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Assemblée générale du BTP 65

mercredi 8 octobre 2014 par Rédaction

1000 emplois perdus en 2 ans,
la situation du bâtiment et des travaux publics est alarmante

La fédération départementale du Bâtiment et des Travaux Publics a tenu son assemblée générale sous la présidence d’Antoine Nunès et en présence d’Anne-Gaëlle Baudoin-Clerc, préfète des Hautes-Pyrénées, Michel Pélieu, président du conseil général , Gérard Trémège, maire de Tarbes, Jean Glavany, président de l’OPH 65, député, Jeanine Dubié, députée, Viviane Artigalas, vice-présidente de la région et présidente de l’association départementale des maires, François-Xavier Brunet, président de la CCI et de plusieurs autres personnalités.

Le cri d’alarme d’Antoine Nunès

« En propos liminaires, je souhaite remercier le président François-Xavier Brunet pour son accueil et la mise à disposition de l’auditorium de la CCI

Le conseil d’administration de votre Fédération a souhaité, en juillet dernier, renouveler la confiance qu’il porte à mon équipe et à moi-même pour un nouveau mandat de 3 ans. Je remercie ses membres (qui sont vos représentants) et reste déterminé sur un engagement clair : placer l’activité de nos métiers et la compétitivité de nos entreprises au cœur de notre action collective. Plus que jamais, je suis convaincu que cet objectif doit constituer le fil directeur de l’action de notre Fédération, pour les trois ans qui viennent.

Vous avez été accueillis par la reproduction de notre campagne 4 x 3 qui s’est affichée sur nos murs depuis début septembre.

Nous souhaitions sensibiliser nos élus et l’ensemble de la population sur la situation catastrophique de notre filière depuis 5 ans.

Nos entreprises ne peuvent plus faire le dos rond et jouer le jeu, comme les premières années, d’une conservation « coute que coute » de leurs compagnons. Le chiffre d’affaires de notre profession a poursuivi son déclin en 2013 et depuis le début 2014. En six ans, il a décroché de plus de 30%, quand, dans le même temps, la richesse de notre pays retrouvait son niveau d’avant-crise.

L’année 2014 démarre avec un effectif de 4245 salariés seulement. Nos entreprises en employaient 5250 il y a deux ans…

Et si rien n’est fait pour inverser la tendance, d’ici moins d’un an nous aurons atteint notre niveau historiquement bas de 1995. Avec à la clef 800 suppressions d’emplois de plus.

 

Depuis l’automne dernier, les mauvaises nouvelles continuent à s’accumuler sur le front de l’activité : réduction de 20% des dotations de l’Etat aux collectivités locales à horizon 2017, tergiversations sur les suites à donner à l’investissement en infrastructures, réécriture des lois de défiscalisation. Les moteurs essentiels de l’investissement sont aujourd’hui au point mort ou tournent au ralenti.

Bien entendu, nous saluons la détermination du gouvernement pour relancer le logement. Et soutenir l’accession à la propriété mais nous nous devons également de rappeler que l’effet de ce plan ne pourra se faire sentir que dans certaines métropoles. Dans les départements ruraux comme le nôtre, l’atonie des marchés risque de durablement s’installer !

Parallèlement, ce sont les conditions mêmes d’exercice de nos métiers et les contraintes qui pèsent sur nos entreprises qui se durcissent et s’alourdissent chaque jour davantage.

On pourrait citer le dispositif de prise en compte de la pénibilité imaginé par le Gouvernement qui sans un combat forcené de notre Fédération aurait représenté, pour chacune et chacun d’entre nous, le plus grand choc de complexité conçu depuis la mise en place des 35 heures. Alors même que notre profession n’a jamais fait autant d’efforts en matière de prévention de la pénibilité, le gouvernement crée une véritable usine à gaz qui va produire du formulaire et de la paperasserie au kilomètre. Et renchérir considérablement le cout du travail. Grâce à notre lobbying le dispositif a été fortement amendé dans le bon sens, mais le pire est toujours à venir !

 

Dans un autre registre, la pression budgétaire qui s’exerce sur nos donneurs d’ordre publics les conduit à se réfugier dans une logique de moins-disance, contribuant à une guerre des prix sans merci, au sacrifice de nos marges, et au recours trop souvent constaté à la main d’œuvre déloyale.

Enfin, l’activité et la compétitivité de nos entreprises dépendent étroitement d’un environnement qui évolue à grande vitesse. Le paysage institutionnel, c’est-à-dire celui de nos donneurs d’ordre, va sortir profondément bouleversé des réformes en cours et des réformes annoncées : fin du cumul des mandats, refonte de la carte régionale, suppression de l’échelon départemental, renforcement de l’intercommunalité. A cela s’ajoutent la raréfaction des grands projets structurants, l’immédiateté et la stratégie du court terme qui semble nous diriger.

 

Vous le voyez, les sujets foisonnent et nous ne pouvons pas rester les bras croisés à attendre le « retour de la croissance ».

Le fameux mythe du retour de la croissance !

Le mot « crise » est sur toutes les lèvres, présent au détour des toutes les analyses, leitmotiv de ces dernières années. Cette crise omniprésente, qui fut d’abord vue comme courte et provisoire, est aujourd’hui perçue comme devant durablement perdurer.

Mais, parler de « crise », c’est :

- Penser que nous ne vivons qu’un moment transitoire et désagréable,

- Imaginer qu’une maladie est venue troubler notre organisme et qu’il faut la soigner,

- Et finalement croire que le futur sera identique au passé. Serrons les rangs, donnons un bon coup de collier, et tout repartira comme avant, en quelque sorte !

Je crois qu’une telle vue est profondément erronée, et est largement source du désenchantement actuel. En effet, nous ne vivons pas une crise, mais nous nous vivons un processus de transformation : demain ne sera pas du tout comme hier, et, nous subissons une réorganisation en profondeur de notre monde, de notre pays.

Nos problèmes économiques ne sont ni nés en 2008, ni d’abord issus d’une crise financière, mais sont les effets de la convergence, amorcée à partir de la fin des années 90.

La mondialisation a rendu communicante nos économies, et a amorcé la convergence, d’abord lentement, puis de plus en plus vite à partir des années 2000. Par l’endettement, nous avons masqué un temps cette baisse, mais cela ne peut plus durer. Comme nous sommes encore en 2014, trente fois plus riche qu’un Indien, neuf fois qu’un Chinois et quatre fois qu’un Brésilien, la convergence n’est pas terminée, et va s’étaler sur les dix à vingt ans à venir… sans compter les dettes qu’il va nous falloir rembourser.

Il est plus que temps de se réveiller car, comme Charles-Henri Filippi l’indique : « Le pire n’est pas sûr, mais il est devenu possible. Le meilleur est improbable, mais il n’est pas hors d’atteinte. »

Nous devons agir et nous mobiliser.

Nos pays européens, et singulièrement la France, sont riches de leur passé, et de le capital accumulé, d’épargne qui ne sert pas l’économie réelle,

Nous avons ainsi les ressources pour faire face à cette transformation.

A deux conditions :

Que nous ayons confiance en un futur meilleur et mobilisateur,

Que nous acceptions les idées nouvelles, celles qui « bougent les lignes »

Notre deuxième table ronde, sur le thème : Habitat et infrastructures préserver, transformer, créer ou détruire ?

Sera l’occasion d’aborder concrètement une de ces idées nouvelles !

Si d’autres idées nous sont présentées, nous nous mobiliserons pour les étudier et les porter plus avant.

Ce dont a besoin notre profession, ce n’est pas d’aides ou de subventions (je pense notamment au CICE) mais de projets et de vision pour l’avenir.

Dans l’attente de son avènement, la Fédération 65 continue à mobiliser les acteurs de notre territoire.

Il ne se passe pas une semaine sans que nous rencontrions les services de l’Etat, les parlementaires, présidents d’associations, les élus, les partenaires de l’acte de construire, sans que nous participions activement à tel ou tel travaux. Pour alerter sur la situation de notre secteur. Pour dénoncer les contraintes supplémentaires que les pouvoirs publics imposent à nos entreprises. Pour souligner l’état de dégradation de nos infrastructures et la fragilité de nos entreprises. Pour expliquer qu’il faut redonner du souffle aux politiques et à l’investissement public.

Loin de moi l’idée de nier notre réalité budgétaire et la nécessité de rétablir nos comptes. Mais si nous disons oui à la réduction des dépenses publiques, nous disons non au sacrifice de l’investissement public. Parce que nous refusons l’idée qu’on puisse hypothéquer la compétitivité de toute notre économie et laisser à l’abandon des pans entiers de notre territoire.

Nous sommes prêts désormais pour porter nos messages et nos propositions, expliquer, convaincre, encore et toujours, que la France ne retrouvera pas un chemin pérenne, si ses infrastructures restent à la traine et si nous ne donnons pas une chance à nos territoires.

Voilà notre défi. Il nous appartient de le relever tous ensemble. J’ai confiance en votre motivation et en votre détermination. 

 

D’urgence, il faut retrouver une vision et remettre la France en perspective. Pour cela, il est indispensable de redonner de la visibilité à tous les acteurs de la filière. A nos donneurs d’ordre publics d’abord, qui ne savent plus à quelle sauce ils vont être mangés. Et, par voie de conséquence, à nos entreprises qui doivent pouvoir adapter la voilure, leur niveau d’investissement et leurs effectifs à la commande future.

 

Pour porter ces messages, notre Fédération a besoin de toutes les bonnes volontés et de toutes les compétences. Elle a besoin de s’appuyer sur une profession unie et rassemblée. Une profession qui sache dépasser les intérêts particuliers de ses entreprises pour défendre l’intérêt général du Bâtiment et des Travaux-Publics.

Permettez-moi de rajouter qu’il nous faut travailler sur la nécessaire structuration de la filière.

Sont rassemblés aujourd’hui de nombreux acteurs de l’amont et de l’aval de la filière : bureaux d’études, architectes, promoteurs, fournisseurs, agents immobiliers. Plus que jamais, nous avons besoin d’échanger entre nous.

Nous faciliterons au maximum les échanges entre nous pour renforcer notre intelligence collective. A ce titre, les locaux de notre Maison du BTP sont aussi à votre disposition quand vous le souhaitez. Nous vous soutiendrons, je m’y engage.

La cohésion dans la mêlée favorise la poussée.

Pour ce qui me concerne, j’en suis convaincu et j’espère vous avoir convaincu,

Pour le BTP, c’est maintenant ou jamais !

Merci à tous »

Le discours de Didier Yedra, président du secteur Travaux Publics

« Je tiens, avant toute chose, à vous remercier d’être aussi nombreux ce matin.

Votre présence est d’abord la marque d’une reconnaissance pour une profession, une profession qui a grandement besoin d’être considérée aujourd’hui.

Merci aux élus des collectivités locales, anciens et nouvellement élus, et qui auront, dans les années à venir à gérer l’avenir structurel de leur territoire.

Vous dont la parole va compter sur des sujets aussi fondamentaux que la transition énergétique, les nouvelles mobilités, la ville du futur ou l’aménagement de notre territoire.

Face à la situation que nous traversons, nous n’avons d’autre choix que de faire cause commune. Depuis des mois, nous tirons la sonnette d’alarme, tant nous sommes en état d’urgence.

Bien entendu, les évènements de juin 2013 ont permis à certains d’entre nous de reprendre un peu de lisibilité ou de retarder les coupes sombres qui auraient étés inévitables pour beaucoup d’entre nous.

Pour cela, gardons à l’esprit deux éléments forts :

La situation de nos infrastructures se dégrade. Tous les rapports le montrent, tous les indicateurs le prouvent. Le déclassement de notre pays est en marche et le risque est grand que la France des nids de poule, des coupures d’électricité et des fuites d’eau ne remplace, dans les rapports internationaux, la France des grands projets.

Pour les travaux publics, c’est un scenario noir qui se profile à l’horizon

Le manque de visibilité sur le carnet de commande , sur l’avenir de nos métiers ,tend à ce que l’entrepreneur n’entreprenne plus, le même entrepreneur qui, hier, était empli de projets positifs pour notre société, emploi, formation , investissement.

Tout cela est la conséquence d’un désengagement régulier et continu, une baisse des investissements sur fonds de politique budgétaire restrictive qui ne distingue plus la dépense d’avenir de la dépense courante et/ou de la dépense sociale.

 Résultat, notre secteur qui dépend à 70% de la commande publique est confronté à un cas de figure sans précédent où tous les moteurs de l’investissement public semblent caler les uns après les autres.

Il faut maintenant regarder la réalité en face et prendre les sujets à bras le corps. C’est votre manière de faire, c’est aussi la nôtre. Nous n’avons pas l’habitude de nous plaindre, encore moins de nous résigner. Nous savons nous battre et faire front quand les temps sont durs. Je suis donc convaincu qu’il nous faut unir nos forces pour redresser la barre. 

Ce que nous attendons des élus et partenaires est simple. C’est avant tout de la clarté et de la constance dans les choix opérés.

Evidemment, nous ne vivons pas dans une bulle. Nous avons conscience de la situation préoccupante de nos finances publiques. Raison de plus pour demander des engagements réalistes accompagnés de programmes de financement sérieux.

Sur le projet de loi de finance qui doit prochainement être discuté nous demandons :

 • que soient effectivement votées d’une part les 2 centimes de taxe sur le diesel pour permettre à l’AFITF de financer les nouveaux contrats de plan Etat-Régions et les grands projets encore en cours,

• et d’autre part le remboursement anticipé de la TVA aux collectivités locales faisant un effort en matière d’investissement.

Si ces mesures ne sont pas votées dans les prochaines semaines, c’est l’asphyxie de nos entreprises et des destructions d’emplois massives pour 2015 qui sont programmées.

 

Les collectivités locales doivent continuer à disposer des moyens à investir, profiter des concours bancaires qui leur sont aujourd’hui offerts et penser aux générations futures !

Les besoins sont là, ils sont immenses.

Nous savons tous que le moindre euro consacré à l’investissement dans les métiers du BTP a une retombée de plus du quintuple dans l’économie de notre pays

A la vérité, rien ne sera possible, sans un engagement conjoint des pouvoirs publics et de la profession des travaux publics.

L’Etat doit être plus courageux et plus visionnaire.

Plus courageux, en se donnant les moyens de préserver la dépense d’investissement qui s’est transformée, au fil du temps, en variable d’ajustement.

Plus visionnaire, en reconnaissant le rôle que jouent les infrastructures dans la compétitivité d’ensemble de notre économie et l’attractivité de nos territoires. Parce que les TP, ce sont certes les ponts et les routes, mais ce sont aussi les nouvelles mobilités, la ville de demain, les infrastructures intelligentes, les économies de ressources en eau, en énergie et les réseaux numériques.

Dans ce domaine, tout est affaire de volonté politique.

Les entreprises de TP sont prêtes à mobiliser tous leurs collaborateurs, leurs savoir-faire, leur capacité d’innovation et d’adaptation, pour peu qu’on leur fixe un cap.

 En faisant des infrastructures une priorité nationale, nos entreprises pourront alors rester au service de la compétitivité et de l’emploi.

Voilà en quelques mots les interrogations et les attentes d’une profession réunie aujourd’hui. Sur toutes ces questions, nos entrepreneurs, nos salariés, nos jeunes qui vont débuter leur carrière sont impatients de percevoir du positif dans l’avenir ».

Deux tables rondes ont suivi avec la participation de Viviane Artigalas, Présidente de l’ Association départementale des Maires ; Eric Druillet, Crédit Agricole, Philippe Lambert, Direction Régionale Caisse de Dépôts, Michel Pélieu, Président du Conseil Général Gérard Trémège, Maire de Tarbes, Daniel Tulsa, Directeur de l’ADAC, Christian Baffy, Président ESH, 3f immobilier, Jacques Chanut, Président de la FFB, Jean Glavany, Président OPH 65, Député.

Anne-Gaëlle Baudoin-Clerc a conclu cette assemblée générale.