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Le projet de reprise du CFA : une préoccupation de la Chambre de Métiers

samedi 30 novembre 2013 par Rédaction

Nous mettons en ligne ci-dessous le rapport moral et d’activité de Daniel Pugès, le président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat des Hautes-Pyrénées, prononcé à l’occasion de la dernière assemblée générale à laquelle assistaient Henri d’Abzac, préfet des Hautes-Pyrénées, Bernard Noirot, responsable de l’Unité territoriale 65 de la Direccte ; Michel Pélieu, président du Conseil général, Claude Gaits, conseiller régional, Gérard Trémège, maire de Tarbes. De très vives inquiétudes ont été exprimées notamment en ce qui concerne l’avenir du Centre de Formation des Apprentis géré par une Association Loi 1901, l’Association pour la Formation Professionnelle des Hautes-Pyrénées et dont la situation financière est alarmante. L’auto-entreprenariat est un sujet qui préoccupe également les artisans. La crise économique qui frappe le pays n’arrange pas, loin s’en faut, les affaires.

Le rapport moral et d’activité du président Daniel Pugès

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Monsieur le Maire de Tarbes et Président du Grand Tarbes,
Mesdames, Messieurs les Présidents, les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers Collègues, Chers Amis,

Avant de démarrer mon rapport moral et d’activité, j’ai tenu à rendre hommage à un fidèle défenseur des intérêts de l’Artisanat trop tôt disparu, notre ami Gérard BRANAS.

Ainsi est faite la vie, personne ne choisit le moment de son départ pour le grand voyage et pour ceux qui restent, le vide est à la hauteur du désarroi devant cette situation dramatique à laquelle personne n’est jamais préparée.

A Madame BRANAS, à son fils, à sa famille, à ses amis et à ses collaborateurs de toujours ici présents, vous dire que je sais ô combien la douleur est vive et qu’une telle situation est injuste et cruelle.

Gérard manque à nous tous. Sa gentillesse, sa loyauté dans des moments difficiles ont montré toute la profondeur d’un homme assis sur ses idées, ses convictions et sur une ligne de conduite qu’il aura su garder jusqu’au bout.

Taiseux de nature, ses propos étaient entendus car ils étaient rares, mais toujours fédérateurs. Sa sagesse était connue et bon nombre d’entre nous ici présents ont pu en bénéficier.

Moi-même, il y a encore peu de temps, lorsque la tempête grondait au sein même de la CAPEB, il a, par une décision prise en public, fait en sorte que je sois ce que je suis devenu. A cela, au remerciement que je lui avais déclaré, il a tout simplement répondu sur un ton naturel que la justice avait guidé sa réflexion et que la légitimité du moment avait compté dans son soutien.

Je ne l’oublierai jamais.

Comme beaucoup de présents, nous avons connu également son humour, sa classe, sa prestance mais également sa pudeur, son courage quand sa « boîte », son entreprise, a rencontré les premières difficultés.

Je n’ai découvert que très tard, trop tard certainement, ses problèmes. Il s’est battu, il a remué ciel et terre contre vents et tempêtes mais l’injustice, cet état de fait qu’il aura combattu toute sa vie, l’a vaincu et a certainement précipité les choses.

Et cela, Madame BRANAS, vous le savez mieux que quiconque, à trop intérioriser, on finit par exploser.

L’humaniste qu’il était a toujours privilégié la qualité des rapports avec autrui. A constater le désarroi de son équipe le lendemain de sa disparition, nous avons sondé la profondeur de l’affection et du respect du Guide, du Capitaine. Alors, Gérard, de là où tu es, tu as pu constater la combattivité de ton équipage à vouloir coûte que coûte respecter ta volonté, ton choix de reprise. Malheureusement, cela ne dépendait pas d’eux et il en a été autrement.

Mais je crois que l’avenir reste à écrire et il pourrait nous réserver des surprises.

Enfin, je souhaite m’adresser à son épouse, à son fils et à son frère pour leur dire ô combien nous souhaiterions partager leur douleur pour alléger leur souffrance. Mais hélas, que cette absence cruelle qui est un poids insupportable ne peut être atténuée par personne et je le regrette vivement.

Dans ces moments là, il est très certainement nécessaire de croire en quelque chose. Gérard continuera à être présent dans nos pensées et un jour, nous le retrouverons.

En attendant, il vous faut survivre et le temps fera son œuvre. Gérard, tu laisses une trace indélébile dans nos cœurs et dans nos pensées.

Mesdames, Messieurs, Chers Amis, afin de lui rendre hommage, je demande à Mme BRANAS, sa famille, ainsi qu’à ses proches collaborateurs de Gaz Services, de bien vouloir me rejoindre. Et je vous demande à toutes et tous de vous lever et d’observer 2 minutes de silence.

Je vous remercie.

Monsieur le Préfet, j’ai souhaité, en introduction de mes propos, vous faire un bilan de la situation économique de nos entreprises artisanales et commerciales inscrites au Répertoire des Métiers des Hautes-Pyrénées.

Au 1er novembre dernier, nous étions 5 200 entreprises artisanales inscrites. Ce chiffre croît depuis quelques années. Alors, en première analyse, nous pourrions nous satisfaire de cet état de fait si nous ne connaissions rien à l’Artisanat. Car, il s’agit bien, Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs, d’une réalité. La crise économique de 2008 a engendré un monstre tentaculaire, une idée de l’entreprenariat faussement fondée sur une facilité à devenir chef d’entreprise artisanale ou commerciale.

Adieux qualifications, formations, savoir-faire, compétences, garanties, cotisations sociales, solidarité, du moment que les chiffres du chômage baissent.

Bonjour l’Auto-Entreprenariat et en un clic « devenez chef d’entreprise » entendait-on de la bouche même du géniteur, Hervé NOVELLI.

Depuis, plus d’un million d’auto-entrepreneurs se sont constitués dans notre pays, le plus souvent victimes eux aussi d’un discours visant à galvauder la création d’entreprise. Et cela, au détriment de celles existantes car on assiste, Monsieur le Préfet, Chers Collègues, comme vous le savez, à une pandémie mortelle qui décime le rang de nos entreprises dans un contexte de crise économique persistante.

Rien que depuis le début de l’année, 418 entreprises de droit commun ont disparu quand 230 auto-entrepreneurs se sont déclarés et une centaine de Maîtres d’Apprentissage manquent à l’appel. Et c’est bien la transmission des savoirs qui est remise en cause. L’origine même de ces nouveaux indépendants inscrits en micro social simplifié et leurs motivations interrogent. Demandeurs d’emploi majoritairement, chômeurs en fin de droit souvent, la solution de l’auto-entreprenariat apparait, de nos jours, la seule façon pour retrouver un emploi. L’Auto-Entrepreneur devient alors un Auto-employeur qui, par nécessité, par obligation pour survivre, s’installe sans expérience, sans recul nécessaire à la réflexion dans le monde de l’entreprise.

60 % dans le seul secteur du Bâtiment dans le contexte de crise que nous connaissons, 20 % dans les Services, 1 200 Auto-Entrepreneurs dans les Hautes-Pyrénées inscrits au Répertoire des métiers. Alors, même si quelques-uns passeront le cap et deviendront employeurs et Maître d’Apprentissage, la très grande majorité ne le franchira pas.

Le taux de mortalité de ces entreprises est difficile à suivre en partie à cause de la non obligation de se radier et de la radiation d’office au bout de 2 ans si aucun chiffre d’affaire n’est déclaré.

L’Artisanat mute, les chiffres le montrent : moins de sociétés, moins d’entreprises individuelles au réel ou réel simplifié, plus de micro social simplifié (d’auto-entrepreneurs).

La survie même des entreprises restantes est en danger. Le statut d’auto-entrepreneur dans un marché tendu, le changement de mode de consommation du client, la frilosité des banques et le marasme général relayé par les médias nous précipitent à la catastrophe.

Je suis inquiet, Monsieur le Premier Représentant de l’Etat, Monsieur le Représentant du Conseil Régional et Monsieur le Président du Conseil Général des Hautes-Pyrénées. La 1ère Entreprise de France va mal.

Méconnus de nos décideurs, mal défendus certainement par nos pères, nous souffrons terriblement et je ne me risquerai pas à prédire une amélioration rapide de la situation de nos entreprises, même dans notre économie en général.

Madame la Ministre le sait et nous savons qu’elle partage ce constat mais la situation et son influence sont mises à mal. Mais comme j’ai pu lui dire récemment, nous souhaitons lui faire confiance et nous savons qu’elle travaille activement sur le sujet.

En attendant, les collaborateurs de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat et l’ensemble des élus s’activent sur le terrain pour accompagner au plus près nos ressortissants. La proximité que nous clamons depuis le début de cette mandature est réelle et confirme la nécessité de cet état de fait.

Moins de bonne parole mais plus d’actes, c’est ce que demandent les personnes consultées.

Sur le territoire, les élus référents sont en cours de positionnement. Freinés par une actualité dramatique en juin dernier, nous avons été obligés de nous adapter rapidement pour être efficaces immédiatement dans la Vallée des Gaves.

Je tenais officiellement à saluer le dévouement de Jean-Louis SEPET, Alain PERAL, Pierre RODE, figures de proue du système de veille mis en place lors de ces inondations. Dans un contexte rendu difficile par la disparition du système routier, leur rôle a été prépondérant dans le relais de l’information du terrain jusqu’aux plus hautes instances de notre Département, allant même jusqu’au ravitaillement en matériel de certaines entreprises.

La mobilisation de tous a permis à une quarantaine d’entre-elles de bénéficier d’une subvention et j’insiste sur le terme subvention, afin de redémarrer leurs activités.

Et c’est bien cette proximité qui nous a permis de réagir efficacement, comme d’aller au contact direct des artisans de la Communauté de Communes de Vic-Montaner lors de la journée de l’Artisanat du 17 octobre dernier.

Pourtant, cette proximité et surtout les moyens de l’assurer sont en danger. L’APCMA et sa volonté de régenter le réseau des Chambres de Métiers et de l’Artisanat place la proximité sur des plates-formes téléphoniques régionales comme à Toulouse, sur des décisions prises par une APCMA ou une CRMA qui en plus ne reçoivent pas d’artisans et qui n’ont aucun contact avec les ressortissants.

Telle est la volonté de notre instance nationale et, comme j’ai pu le dire à Madame PINEL, ce n’est pas la volonté de tous les Présidents des Chambres de Métiers et de l’Artisanat, du moins de ceux qui ont encore de l’estime pour les territoires ruraux comme le nôtre.

Si cela devait se concrétiser, je dis à celles et ceux qui légifèrent : attention, si vous acceptez cela, vous serez les prochains car la particularité des territoires ne sera plus qu’une vue lointaine, qu’une vue toulousaine pour ce qui nous concerne. Je m’y oppose de toutes mes forces, croyez le.

Oui à la rationalisation et à la solidarité en temps de crise.
Oui à la mutualisation gage d’unité et d’économie mais
Non à la régionalisation destructrice de proximité et de qualité de services
Non à la déconnexion avec les ressortissants de surcroît quand ils n’en n’ont jamais autant eu besoin.

Le Contrat d’Objectif et de Performance du Gouvernement comporte de bonnes choses, des choses qui vont vers l’amélioration de notre efficacité mais elles ne peuvent se fonder sur la disparition de l’échelon départemental, élément indispensable d’une proximité efficace et d’un accompagnement nécessaire, en faveur d’une centralisation purement administrative et technocrate au service d’une ambition de régence de notre réseau.

Cet asservissement sera notre perte car il signera la fin de notre autonomie.

Je m’y suis opposé à Niort en séance lors du séminaire des Présidents organisé par l’APCMA et je m’y opposerai lors de notre prochaine Assemblée Générale des 3 et 4 décembre prochains à Paris. Malheureusement, tous les Présidents ne voient pas la forêt cachée derrière l’arbre. Souhaitons qu’ils s’en aperçoivent à temps.

En attendant, l’activité de notre Organisme Consulaire est riche comme vous pourrez le constater et les finances sont saines.

Le Président de la Commission des Finances, Thierry JUAN, vous le précisera dans quelques instants. Les travaux de la Commission du Développement Economique et Territorial, présidée par Manuel DUARTE, vous seront relatés par Laetitia DESGUERS. Enfin, les travaux de la Commission Formation Professionnelle vous seront rapportés par son Président, Serge CASSAGNARD.

A saluer les travaux de la Commission des Affaires Générales, présidée par Jean-Louis SASAL, qui, si ils ne sont pas condensés dans un rapport, n’en sont pas moins riches en échanges sur des thèmes transversaux traités par les autres Commissions.

A titre d’exemple, les travaux de cette Commission ont permis la mise en place d’élus référents.

En ce qui concerne le projet de reprise du CFA, comme vous le savez, nous sommes et j’associe notre Secrétaire Général, Bertrand GAYRI, Président et Directeur Général de l’A.F.P.H.P. depuis 2011 et cela bénévolement dans un contexte très difficile et chronophage.

Comme nous vous le disons souvent, c’est pour la bonne cause car nous sommes convaincus de l’intérêt de reprendre cet outil de formation au service de l’Artisanat bigourdan.

Car il s’agit bien de transmettre les savoir-faire et les compétences de plus de
35 métiers de l’Artisanat et nous nous en félicitons.

Malgré tout, nous avons découvert une gestion hasardeuse qui, lorsque les effets de la crise se sont fait sentir, ont précipité les difficultés que nous rencontrons.

3 jours de fonds de roulement, aucune trésorerie, aucune capacité d’autofinancement et le recours à des dettes pour seule gestion, voilà le fonctionnement que nous avons découvert avec, pour couronner le tout, un climat social rendu irrespirable par une minorité de salariés au service de leur propre personne.

Ce tableau catastrophique reflète la réalité de gestion d’un formidable outil de formation dont les infrastructures et les résultats sont reconnues par tous.

2013 restera une année noire dans la vie de cette association de formation. Devant les difficultés financières, nous avons dû procéder à un plan de licenciement économique afin d’éviter la cessation de paiement en février dernier. Après avoir réduit les dépenses, voilà que c’est le nombre d’apprentis, et les produits qui en découlent, qui diminuent. L’équation devient difficilement résolvable et la gestion de cette fin d’année le confirme avec 3 lignes de découvert bancaire et une dailly, consentie par la Banque Populaire Occitane, pour faire les salaires d’octobre jusqu’en février prochain.

Le bateau prend l’eau depuis trop d’années. La situation est grave. Souhaitons que les tentatives pour sauver l’A.F.P.H.P. débouchent, et j’en profite pour saluer les efforts de M. le Préfet, des Organisations Professionnelles ainsi que de Pôle Emploi.

Il n’en est pas moins vrai qu’il est grand temps que la Chambre de Métiers et de l’Artisanat des Hautes-Pyrénées récupère en gestion directe, et je précise directe, le CFA de Tarbes.

Mais nous ne le prendrons pas à n’importe quel prix et surtout pas en risquant la vie de notre Compagnie Consulaire qui est gérée sérieusement et professionnellement depuis toujours.

Et j’en profite pour saluer au passage les collaborateurs de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat pour leur travail au quotidien et leur sérieux sans faille.

Je salue également le travail de Bertrand GAYRI, Secrétaire Général, avec qui je travaille en étroite collaboration pour le bien de notre structure.

Malgré les difficultés, je vous demande de bien vouloir voter la décision d’appuyer ce projet de reprise de l’A.F.P.H.P..

J’insiste sur le terme de projet car, dans l’état actuel des choses, cela est impossible et ce, malgré la meilleure volonté du monde car cela mettrait en danger notre structure. Toutefois, il s’agit d’un vote d’intention car la décision finale ne pourra être prise qu’à l’occasion d’une prochaine Assemblée Générale, rassurez-vous. Il ne s’agit que de réaffirmer nos intentions sous condition comme elles ont été précisées à nos partenaires : Chambre de Commerce et d’Industrie, Mairie de Tarbes et surtout le Conseil Régional Midi-Pyrénées. Leurs accords nous confirment l’intérêt de ce projet qu’il restera à finaliser.

Avant de clôturer mon rapport moral et d’activité, je tenais à saluer la présence à cette Assemblée Générale de Mme Danielle COSTE, nouvelle Présidente de l’Amicale des Maîtres-Artisans, qui remplace M. Guy BROUSSET, Président depuis 2004. Merci
Mme COSTE de reprendre cette association qui permet de valoriser le titre de Maître-Artisan.

Je salue aussi la présence de M. Claude CHATELARD, nouveau Président de l’ARAC 65 (Association des Retraités de l’Artisanat et du Commerce) qui succède à M. Charles FROMME, Président depuis de nombreuses années. Merci M. CHATELARD de reprendre cette association qui accompagne et regroupe nos anciens.

A vos prédécesseurs, j’adresse tous mes remerciements pour leur investissement et leur dynamique et, à vous deux, je vous souhaite une totale réussite dans vos fonctions respectives en vous garantissant le soutien de votre Chambre de Métiers et de l’Artisanat dans l’accompagnement du suivi administratif.

Voila maintenant terminé mon rapport moral et d’activité, excusez-moi d’avoir été long et merci pour votre écoute.