concentrationnaire ». Vous avez fait des recherches, vous avez réfléchi, vous avez médité sur le sens de cette histoire douloureuse et monstrueuse à laquelle vous vous êtes intéressés.

Certains d’entre vous ont pu rencontrer des survivants. Je pense à cette journée au Parvis organisée par l’Education Nationale et l’ONAC, au cours de laquelle vous avez échangé avec Mme Renée Sarrelabout déportée pour fait de résistance alors qu’elle avait votre âge.

Son témoignage a bouleversé beaucoup d’entre vous, comme l’ont été tous ceux qui ont lu, ou écouté, les témoignages des rescapés. Ceux qui ont su et qui ont pu dire l’indicible. Car derrière les portails et les barbelés de Buchenwald ou d’Auschwitz se trouvaient les pires atrocités et l’inhumanité dans sa réalité la plus insoutenable.

Face à ce choc, face à l’antisémitisme destructeur, l’esclavage, la mort programmée, massive, industrielle, face à la barbarie, il a fallu aux déportés et plus tard à l’Europe entière, une force immense pour se reconstruire.
Après la libération des camps par les alliés, tout était à fonder, à commencer par le souvenir puisque les nazis s’étaient attachés par tous les moyens à faire disparaître les traces physiques et les mémoires vivantes de leurs forfaits.
C’est ainsi que la force, la résistance, la résilience, le témoignage et les valeurs des survivants ont été le premier moteur du retour à la vie.
La force c’est celle de tous ces déportés qui ont témoigné, des historiens, des journalistes et de la société civile, mais aussi de l’État, qui ont de concert contribué à faire émerger la vérité des camps et à perpétuer la mémoire de ceux qu’on a voulu non seulement tuer, mais effacer de l’histoire.

Ce sont également les valeurs essentielles qu’il a fallu retrouver, celles qui étaient bafouées quotidiennement dans les camps de concentration : la liberté, l’égalité et la fraternité. J’y ajouterai aussi, l’humanité.
Ces valeurs qui sont le fondement du respect mutuel, de la vie en société, et de la dignité humaine, sont essentielles. Elles n’ont pu être rétablies qu’au prix d’efforts et de combats acharnés.
L’ensemble de ces combats a montré l’ampleur de la résilience, de la capacité de rebond formidable, d’hommes, de femmes mais aussi de sociétés qui ont su se mobiliser ensemble, contre la barbarie et l’oppression.

Chers lauréats, rien ne vous obligeait à préparer ce concours. A votre âge, ce ne sont pas les sollicitations qui manquent, mais vous avez compris que votre effort et votre travail valaient la peine.

Vous savez désormais qu’il existe des enjeux fondamentaux, des idéaux qui dépassent chacune de nos destinées individuelles.

Je veux saluer en vous des jeunes qui deviendront sans aucun doute des citoyens éclairés, engagés, responsables, les gardiens vigilants de cette flamme que vous transmettent les survivants, leurs familles, leurs associations, au travers des témoignages écrits ou audiovisuels et par des voyages sur les lieux de Mémoire.

Alors, que retenir ?

Que retenir de cette période, où des êtres humains ne furent plus que des numéros ?

A mon sens, trois leçons, qui valent pour aujourd’hui.

La première leçon, c’est de lutter sans relâche contre toutes les intolérances. Ce combat, que l’on pourrait croire derrière nous, est encore, hélas, devant nous. Les tragiques événements du début de l’année en sont malheureusement la preuve. Par ailleurs, trop de discriminations, trop d’insultes, trop d’agressions fondées sur des considérations racistes, xénophobes, religieuses, sexistes ou d’orientations sexuelles nous obligent à mener ce combat avec une grande vigilance. C’est vous qui devez le faire, autant que ceux qui ont à appliquer les lois de la République. Ne laissez rien passer !

La deuxième leçon, c’est le combat pour les libertés. Bien sûr, vous avez vécu – comme ma génération – en paix, ce qui est un privilège, par rapport à ceux qui nous ont précédés. Vous avez vécu en démocratie, au sein d’un pays libre et souverain. Mais la liberté n’est pas figée, la liberté n’est pas un acquis pour toujours, la liberté évolue car il y a des droits nouveaux à conquérir. Cela fait partie du débat républicain. Jusqu’où aller dans l’exercice, dans l’accomplissement de la liberté ?

C’est aussi votre tâche : ne jamais penser que tout serait figé, que vous n’auriez rien, vous-mêmes, à conquérir. Vous avez à conquérir d’abord des droits, à avoir votre pleine place dans la société, à faire en sorte que la République permette, par exemple, à chacun d’accéder à l’emploi. Mais vous avez aussi à aller plus loin, à aller au devant de tous ceux qui, aujourd’hui, sont dans la pauvreté, dans le doute, dans la misère.

La troisième leçon, c’est de croire toujours en l’avenir. Bien sûr, il y a des doutes, bien sûr, le présent peut être difficile. Mais nous devons toujours avoir ce sentiment que demain peut être meilleur qu’aujourd’hui.

Car c’est en nous mobilisant tous que nous pourrons faire écho aux mots prononcés lors du serment de Buchenwald : « notre cause est juste, la victoire sera nôtre ».

Merci de votre engagement, de votre enthousiasme et sachez qu’il nous oblige.

Les lauréats (.pdf)